Un objet du quotidien, repensé avec intelligence et empathie, vient de recevoir une reconnaissance internationale. Derrière ses touches vibrantes, un enjeu majeur : restaurer l’autonomie numérique de milliers de personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

- OnCue est un clavier innovant conçu pour aider les personnes atteintes de la maladie de Parkinson à retrouver une autonomie numérique au quotidien.
- Il combine une ergonomie adaptée (disposition ortholinéaire, clavier scindé) avec des signaux haptiques et visuels pour stabiliser la frappe.
- Des vibrations progressives et un éclairage intelligent accompagnent le geste et limitent les erreurs liées aux tremblements et à la lenteur motrice.
- Le projet, développé par la designer Alessandra Galli, a été récompensé par le James Dyson Award 2025 pour son fort impact sociétal.
- Au-delà de la technologie, OnCue vise à restaurer la dignité, l’expression et l’inclusion numérique des personnes vivant avec Parkinson.

Parkinson : Quand écrire devient un défi quotidien
En France, plus de 272 500 personnes vivent avec la maladie de Parkinson, et près de 25 000 nouveaux diagnostics sont posés chaque année, selon les données rappelées par le ministère de la Santé. Cette pathologie neurodégénérative entraîne des tremblements, une lenteur des mouvements et une altération progressive de la motricité fine, comme le décrivent les chercheurs de l’Inserm. Des symptômes qui, au-delà des enjeux médicaux, compliquent fortement des gestes devenus essentiels : écrire un message, envoyer un mail, travailler sur un ordinateur.
C’est précisément à cette difficulté quotidienne qu’à voulu répondre OnCue, un clavier innovant imaginé par la designer italienne Alessandra Galli. Son projet, développé initialement dans le cadre de son master à l’TU Delft, a récemment été distingué lors du James Dyson Award 2025, dans la catégorie des innovations à fort impact sociétal.

Un clavier conçu pour les réalités du corps
À première vue, OnCue se distingue déjà des claviers classiques. Sa disposition ortholinéaire (les touches alignées en colonnes et en rangées régulières) favorise une posture plus naturelle des doigts et limite les mouvements latéraux inutiles. Le clavier est également scindé en deux modules indépendants, permettant à chaque main de se positionner sans contrainte, réduisant ainsi la fatigue des poignets et des avant-bras.
Mais l’innovation ne s’arrête pas à l’ergonomie. OnCue intègre des signaux haptiques et visuels conçus pour accompagner le geste. À chaque pression de touche, de légères vibrations se déclenchent dans le clavier et dans les bracelets portés aux poignets. Leur rôle : aider l’utilisateur à maintenir un rythme de frappe stable. Si une touche est maintenue trop longtemps (un phénomène fréquent chez les personnes atteintes de Parkinson), l’intensité de la vibration augmente, invitant doucement à relâcher le geste.
Parkinson : Quand la technologie soutient le mouvement
Le dispositif s’appuie également sur un système d’éclairage intelligent. Grâce à une assistance logicielle prédictive, certaines touches s’illuminent pour suggérer la lettre suivante, réduisant les hésitations et donc les erreurs. L’ensemble est entièrement personnalisable, afin de s’adapter à l’évolution des symptômes, parfois très variables au cours d’une même journée.
Cette approche s’inspire directement de techniques utilisées en thérapie motrice, où des repères sensoriels externes (tactiles ou visuels), peuvent améliorer la précision des gestes. Des études montrent d’ailleurs qu’un simple repère tactile peut réduire significativement les erreurs de motricité fine chez les patients.
OnCue : Une reconnaissance au-delà du design
Si OnCue a retenu l’attention du jury du James Dyson Award, c’est autant pour sa sophistication technique que pour sa philosophie. Contrairement à de nombreux dispositifs d’assistance, souvent perçus comme stigmatisants ou purement médicaux, ce clavier revendique un design soigné, pensé pour s’intégrer autant dans un environnement professionnel que domestique.
Développé en collaboration avec des associations de patients, dont ParkinsonNL, le projet a fait l’objet de tests auprès de personnes directement concernées. Leurs retours ont confirmé un point essentiel : au-delà de la réduction des erreurs de frappe, c’est le sentiment de contrôle et de dignité retrouvée qui marque le plus les utilisateurs.
Parkinson : Retrouver une place dans le monde numérique
À l’heure où la vie sociale, administrative et professionnelle passe largement par les outils numériques, la perte d’autonomie face à un clavier peut devenir un facteur d’isolement. En ce sens, OnCue ne se limite pas à une prouesse technologique : il agit comme un pont entre les personnes atteintes de Parkinson et un monde de plus en plus dématérialisé.
Alessandra Galli affiche désormais une ambition claire : rendre ce dispositif accessible au plus grand nombre et explorer son adaptation à d’autres maladies neurodégénératives. Une démarche qui rappelle que parfois, ce ne sont pas les traitements spectaculaires qui transforment le quotidien, mais les objets simples, repensés avec attention.
Avec OnCue, la technologie ne prétend pas effacer la maladie. Elle accompagne le geste, respecte son rythme et redonne à ceux dont les mains tremblent une liberté essentielle : celle de pouvoir écrire et donc s’exprimer librement.
Cet article a été publié par la Rédaction le



