Le PLFSS est le rendez-vous annuel avec le budget de la Sécurité sociale. En 2026, le gouvernement vise un déficit ramené autour de 17,5 Mds€ (contre ~23 Mds€ en 2025) et un retour à l’équilibre en 2029, dans un contexte de fortes tensions sur les branches maladie et vieillesse. Vote le 9 décembre… dans un climat très incertain.
> L’hebdo du Vieillissement du Pr Bertrand Fougère : « PLFSS2026, vieux débat et vraie question de fond »

PLFSS : les points clés pour les aînés
- ONDAM sous tension : la dépense de santé progresserait d’environ 3 %. Hôpitaux, EHPAD, domicile jugent cette hausse insuffisante face à l’inflation et aux revalorisations salariales, avec un risque de nouvelles restrictions d’activité.
- Franchises et reste à charge : doublement des franchises médicales et hausse des participations forfaitaires (hors enfants et publics les plus vulnérables). L’assurance maladie économiserait > 2 Mds€, mais avec un reste à charge en hausse pour de nombreux retraités en ALD.
- Taxe sur les complémentaires santé : une contribution exceptionnelle d’environ 1 Md€ sur les mutuelles devrait être répercutée sur les cotisations, déjà très élevées pour les seniors.
- Dépenses vieillesse contenues : le texte cherche à maîtriser la branche vieillesse et les minima sociaux, au risque de peser davantage sur les retraités modestes.
Ce qui est à craindre
- Un effort porté par les plus fragiles : entre franchises, dépassements et mutuelles plus chères, la crainte est celle d’un renoncement aux soins des plus de 75 ans à revenus modestes.
- Un sous-financement chronique : hôpitaux publics, médico-social et aide à domicile alertent : l’enveloppe ne couvre ni les coûts actuels ni les besoins liés au vieillissement. On « gère la pénurie » plus qu’on ne prépare l’avenir.
- Un psychodrame budgétaire chaque automne : allers-retours, amendements de dernière minute, bras de fer politiques : le débat se focalise sur quelques milliards, pas sur une stratégie de long terme pour la santé et l’autonomie.
Et si on changeait de cadre ? L’idée d’une loi de programmation en santé
- Une trajectoire à 5 ans de l’ONDAM et de la branche autonomie, lisible et stable.
- Des objectifs clairs : prévention, virage domiciliaire, soutien aux aidants, attractivité des métiers.
- Des moyens alignés sur ces priorités, plutôt que renégociés chaque année dans l’urgence.
Le PLFSS resterait l’outil technique annuel, mais inscrit dans un cap stratégique partagé, à la hauteur de la transition démographique.
En résumé, le PLFSS2026 cherche à freiner un déficit devenu inquiétant, mais au prix de mesures qui risquent de peser lourd sur les personnes âgées malades et sur les structures qui les accompagnent.
L’hebdo du Vieillissement est une tribune régulière du Pr Bertrand Fougère

Bertrand FOUGÈRE
Professeur de Gériatrie
Pôle Vieillissement – Université / CHU ToursBertrand Fougère est Professeur de Gériatrie, depuis 2018 spécialiste reconnu dans le domaine du vieillissement et de la prise en charge des personnes âgées. Fort de son expertise, il collabore régulièrement avec les ministères de la Santé et des Solidarités pour développer des politiques de prévention et d’accompagnement innovantes. Son parcours est marqué par une participation à des initiatives structurantes visant à renforcer l’autonomie et la qualité de vie des personnes âgées, ainsi qu’à soutenir les aidants.
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