À l’approche de Noël et des fêtes de fin d’année, l’isolement des personnes âgées resurgit comme une urgence sociale. Alors que 750 000 aînés vivent déjà en « mort sociale », les fêtes de fin d’année mettent plus cruellement en lumière les oublis, les absences et le manque de liens. Entre constats alarmants, initiatives citoyennes et mobilisation des acteurs du grand âge, ce dossier revient sur ce qui peut – concrètement – aider les seniors confrontés à la solitude.

- L’isolement des personnes âgées s’aggrave, avec 750 000 seniors en situation de “mort sociale”, un phénomène accentué pendant les fêtes.
- Noël et les fêtes de fin d’année renforcent le sentiment de solitude, en raison de l’absence de proches ou de souvenirs douloureux.
- Des gestes simples et citoyens peuvent aider : visite, invitation, carte, colis ou moment convivial.
- Les associations et bénévoles se mobilisent fortement à Noël pour recréer du lien et rompre l’isolement.
- L’isolement peut aussi exister au sein même des réunions familiales, d’où l’importance d’une meilleure inclusion des aînés.
Isolement des seniors et mort sociale : constat alarmant chez les plus de 60 ans
L’isolement extrême des aînés explose. Dans son baromètre « Solitude et isolement : quand on a plus de 60 ans en France », dévoilé le 30 septembre dernier, Les Petits Frères des Pauvres tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme et dénoncent une augmentation dramatique de la “mort sociale” en France.
La « mort sociale » désigne une forme d’isolement extrême, où des personnes âgées ne voient presque plus personne et vivent sans liens relationnels, qu’il s’agisse de la famille, des amis ou du voisinage. L’expression renvoie à des aînés dont les vies sont réduites au silence, allant parfois jusqu’à la « mort solitaire », lorsque personne ne remarque leur disparition.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 750 000 personnes âgées sont aujourd’hui en situation de mort sociale, un chiffre qui pourrait dépasser le million d’ici 2030 « si rien n’est fait« , martèle l’association. Le nombre d’aînés isolés de leur entourage proche reste au niveau élevé de 2 millions en 2025, exposant tout particulièrement les seniors de plus de 80 ans. L’urgence sociale et politique est de taille, d’autant que les conséquences de cet isolement inquiètent : dépression, déclin cognitif ou encore aggravation des problèmes de santé.
Quand les fêtes de fin d’année amplifient l’isolement des personnes âgées et le sentiment de solitude des seniors
Pour tout un chacun, Noël, et plus largement les fêtes de fin d’année, restent associés aux retrouvailles familiales et au partage. Un imaginaire qui renforce indéniablement le sentiment de mise à l’écart lorsque l’on vit seul. Le contraste entre ce que montrent les médias, la publicité et la réalité quotidienne des aînés isolés pèse alors davantage : ce moment initialement festif renvoie désormais au manque.
Cette période renvoie aussi nombre d’aînés à une réalité souvent triste : un conjoint disparu, des enfants qui s’éloignent… Pour certains, ces souvenirs créent une forme de mélancolie, qui peut s’ajouter aux difficultés matérielles et/ou de mobilité. Sans soutien du voisinage, de la famille ou des structures associatives, les fêtes peuvent alors se vivre comme un moment douloureux.
Que puis-je faire à mon échelle pour lutter contre l’isolement des ainés ?
L’association Les Petits Frères des Pauvres préconise huit actions simples pour contribuer, à son échelle, au bien-être d’aînés isolés pendant les fêtes de fin d’année. En voici la liste :
Organiser un petit jeu du Père-Noël secret (secret santa) dans votre immeuble
Inviter une personne âgée pour le repas du réveillon
Offrir un présent à un aîné isolé
Apporter un colis gourmand
Proposer un moment convivial : jeux, café, promenade
Envoyer une carte de vœux
Aider un aîné à présenter ses vœux en format numérique
Signaler une personne isolée à un acteur local
Depuis 1946, les bénévoles des Petits Frères des Pauvres partagent chaque 24 et 25 décembre la joie de Noël avec les personnes âgées isolées. Cette tradition se poursuit avec une mobilisation toujours plus importante : plus de 5 000 bénévoles mobilisés en 2024 pour accueillir 9 720 personnes âgées isolées lors d’un réveillon, d’un goûter ou pour distribuer 4 400 colis de Noël.
Des cartes de Noël contre l’isolement
Merci Facteur, expert de l’envoi simplifié de courriers et cartes personnalisées par La Poste, s’associait en 2024 à l’association Entourage pour une initiative solidaire en cette période de fêtes : Fat’coeur, « pour apporter chaleur humaine et réconfort à ceux qui en ont besoin« .
