Au bord de la mer, à la campagne, en pavillon ou en appartement, près des enfants et des commerces… Quelles sont les clés d’une retraite réussie ? Le 3ᵉ baromètre « Où vivre sa retraite », mené par l’Ifop pour Notre Temps en partenariat avec le Service public de l’autonomie, éclaire les aspirations des Français, toutes générations confondues.
- Selon le baromètre Ifop / Notre Temps, 9 Français sur 10 veulent vivre leur retraite en France, surtout proches de leurs enfants.
- Le pavillon avec jardin recule : les plus de 75 ans privilégient l’appartement et s’ouvrent aux colocations seniors ou résidences autonomie.
- Le pouvoir d’achat (68 %) et le climat (57 %) deviennent des critères clés pour choisir son lieu de retraite.
- Les commerces de proximité (69 %) sont jugés plus essentiels que la présence de médecins (67 %) pour bien vieillir.
- Les solutions partagées (habitats collectifs, résidences autonomie) gagnent en popularité pour lutter contre l’isolement.
Une retraite simple, avant tout proche des siens
Neuf Français sur dix veulent passer leur retraite en France, un attachement bien plus fort qu’au Royaume-Uni par exemple. « La retraite est vécue comme une étape de vie à accomplir chez soi, plutôt que comme une rupture ». Dans le détail, 47 % des sondés souhaitent vivre près de leurs enfants, 45 % au bord de la mer, 39 % à la campagne. Voyager vient seulement après. Et si 16 % aimeraient partager une grande maison avec des amis, la priorité reste de rester là où l’on vit déjà (54 %), sauf pour les moins de 35 ans qui rêvent davantage de « partir réaliser un projet ».
Loin de l’image des « boomers nantis », ce que révèle le dernier baromètre, c’est que ce dont rêvent les retraités et futurs retraités, n’est pas de passer leur vie hors de nos frontières, loin de toutes responsabilités. Près de la moitié d’entre eux désirent un lieu proche de leurs enfants. L’idée de les soutenir, de les aider dans leur vie quotidienne et de vivre pleinement leur rôle de grand-parent n’y est certainement pas étrangère
Marie Auffret, directrice des rédactions de Notre Temps.
Pavillon, appartement, habitat partagé : des évolutions
Le rêve du pavillon avec jardin recule : 75 % des sondés le plébiscitent encore (contre 81 % en 2020), surtout les plus jeunes. Mais chez les plus de 75 ans, 21 % préfèrent un appartement, et 4 % s’intéressent désormais aux formules d’habitat partagé. Plus d’un Français sur cinq envisage aussi les résidences autonomie ou services. En revanche, les Ehpad ne sont quasiment jamais cités.
Les coûts liés à une maison individuelle ou à l’entretien d’un jardin sont souvent déterminants. (…) Les nouvelles générations de retraités ont souvent vu leurs enfants ou petits-enfants vivre en colocation, et sont prêtes à examiner ces solutions. Je pense que cette tendance va s’amplifier dans les années à venir.
Serge Guérin, sociologue
Retraite : Des priorités concrètes au quotidien
De nouveaux facteurs entrent en jeu : 68 % des Français prennent en compte le coût de la vie dans leur choix de lieu de retraite, un chiffre qui monte à 88 % chez les moins de 35 ans. Le changement climatique pèse aussi (57 % en moyenne, 76 % chez les jeunes adultes).
Quand on interroge les Français sur les services prioritaires, la première réponse est claire : les commerces de proximité (69 %), garants de lien social, passent avant même la présence de médecins ou d’hôpitaux (67 %). Les services d’aide à domicile, pourtant essentiels face au vieillissement de la population, restent encore peu identifiés (29 %).
Retraite : « La lutte contre l’isolement, grand sujet de demain »
« La priorité des retraités n’est pas seulement de rester chez eux le plus longtemps possible, mais aussi de ne pas vivre seul« , rappelle Maëlig Le Bayon, directeur général de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Résidences autonomie, habitats partagés, colocations entre seniors : «Ces nouvelles manières d’habiter permettent d’être chez soi sans être seul et d’optimiser les trajets des médecins généralistes ou des professionnels de l’aide à domicile, assurant ainsi une présence plus efficace », insiste-t-il.
Si la retraite reste avant tout un moment de continuité dans le parcours de vie (rester chez soi, préserver ses habitudes, se rapprocher de ses proches), les résultats de ce baromètre mettent en lumière des évolutions profondes. Les attentes se déplacent désormais vers des critères économiques et environnementaux, tout en intégrant une vigilance accrue face au risque d’isolement. Entre l’aspiration à la stabilité et l’ouverture à de nouvelles formes d’habitat collectif, les Français esquissent un modèle de retraite à la fois enraciné et tourné vers l’avenir.
La question n’est donc plus seulement « où vieillir « , mais aussi dans quelles conditions, avec quels soutiens et quels liens sociaux. Un défi collectif, qui engage autant les politiques publiques que les solidarités familiales et de voisinage.
Cet article a été publié par la Rédaction le