Un an après la signature d’une convention entre l’Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle des personnes placées sous main de justice (Atigip) et la fondation Partage et Vie, le bilan du dispositif est jugé très positif. Dans les EHPAD partenaires, le travail d’intérêt général (TIG) s’impose comme un levier de réinsertion professionnelle et de solidarité intergénérationnelle.
- Un an après son lancement, le partenariat entre l’Atigip et la Fondation Partage et Vie démontre que le travail d’intérêt général (TIG) en EHPAD favorise la réinsertion sociale et le lien intergénérationnel.
- 24 établissements ont déjà accueilli des tigistes pour des missions variées : entretien, maintenance, logistique, animation.
- Les résultats sont positifs : les participants retrouvent confiance et repères, les établissements gagnent en dynamisme et en solidarité.
- Le dispositif change les regards sur la justice et le grand âge, créant une rencontre inédite entre deux mondes éloignés.
- Avec 25 EHPAD engagés en 2025, cette initiative inédite et duplicable illustre une nouvelle forme d’inclusion et de citoyenneté active.
Un partenariat inédit au service du lien social
En 2024, le ministère de la Justice, via l’Atigip, et la Fondation Partage et Vie ont conclu une convention pluriannuelle d’objectifs afin de développer le travail d’intérêt général dans les EHPAD du réseau. Objectif : offrir aux personnes placées sous main de justice (PPSMJ) une expérience utile à la collectivité, tout en répondant aux besoins des structures médico-sociales confrontées à des tensions de recrutement.
Le travail d’intérêt général, une peine alternative à l’incarcération, permet aux personnes condamnées d’effectuer un travail non rémunéré au bénéfice de la collectivité, favorisant leur insertion professionnelle et limitant le risque de récidive. Associations, collectivités et structures d’économies sociales et solidaires peuvent ainsi devenir des lieux d’accueil et de réinsertion.
Travail d’intérêt général en EHPAD : Une première année encourageante
Douze mois après sa mise en place, la convention porte déjà ses fruits. Vingt-quatre établissements de la Fondation Partage et Vie ont accueilli des tigistes, représentant une quarantaine de postes. Les missions confiées sont diverses : entretien des locaux et des espaces verts, logistique, petits travaux de maintenance ou participation à l’animation auprès des résidents.
Le projet est ancré maintenant, et c’est un modèle duplicable. Nous avons démontré notre capacité à monter un partenariat au-delà de nos métiers classiques, à réfléchir sur un sujet plus large, sociétal : l’insertion de personnes sous main de justice. Pour moi, c’est cela l’EHPAD de demain : apporter des solutions sur les fragilités.
Philippe Mussard, directeur de l’EHPAD Le Village (Yonne) et pionnier du dispositif
Les effets positifs se font sentir autant pour les établissements que pour les participants. Les tigistes y trouvent un cadre structurant et bienveillant, propice à la valorisation de leurs compétences et la redécouverte du monde du travail.
Des témoignages qui illustrent la réussite du dispositif
Sur le terrain, les professionnels saluent une initiative humaine et citoyenne :
Ce partenariat favorise la réinsertion des personnes en leur offrant un cadre valorisant et structurant. Le contact avec les personnes âgées, le savoir professionnel des équipes, sont propices à développer de la bienveillance envers les personnes vulnérables.
Valérie Pouchat, responsable territoriale du TIG en Gironde
Nous avons rencontré une personne qui était très éloignée de l’emploi, d’une grande gentillesse. Notre échange a fait sauter un verrou de part et d’autre. EHPAD et prison sont deux mondes qui ne sont pas supposés se rencontrer. Mais nous pouvons trouver un terrain commun. Dans ce projet, nous sommes partenaires. C’est la 1ère fois que l’établissement reçoit un TIG.
David Brittmann, directeur de l’EHPAD L’Œillet des Pins (Charente-Maritime)
Je m’attache à les considérer comme des stagiaires pour favoriser leur intégration. J’ai les mêmes attentes qu’avec les professionnels du secteur (ponctualité, rigueur…) et je leur offre la même attention pour les aider à accomplir leur mission.
Florence Bernard, directrice de l’EHPAD Gabrielle d’Estrées de Charenton
Travail d’intérêt général en EHPAD : Changer de regard et recréer du lien
Le succès du projet repose aussi sur l’implication des équipes. David Papin, agent de maintenance et tuteur à l’EHPAD Le Bois du Loret (Gironde), témoigne :
Quand ma directrice m’a proposé d’accueillir une personne en TIG, j’ai accepté sans hésiter : toutes les bonnes volontés sont les bienvenues ! Mon métier d’agent de maintenance est assez solitaire, donc avoir un collègue temporaire permet de partager, d’apprendre et de transmettre. Le poste touche à de nombreux domaines, et il y a toujours un échange de savoirs, quel que soit le profil.
Côté tigistes, les retours sont tout aussi positifs. S.N., affectée à l’EHPAD le Soultzerland dans le Bas-Rhin, raconte :
Tous les matins, je me sentais fière de partir travailler à la résidence. J’ai noué des relations fortes avec certaines personnes, comme avec cette ancienne juge qui réside aujourd’hui dans l’EHPAD. Ils m’ont apporté autant que je leur ai apporté. Il n’a pas été simple de leur dire au revoir à la fin de ma mission.
A.P., passé par l’EHPAD L’Archipel à Duclair en Seine-Maritime, ajoute :
Cette expérience m’a aidé à remonter la pente. Aujourd’hui, l’établissement fait régulièrement appel à moi pour des missions ponctuelles de renfort. Je suis toujours très content quand ils me contactent ! En ce moment par exemple, je remplace Gilles durant ses vacances. J’ai fait mes preuves et ce sont eux qui me font confiance à présent.
Même les résidents saluent l’initiative. Jeanine, pensionnaire de l’EHPAD Le Village dans l’Yonne, confie :
Nous avons tous été favorables à tenter cette expérience. Il y a une ambiance très familiale ici. Nous sommes heureux d’accueillir de nouvelles personnes quel que soit leur parcours. Il est important de garder l’esprit ouvert. Tout le monde a droit à une deuxième chance. Et puis il y a toujours des choses à faire dans une maison de retraite !
Réinsertion en EHPAD : Un projet profondément humain
En un an, le dispositif a démontré sa capacité à faire évoluer les mentalités et à tisser des liens entre deux univers souvent éloignés. En permettant à des personnes sous main de justice de contribuer à la vie en EHPAD, la Fondation Partage et Vie et l’Atigip donnent une dimension concrète aux valeurs de solidarité, de responsabilité et de réinsertion.
Avec désormais 25 établissements engagés dans toute la France, l’expérience s’inscrit durablement dans le paysage du travail d’intérêt général. Un exemple inspirant de collaboration entre le monde médico-social et la justice, au service d’une société plus inclusive.
Cet article a été publié par la Rédaction le