Rien de plus simple : il vous suffit de choisir une carte de Noël ou de vœux, de rédiger un message en ligne et la plateforme s’occupe ensuite d’imprimer et d’envoyer le courrier en version papier à l’antenne locale d’Entourage, qui aura pour mission de remettre la carte aux personnes âgées isolées. Grâce à Fat’coeur, 2935 cartes ont déjà été reçues.
Une autre alternative pour favoriser le lien intergénérationnel et lutter contre l’isolement des personnes âgées existe : les lettres d’1 lettre 1 sourire.
Chaque jour de l’année, 1 lettre 1 sourire vous permet d’écrire des lettres bienveillantes à des personnes âgées isolées, qu’elles soient en EHPAD ou à domicile.
Avec plus d’un million de lettres envoyées en 4 ans – écrites majoritairement par des jeunes de 12 à 35 ans – l’association travaille à jumeler chaque maison de retraite avec un établissement scolaire, une université et une entreprise.
Les résidences services seniors, acteurs de premier plan contre l’isolement
Au-delà des actions citoyennes et associatives, les résidences services seniors jouent aujourd’hui un rôle majeur pour maintenir le lien social, en particulier autour de Noël. Repas partagés, réveillons organisés en interne, animations festives, sorties, ateliers créatifs, visites familiales facilitées : ces établissements réaniment l’esprit collectif et festif de Noël.
Certaines structures ouvrent même leurs portes aux non-résidents pour que personne ne reste seul, en proposant par exemple des repas de Noël ou de Nouvel An en accès libre, ainsi que des activités dédiées aux familles. C’est par exemple le cas des Résidentiels, avec« Ensemble pour les fêtes ».
D’autres misent sur l’intergénérationnel, avec des marchés de Noël associant écoles, habitants du quartier ou associations locales, afin de recréer du lien entre générations et territoires. Le marché de Noël de la Résidence DomusVi « Les Jardins de Fanton », situé à Pégomas, célèbre chaque année le lien intergénérationnel à travers son marché de Noël.
Quand l’isolement des seniors peut avoir lieu en famille

L’isolement des personnes âgées est souvent associé à la solitude à domicile ou au manque de visites. Pourtant, il peut aussi se manifester là où on l’attend le moins : au cœur même d’une réunion familiale. Les fêtes de fin d’année, et notamment Noël, en sont une illustration frappante. Réunions nombreuses, rires, conversations qui se croisent… autant d’éléments qui, s’ils sont synonymes de joie pour beaucoup, peuvent devenir source d’isolement pour certains seniors.
Le bruit, premier facteur d’exclusion invisible
À table, le brouhaha monte vite : conversations qui s’entrecroisent, musique en fond, vaisselle qui s’entrechoque, enfants qui jouent. Pour une personne âgée souffrant de troubles de l’audition, fréquents avec l’avancée en âge, suivre les échanges devient un exercice au mieux éprouvant, au pire, impossible. Les mots se perdent, les phrases se confondent. L’effort pour comprendre décourage. Certains seniors se mettent alors en retrait : ils sont présents physiquement mais en marge du moment partagé.
Ce n’est pas seulement une question d’audition. À Noël, l’agitation peut vite devenir éprouvante : lumières trop vives, allées et venues incessantes… Certains seniors se sentent alors dépassés, parfois anxieux, et préfèrent s’éclipser quelques instants dans une pièce plus calme pour reprendre leurs repères.
Un sentiment d’inutilité ou de décalage
Il n’est pas rare qu’autour de la table, les conversations s’orientent vers des sujets qui échappent aux aînés : que vous parliez de la dernière trend TikTok ou de votre nouvel outil numérique de travail, le tout ponctué d’anglicismes en tous genres. Sans exclusion délibérée, un décalage s’installe. Les repères manquent, la conversation file.
Vous avez forcément déjà prononcé cette phrase : « Non maman, t’inquiètes, je vais le faire », lorsque les seniors souhaitent se rendre utiles en débarrassant la table, ou en aidant à aménager le salon pour préparer l’arrivée des cadeaux.
Mais cette réponse, initialement bienveillante, donne parfois l’impression de ne plus trouver sa place ni dans l’échange, ni dans l’action.
Lutter contre l’isolement des personnes âgées en famille : mieux inclure pour mieux partager
Prendre conscience de ces mécanismes est une première étape essentielle au bon déroulement de vos fêtes de fin d’année. Plusieurs solutions existent : adapter l’environnement sonore, parler distinctement, prendre le temps d’inclure les aînés dans les échanges et aborder avec eux des sujets qui leur parlent.
Prévoyez aussi des moments plus calmes et favorisez l’échange. L’objectif est clair : que les seniors ne soient pas seulement présents aux fêtes familiales, mais réellement inclus.
Cet article a été publié par la Rédaction le



