Le premier baromètre de l’Observatoire Seniors et société, lancé par la mutuelle Intégrance, l’AD-PA et l’association Citoyennage, offre une radiographie inédite du vieillissement en France. Cette vaste enquête menée par l’institut Viavoice montre des retraités globalement heureux, mais révèle aussi une fracture silencieuse entre leur bien-être personnel et leur perception de la société qui les entoure.

- Le baromètre révèle des retraités globalement heureux, mais en fort décalage avec une société perçue comme peu inclusive.
- Trois profils se distinguent — épanouis, fragiles et en alerte — avec un risque d’augmentation des fragilités dans les années à venir.
- Les stéréotypes persistent : peu de seniors se sentent âgés, mais plus de la moitié pensent être perçus comme tels.
- Vieillir inquiète encore un retraité sur deux, et l’accès aux soins est jugé insuffisant, renforçant le besoin de prévention et de services adaptés.
- L’étude alerte aussi pour les générations futures et appelle à une mobilisation collective contre l’âgisme et pour un meilleur accompagnement.

Près de neuf retraités sur dix déclarent être heureux de leur retraite et 77 % affirment avoir bon moral. Pourtant, une large majorité se sent en décalage avec l’évolution du pays. Si 92 % des personnes interrogées se jugent bien intégrées, elles sont 73 % à estimer ne pas être en phase avec la manière dont la société évolue. Un paradoxe qui traverse toute l’étude.
Trois profils de retraités, trois réalités sociales
L’Observatoire distingue trois grands groupes. Les retraités “pleinement épanouis”, souvent en couple et issus de catégories sociales favorisées, affichent un haut niveau de satisfaction et une forte intégration sociale. À l’opposé, les retraités en “situation d’alerte”, plus souvent des femmes seules et issues de milieux modestes, cumulent isolement et faible bien-être. Entre les deux, une majorité se trouve en “fragilité”, un état précaire d’intégration et de satisfaction.
Si cette répartition reste stable, l’Observatoire avertit d’un risque d’évolution défavorable. Les difficultés rencontrées aujourd’hui par les actifs, les tensions sur le pouvoir d’achat et les incertitudes autour des retraites pourraient accroître dans les années à venir la proportion de seniors en fragilité.

Seniors : Le poids des stéréotypes et l’âgisme encore très présents
L’étude met en lumière une discordance nette entre ressenti personnel et regard social. Seuls 32% des retraités se sentent eux-même âgés, mais 53% ont le sentiment d’être considérés comme tels par la société. L’âge apparaît ainsi comme une assignation extérieure plus que comme une réalité vécue.
Cette perception nourrit un décalage profond : les seniors ne rejettent pas la société, mais s’en distancient face à des transformations qu’ils jugent rapides et peu inclusives. L’Observatoire préconise une campagne nationale de sensibilisation contre l’âgisme, la formation des professionnels à l’accompagnement psychosocial et le développement de l’habitat intergénérationnel pour retisser le lien entre générations.
Vieillir inquiète encore presque un retraité sur deux
Le futur suscite de fortes craintes. Quatre retraités sur cinq se disent pessimistes sur l’aide apportée aux personnes âgées, et près d’un sur deux reconnaît que vieillir lui fait peur. L’Observatoire souligne la nécessité d’une véritable culture de prévention du vieillissement : infrastructures accessibles, services de proximité, formation renforcée des aidants et des professionnels, meilleure information des futurs retraités et valorisation de l’engagement citoyen des seniors.

Un accès aux soins jugé insuffisant
Autre signal préoccupant : 46 % des répondants estiment que les professionnels de santé ne sont pas suffisamment disponibles, un constat partagé en ville comme en milieu rural. Pour y répondre, l’Observatoire encourage le développement des services de santé mobiles, de la télémédecine et des innovations numériques au service du maintien à domicile. La mutuelle Intégrance plaide notamment pour un appel à projets national sur les usages de l’intelligence artificielle dans l’accompagnement des personnes vulnérables.
Une alerte pour les seniors d’aujourd’hui et ceux de demain
Au-delà du constat, ce premier baromètre se veut un outil d’anticipation. Les inquiétudes exprimées par les actifs de 35 à 49 ans, dont 62 % pensent que leurs enfants vivront moins bien qu’eux, laissent présager une montée des fragilités à l’horizon 2040–2050 si rien n’est fait. Un tiers des non-retraités envisage déjà sa propre retraite avec pessimisme.
L’Observatoire appelle donc à une mobilisation collective : lutter contre les stéréotypes, diversifier les modes d’accompagnement, compenser les fragilités et reconnaître la pluralité des réalités du grand âge. Un nouveau baromètre sera publié dans deux ans, afin de mesurer les évolutions et éclairer les politiques publiques sur les transformations à venir.
Consulter le Baromètre de l’Observatoire Seniors et sociétés
Cet article a été publié par la Rédaction le



