Joëlle Le Gall, présidente de la Fédération nationale des associations de personnes âgées et de leurs familles nous explique que le peu de moyens en maison de retraite conduit à une forme de maltraitance.
Elle précise qu’elle entend par là une « maltraitance passive » qu’il faut incomber au manque de moyens dont disposent les professionnels et non aux professionnels eux-mêmes.
En effet, Joëlle Le Gall ne dénonce absolument pas une quelconque violence ou maladresse de la part du personnel soignant et des médecins. Le problème qui scandalise la FNAPAEF est le manque d’effectifs dont souffrent les maisons de retraites. On peut compter à peu prés 56 soignants pour 100 résidents alors qu’il serait nécessaire d’avoir un soignant par résident, soit presque le double des effectifs actuels.
C’est de là que découle cette maltraitance passive. Le manque de soignants contraint les équipes à passer beaucoup moins de temps avec les personnes pour pouvoir s’occuper de tout le monde. Ainsi on installe les résidents dans les fauteuils roulants pour les déplacer plus rapidement. On les équipe de protections urinaires car c’est extrêmement long de les accompagner aux toilettes, etc.
De ce fait les personnes qui arrivent en général déjà lourdement handicapées perdent rapidement le peu d’autonomie qu’il leur restait pour devenir en quelques mois incontinentes avec une perte sévère de mobilité.
La présidente de la FNAPEAF revient donc sur la problématique de la ségrégation par l’âge où la solidarité nationale ne joue plus si l’on est atteint d’une maladie invalidante après 60 ans. Pour elle la solidarité nationale doit être la base du cinquième risque afin d’éviter à nos aînés des conditions de vie déplorables.
En plus du problème des soins se trouve le problème financier puisque les résidants doivent payer le personnel administratif, les constructions, les travaux, ce qui les met dans la position du locataire qui aurait à payer en plus toutes les charges d’une copropriété. Ainsi, le coût d’hébergement en maison de retraite (2.200 €) dépasse en général largement la pension retraite de la personne (1.200 €). Il faut bien sur ajouter l’APA (environ 400 €) et un possible recours aux aides sociales qui apportent un plus mais sans parvenir à compenser entièrement cet écart.
Si il peut sembler parfaitement légitime que la solidarité familiale joue un rôle important pour permettre à la personne de bénéficier d’une mise en institution, il est évident que cela ne saurait suffire. Le coût de l’hébergement n’ira pas en diminuant, il est même au contraire appeler à augmenter si l’on veut atteindre le ratio d’un soignant par résident et éliminer la « maltraitance passive ».
On ne peut donc que se réjouir de l’annonce de la mise en place du cinquième risque pour fin 2010 en espérant que les décisions prises répondent aux multiples attentes et à l’urgence de la situation.
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