La rédaction SilverEco.fr est allée à la rencontre de Léon COHEN, le nouveau directeur Relations Résidences de Cap Retraite, 1er service d’aide à la recherche de maison de retraite.
En poste depuis février 2017, il revient sur les activités du service mais également sur le nouvel observatoire Cap Retraite : l’hôpital face au vieillissement de la population française, lancé à l’approche des élections présidentielles 2017.
Rédaction SilverEco.fr : Finalement, Cap Retraite n’est pas seulement un site Internet permettant de trouver une maison de retraite propice à ses souhaits, pouvez-vous nous présenter quelques-unes de vos activités annexes ?
Bien sûr. Notre service est témoin de l’expérience de plus de 100 000 familles chaque année, ce qui nous permet de porter leur voix et de les aider à exprimer leurs attentes. En qualité d’intermédiaire entre les aidants, les personnes âgées, les maisons de retraite et les professionnels du secteur médico-social, il était naturel pour Cap Retraite de faire partie intégrante de la Silver Economie, en allant encore plus loin…
Depuis 2012, Cap Retraite a fait le choix de dépasser son cœur de métier en développant un Observatoire du Grand-âge par le biais d’études statistiques, de sondages auprès des familles en recherche de résidences mais aussi auprès des professionnels de santé, de journées de solidarité et de diffusion de brochures d’information spécialisées.
Diverses actualités liées au grand âge et des conseils sont par ailleurs diffusés aux familles dans une newsletter et un blog particulièrement actif.
Rédaction SilverEco.fr : Pourquoi avoir choisi la thématique de l’hôpital face au vieillissement de la population pour ce nouvel Observatoire ?
Dans plus d’un cas sur cinq, nos conseillers aident les aidants à trouver une maison de retraite pour leur proche âgé, lorsqu’il est devenu impossible de regagner leur domicile après l’hospitalisation.
Nous accompagnons ainsi plus de 20 000 familles chaque année qui, confrontées à l’urgence et au stress du changement de vie que représente le passage de l’hôpital à la maison de retraite, nous expriment leurs difficultés. Dans ce genre de cas, nos conseillers font tout pour trouver une solution rapide et adaptée.
Et nous nous intéressons à l’avenir car les résultats de notre étude montrent que dans moins de 15 ans, il faudra créer au moins 60 000 lits, rien qu’en convalescence (SSR + USLD) pour conserver la qualité de soin actuelle. Par ailleurs, l’hôpital se devra de prendre en charge pas moins de 500 000 personnes âgées en France qui ne pourront plus regagner leur domicile.
En outre, notre étude montre que les personnes âgées ont en grande majorité recours à l’hôpital et font souvent des allers-retours.
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Rédaction SilverEco.fr : Cette sortie de votre Observatoire en période d’élections présidentielles est-elle propice pour faire réagir les candidats et les sensibiliser à ce sujet selon vous ?
Pour la première fois en France, le 2 avril 2017, les 11 candidats à la Présidentielle confrontent leurs idées devant tous les Français lors d’un grand débat télévisé. Le vieillissement et son impact sur l’hôpital sont des enjeux majeurs de société, qui doivent prendre une place centrale dans les débats en cours.
Cap Retraite a envoyé l’étude aux candidats et les a contactés afin de les informer des données clés, comme le fait qu’une hospitalisation sur 3 sera dédiée aux aînés en 2030, qu’une hausse de la fréquentation de +42% est attendue dans les services d’urgence ou encore qu’il faudrait créer l’équivalent de 100 000 postes de fonctionnaires hospitalier pour prendre soin uniquement des aînés !
Si les propositions des candidats divergent (ndlr : certains prônent un plan d’investissement, la baisse des restes à charge, un 5eme risque ou encore une augmentation du temps de travail), le futur Président et son gouvernement devront de toute évidence s’engager en faveur des personnes âgées et de l’hôpital.
Rédaction SilverEco.fr : Comment faire pour justement réduire les inégalités territoriales d’accès aux soins d’ici 2030 ?
Notre étude le prouve : les différentes zones régionales françaises connaissent des situations très inégales.
D’un côté les grands pôles urbains : même s’ils sont mieux équipés pour faire face au vieillissement de la population (plus de médecins, plus de lits d’hôpital et de personnels), connaissent déjà une pénurie de places en maison de retraite, et ce sera une véritable problématique face au nombre de personnes âgées dépendantes attendues.
De l’autre côté, les zones rurales sont les territoires qui auront les efforts les plus importants à fournir pour équilibrer leur situation demandes/services et c’est pourquoi l’état ne peut se désengager.
Pour réduire ces inégalités territoriales d’accès aux soins, nous proposons de :
- lutter contre les déserts médicaux, coordonner les généralistes, les spécialistes de ville et les gériatres,
- améliorer l’accès à la médecine de ville, avoir recours à la télémédecine,
- augmenter significativement les capacités d’accueil,
- former les équipes soignantes en incitant les étudiants et les équipes à se spécialiser sur les besoins des personnes âgées,
- augmenter les capacités d’accueil à la sortie d’hôpital : HAD, EHPAD (tout savoir sur les EHPAD avec Cap Retraite), SSIAD, éviter l’engorgement des hôpitaux par de longs séjours et mettre en place des parcours de soins adaptés,
- et enfin, prévenir et anticiper la dépendance.
Rédaction SilverEco.fr : Vous parlez de lutte contre les déserts médicaux, un aspect sur lequel les candidats à la présidentielle semblent tous s’accorder : comment cela peut-il s’organiser selon vous ?
De nombreuses propositions sont faites sur ce thème, il s’agit de propositions centrales des programmes santé des candidats. Car il faut bien comprendre une chose : le manque de médecins de proximité conduit directement les personnes âgées à recourir aux urgences, ce qui crée des engorgements, des prises en charge peu adaptées. C’est pourquoi les hôpitaux des zones rurales sont en difficulté.
Chez Cap Retraite, nous sommes favorables aux différentes mesures de lutte contre les déserts médicaux, évoquées par les candidats qui, globalement, s’accordent pour renforcer les services de proximité : développement des maisons de santé pluridisciplinaires ou d’urgences, organiser des stages d’internat dans les zones concernées, allègement des charges pour les médecins retraités qui souhaitent continuer leur activité, création d’un corps de médecins généralistes fonctionnaires et régulation des implantations des cabinets de médecine de ville.
Rédaction SilverEco.fr : Vous parlez également de formation des équipes soignantes : comment voyez-vous les choses ?
D’après les résultats de cet Observatoire, il faudrait augmenter le nombre de fonctionnaires hospitaliers de 107 911 (près de +43%) pour atteindre l’équivalent de 362 812 postes dédiés aux hospitalisations de personnes âgées en 2030.
Mais sur le terrain, rares sont les agents spécialisés. Il faudrait donc, à la manière des Unités Mobiles de Gériatrie, qui permettent une prise en charge des personnes âgées dans les différents services, que tous les professionnels possèdent des connaissances spécialisées sur le Grand-âge.
Car d’ici 15 ans tous seront concernés ! Formation continue, e-learning, et surtout un volet important de nouveaux programmes pour les étudiants en santé dédiés aux pathologies et problématiques liées au grand-âge. Ce module devrait être obligatoire.
Cet article a été publié par la Rédaction le