Journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes âgées : 1 personne sur 6 en est victime

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A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes âgées qui se tient ce vendredi 15 juin, les acteurs de la filière sociale et de la Silver Economy se mobilisent pour sensibiliser le grand public à ce problème qui touche 1 personne âgée sur 6. Parmi eux, la startup Lili smart, service innovant d’aide aux aidants.

En France, 5 à 6 % des personnes de plus de 60 ans seraient maltraitées voire exploitées. La maltraitance de personnes âgées et handicapées se produirait dans 75% des cas à domicile et dans près de la moitié des cas par l’entourage familial (fils, fille, conjoint). Les professionnels de la santé quant à eux, sont mis en cause dans 32% des cas.

La maltraitance et les troubles cognitifs

Il est courant de retrouver des cas de maltraitance lorsque la personne fragilisée présente des troubles cognitifs (maladies neurodégénératives, lésions cérébrales…) ou du vieillissement (troubles de la mémoire, incontinence…). Comme l’explique le Docteur Marie-Hélène Coste, médecin gériatre à l’Hôpital des Charpennes des Hospices Civils de Lyon, interviewée par Lili Smart : « Il y a différentes classes de maltraitance : la maltraitance physique, morale et psychologique, financière, médicamenteuse, par omission ou par négligence. On distingue aussi la maltraitance active et la maltraitance passive, dans laquelle la personne n’est pas consciente d’être maltraitante. Il y a aussi la violation de droits civiques, des libertés et des droits fondamentaux de toutes personnes.
Il y a des situations à risque identifiées soit du côté de la personne potentiellement victime, soit du côté de la personne aidante. Classiquement les situations à risques du côté du malade sont souvent la dépendance, le handicap, les troubles cognitifs, le manque de jugement, les troubles psychiatriques. La personne devient plus vulnérable parce qu’elle n’a plus le pouvoir de raisonnement et de décision. D’autres facteurs de risques peuvent aussi être des malades qui présentent des réactions de rejet, de colère, le fait d’avoir un seul et même aidant depuis longtemps, l’absence de contrôle sur ses avoirs financiers ou encore d’être isolé.
Du côté des aidants familiaux, les facteurs de risque sont le fait que l’aidant, sur lequel repose tout l’accompagnement, soit déjà fragilisé : dépressif, isolé, difficultés d’instabilité financières et/ou sociales.
Du côté des professionnels c’est la surcharge de travail, les dysfonctionnements des services ou des équipes, la mauvaise gestion… ça rejoint les causes de burn out, c’est la non satisfaction de leur rôle de soignant. »

Lire aussi : 141 millions de personnes âgées concernées par la maltraitance

Le Conseil de l’Europe de 1992 a classifié les différents types de maltraitance :

maltraitance lili smart

©Lili Smart

Des signes qui doivent alerter

Plusieurs signes peuvent vous interpeller, mêmes s’ils n’assurent pas qu’une situation de maltraitance est présente :

Au niveau de la personne maltraitée

  • Elle se plaint de maltraitance ou d’avoir été blessée physiquement ou psychiquement ;
  • Elle apparait méfiante, apeurée, avec des brusques changements d’humeur ou une anxiété soudaine et inexpliquée surtout en présence d’une personne précise ou à son évocation ;
  • Elle reste évasive sur ses conditions de vie et cherche l’approbation de quelqu’un avant de s’exprimer ;
  • Elle est soudainement assez isolée, reclue ;
  • Elle chute de manière répétée, a des ecchymoses, des fractures, souffre de déshydratation, perd du poids ou fait des visites répétées aux urgences sans réellement pouvoir en expliquer les raisons ;
  • Elle a plus recours aux traitements médicamenteux type calmants ;
  • Elle souhaite s’éloigner d’une personne sans raison apparente ou logique ;
  • Elle a désormais une apparence négligée (décoiffée, sale) ;
  • Elle a des difficultés financières inexpliquées ou elle se plaint qu’on lui doit de l’argent ;
  • Elle présente des signes psychologiques de type : symptômes dépressifs (insomnie, perte d’intérêt, pleurs fréquents, faible estime de soi, tristesse…), tentative de suicide ou évocation du suicide, état de détresse, d’impuissance et de découragement élevé.

