Téléassistance en danger : la fin de la 2G/3G pourrait couper l’appel au secours

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Imaginez que demain, bloqué dans un ascenseur, le bouton d’appel d’urgence ne fonctionne plus. Ou pire, que des millions d’appareils connectés cessent de fonctionner. Cela peut paraître fou, mais c’est pourtant ce qui nous attend pour l’année 2026 en France, avec la fin des réseaux 2G et 3G. Une évolution technique aux profits de nouveaux réseaux plus performants, certes, mais qui pourrait avoir des conséquences dramatiques sur les plus fragiles. En première ligne : les personnes âgées dépendantes qui utilisent la téléassistance.

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  • En 2026, l’arrêt de la 2G/3G menace 200 000 dispositifs de téléassistance, soit 750 000 seniors équipés.
  • Ces appareils, vitaux pour prévenir 50 000 décès chaque année, pourraient devenir inopérants.
  • Le remplacement par la 4G est coûteux (50 à 100 € par intervention + nouvel équipement), lourd pour les petites structures.
  • Le délai de 4 ans en France (contre 7 ailleurs) risque de provoquer un “goulot d’étranglement” pour techniciens et ascenseurs encore en 2G.
  • Beaucoup de personnes âgées ne sont pas informées, posant un enjeu majeur de santé publique et de dignité.

Des milliers de dispositifs de téléassistance menacés

Environ 200 000 dispositifs de téléassistance, ces boîtiers ou bracelets qui permettent aux seniors d’appeler à l’aide en cas de chute ou de malaise, fonctionnent encore sur la 2G ou la 3G (selon des propos de l’Afrata recueillis par TF1). En tout, cela concerne 750 000 personnes équipées en France. À partir de septembre 2026, leur bouton d’alerte pourrait rester muet. Ces personnes, ce sont le plus souvent des personnes âgées, seules et/ou en perte d’autonomie.

Chaque année, près de 50 000 décès seraient évités grâce à ces dispositifs, selon les fédérations du secteur. Le risque de rupture du service inquiète donc au plus haut point les professionnels, et les usagers eux-mêmes.

Une transition coûteuse et chronophage 

En théorie, la solution est plutôt simple : remplacer chaque boîtier par un modèle compatible 4G ou basculer l’appareil concerné sur une connexion fixe. Mais dans la pratique, le défi est gargantuesque. Chaque remplacement implique le déplacement d’un technicien à domicile, un coût supplémentaire estimé entre 50 et 100 euros par intervention, auquel s’ajoute le prix du nouvel équipement

Pour les structures locales de téléassistance, souvent de petites associations, l’addition est salée. La société Autonomis, par exemple, chiffre la mise à jour de ses 10 500 abonnés à près d’un million d’euros, soit un tiers de son chiffre d’affaires annuel.

Une course contre la montre

Les professionnels de la téléassistance dénoncent des délais trop courts. Bien qu’annoncée en 2022, cette transition s’est révélée plus longue que prévu. En effet, à cette époque, les fonctionnements alternatifs à la 4G n’existaient pas ou peu, il a donc fallu les inventer, a déploré Brice Brandenburg, responsable des affaires publiques de l’Alliance des industriels de l’électrique et du numérique dans le bâtiment (Ignes). De plus, la France n’a eu que quatre ans pour se mettre à la page, contre sept en Allemagne ou au Danemark par exemple. Le risque dans tout ça ? Un “goulot d’étranglement” en 2026, quand tous les techniciens seront sollicités en même temps.

Dans un entretien accordé à Batiweb en août 2025, Alain Meslier, président de la Fédération des ascenseurs, s’inquiétait ainsi d’un “effet bulle” : “Cet effet bulle en quelques mois va être très compliquée à absorber et à gérer.” La fédération estime que près de 230 000 ascenseurs sont encore équipés de systèmes connectés en 2G, et devront eux aussi être adaptés avant la coupure du réseau. Plus largement, c’est toute une ère qui s’achève : téléphones, ascenseurs, caméras de surveillance, dispositifs de téléassistance… autant d’équipements à adapter en même temps, ce qui amplifie considérablement le défi.

Des seniors encore trop peu informés

Autre source d’inquiétude : de nombreuses personnes âgées ignorent encore que leur dispositif deviendra bientôt obsolète. Souvent seules, isolées et peu familières avec le numérique, elles n’ont tout simplement aucun moyen d’accéder à cette information. Le secteur redoute donc un scénario où, faute d’anticipation, des milliers de personnes âgées se retrouveraient sans dispositif opérationnel.

Derrière ce basculement technologique se cache surtout un enjeu humain : garantir que les plus vulnérables ne perdent pas, du jour au lendemain, leur lien vital avec les secours.

Maintien de la téléassistance : une responsabilité collective

Pour les associations, les collectivités locales ou encore les opérateurs télécoms, la question dépasse la seule dimension technique. C’est désormais un enjeu de santé publique et de dignité : garantir que le progrès numérique ne laisse pas de côté ceux qui en ont le plus besoin.

Pour l’heure, l’État, malgré la sollicitation des associations et professionnels du secteur, reste en retrait. Il estime qu’il en va de la responsabilité des opérateurs, quand eux appellent à un soutien financier et surtout au report de l’extinction, craignant une rupture dramatique dans l’accès aux secours. 


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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