Au niveau de la personne maltraitante

  • Elle la réprimande, la critique, l’insulte, la menace ou l’isole ;
  • Elle montre un comportement agressif (bris d’objet, colère, agression verbale) ;
  • Elle déprécie la personne dont elle a la charge ;
  • Elle se plaint de son comportement, des inconvénients de l’aide apportée ;
  • Elle est méfiante et soupçonneuse face aux étrangers. Elle contrôle, limite la durée des visites d’autres personnes, devient inquiète quand d’autres personnes viennent ;
  • Elle refuse de la laisser seule en présence d’une autre personne, répond systématiquement à sa place ;
  • Elle dépense plus d’argent ou limite les dépenses de l’aidé.
lili smart
©Lili Smart

Ces signes sont là pour vous aider mais leur présence n’affirme pas que la personne est maltraitée, tout comme leur absence n’indique pas qu’elle ne l’est pas. Surtout, il est important de faire confiance à votre ressenti. Si on se sent mal à l’aise, impuissant face à un comportement ou à une situation vécue, il ne faut pas hésiter à en parler. Vous pouvez également utiliser des solutions, notamment technologiques, pour aider à prévenir ou à détecter des situations ambiguës pouvant être assimilées à de la maltraitance.

Le Docteur Coste explique : « On sait que la sévérité de la démence, la sévérité du trouble du comportement, les problèmes d’incontinence, les problèmes nocturnes, sont autant de situations à risque. Après, il y a ce que l’on peut observer du côté du malade et ce qu’on peut observer du côté de la famille. Par exemple, les malades qui sont extrêmement apathiques, ceux qui sont craintifs, apeurés, qui sont mal à l’aise dans leur relation avec leur proche quand il est présent, qui ont des négligences personnelles, qui présentent une rupture dans leur comportement, des chutes inexpliquées, des hématomes. Le problème c’est qu’il est difficile de faire la part des choses entre les symptômes de la maladie, lorsqu’il y a des troubles cognitifs et la maltraitance.
Un malade qui a déjà des troubles importants (idées délirantes, hallucinations) peut les voir s’amplifier à cause du comportement de son aidant lorsque celui-ci, par souci de bien faire, devient par exemple surprotecteur. Il faut alors se poser la question de la prise de risque entre leur laisser leur liberté et assurer leur sécurité. La balance entre les deux est vite franchie mais parfois avec de bonnes intentions. »

L’épuisement des aidants

Depuis 2 ans, Lili smart développe un service d’assistance et d’accompagnement aux personnes ayant un proche en perte d’autonomie : les aidants. 11 millions en France, les aidants sont aujourd’hui encore peu reconnus et constituent un véritable enjeu de société. Ils font face à de multiples difficultés : stress, fatigue physique et psychique, incompréhension… et oublient bien souvent leur propre bien- être au profit de celui de leur proche. C’est pourquoi Lili smart s’attache à proposer un service d’assistance et d’accompagnement personnalisé dans le but de prévenir l’épuisement des aidants.

Lire aussi : [Plaidoyer] La santé des aidants, un enjeu de santé publique

Pour le docteur Coste, « du côté des aidants, les signes qui doivent alerter sont l’usure au quotidien, la répétition de la même gêne, les questions répétitives, les accusations… Cela parait anodin mais quand on vit cela 24 heures sur 24 ou lorsqu’on se voit accusé de vol, de mensonge, d’être méchant, on peut avoir des gestes inadaptés et envoyer balader le malade… Surtout lorsque l’aidant a de base du mal à contrôler ses impulsions. Puis ils culpabilisent, ils ont conscience de devenir maltraitants parce qu’ils n’arrivent pas à contrôler leur exaspération ou leur épuisement, qu’ils n’arrivent pas à faire la distance entre ce qu’exprime le malade et ce qui est lié à la maladie. Les aidants ne doivent surtout pas rester isolés. Il faut qu’ils sachent identifier des points de ressources à la fois dans leur entourage familial, mais aussi auprès des professionnels. Ils doivent pouvoir partager et parler librement de ce qu’ils vivent, pour déculpabiliser. Il faut qu’ils apprennent à reconnaitre leurs limites et où est-ce qu’elles se situent. Qu’ils soient conscients d’un certain nombre de choses qui pour eux doivent être des signes d’alertes qui leur font dire « là j’ai besoin d’aide » et qu’ils apprennent à reconnaitre qu’un malade d’Alzheimer on ne peut pas s’en occuper seul, c’est surhumain, c’est impossible. »

Ligne écoute maltraitance

Vous êtes victimes, témoins ou avez des doutes sur des faits de maltraitance, appelez le 3977 (du lundi au vendredi de 9h à 19h). Des bénévoles seront à votre écoute, vous conseilleront et vous orienteront vers l’interlocuteur le plus adapté.


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Cet article a été publié par la Rédaction le


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