Comme tous les pays industrialisés, la France connaît un net vieillissement de sa population, accompagné d’une hausse des situations de handicap. Conséquence : des besoins accrus et différenciés en termes d’aide à domicile. Répondre à ce défi sociétal implique une approche globale et collaborative.

Ajuster l’aide à domicile à l’évolution des besoins : une nécessité absolue
Selon l’Insee, la proportion de personnes âgées de plus de 60 ans pourrait atteindre 34 % à l’horizon 2070, contre 25 % à l’heure actuelle. Cette augmentation de l’espérance de vie s’accompagne mécaniquement d’un nombre croissant de personnes porteuses d’un handicap, qu’il soit de naissance, dû à une maladie ou à un accident. L’aide à la personne handicapée à domicile constitue donc un véritable challenge pour les années à venir.
Répondre aux nouveaux enjeux du vieillissement
Le rapport de la Cour des comptes publié en 2023 pointe un manque d’anticipation criant quant à la prise en charge des personnes handicapées vieillissantes. Ce document précise notamment que le « nombre de bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) de plus de 50 ans a augmenté de 55 % entre 2011 et 2019 ».
En parallèle, le secteur des soins à la personne – ou SAP – souffre d’une triple difficulté :
- une pénurie de personnel formé et qualifié ;
- des budgets insuffisants ;
- une absence de coordination pour personnaliser les parcours.
Faire face aux défis de l’aide à la personne
L’un des points critiques soulevés par le rapport de la Cour des comptes concerne la part de personnes âgées en situation de handicap qui vivent chez elles sans aucune aide, qui atteint 90 %. La cause serait à chercher du côté d’une évaluation insuffisante des besoins, faute de budget et de personnel. Il en résulte aussi un engorgement des EHPAD et des structures spécialisées, qui entraîne une détérioration de la qualité des soins.
Répondre aux besoins des personnes âgées en situation de handicap implique trois actions :
- une évaluation précoce et régulière du niveau de dépendance, par exemple en se basant sur la grille AGGIR (autonomie gérontologique groupes iso-ressources) ;
- la personnalisation des services à l’aide de plans d’aide individualisés qui intègrent adaptation du logement, soins médicaux, aide à la mobilité, assistance aux soins d’hygiène et aux tâches ménagères…
- une coordination accrue entre tous les acteurs des SAP via les MAIA (méthodes d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie).

Les besoins de prise en charge des personnes âgées dépendantes
Ce double particularisme exige une approche pluridisciplinaire pour proposer un accompagnement médico-social adapté. Si les EHPAD disposent – pour certains – des moyens humains et techniques de prise en charge, l’aide à domicile présente d’autres enjeux.
Adapter le logement pour soutenir l’autonomie
Un environnement sécurisé conditionne le maintien à domicile des personnes en situation de handicap. À ce titre, une évaluation par un ergothérapeute, par exemple, s’avère intéressante pour déterminer les besoins de la personne.
Les adaptations possibles du logement sont variées :
- rampe d’accès à l’entrée du domicile ;
- barres de sécurité dans les sanitaires ;
- douche PMR ;
- fauteuil motorisé pour escalier ;
- remplacement de la gazinière par des plaques à induction ;
- Montauban…
Personnaliser l’aide humaine et technique
Une évaluation précise des besoins, au domicile de la personne et éventuellement en présence d’un proche, permet de proposer un accompagnement sur mesure. Ce diagnostic identifie les adaptations techniques en fonction des caractéristiques du logement. Il comporte aussi un échange avec la personne afin de cerner ses attentes, ses peurs éventuelles, etc.
À partir de cette évaluation, les acteurs de l’aide à domicile se mobilisent – souvent à l’initiative de la famille, parfois accompagnée par la MDPH – pour apporter une réponse personnalisée et sécuriser le quotidien du senior handicapée.
Pistes d’amélioration pour un maintien à domicile adapté
Quelle que soit la bonne volonté des proches aidants et des professionnels des SAP, toutes les personnes qui entourent la personne âgée se heurtent aux mêmes écueils. Ces difficultés, évoquées plus haut, représentent les nouveaux enjeux du handicap et du vieillissement.
Connaître les aides financières disponibles
Adapter un logement et recruter des aides à domicile a un coût, souvent lourd à porter pour les seniors et leur famille. D’où l’importance de connaître les solutions de financement possibles.
Les aides pour le maintien à domicile sont soumises à conditions de revenus et dépendent habituellement du groupe GIR de la personne, qui détermine son niveau d’autonomie. Parmi les différents dispositifs figurent :
- l’APA, ou allocation personnalisée d’autonomie, destinée aux personnes âgées en perte d’autonomie qui ont besoin d’une aide à domicile ;
- le dispositif MaPrimeAdapt’, qui remplace les aides de l’Anah et est accessible aux personnes en situation de handicap et/ou âgées de plus de 60 ans, sous conditions de ressources ;
- la PCH, ou prestation de compensation du handicap, qui couvre les besoins humains et techniques liés au handicap jusqu’à 60 ans.
Mieux former les personnels du secteur des SAP
Voilà sans doute le plus grand défi de l’aide à domicile : trouver des personnes qualifiées, formées et disponibles. La saturation des équipes est flagrante en France, aussi bien en ville qu’en zone rurale.
Une prise en charge optimale des seniors handicapés implique par ailleurs la formation des professionnels aux spécificités du vieillissement et du handicap. Cette condition est essentielle pour garantir la qualité des soins et prévenir la maltraitance.
Au-delà de ces aspects, adapter l’aide à domicile à l’évolution des besoins passe par une sensibilisation de la société. Lutter contre les préjugés, promouvoir l’inclusion des personnes âgées et handicapées conditionne une prise en charge de qualité. Les innovations technologiques, notamment en matière de domotique et de connectivité, ont aussi un rôle à jouer dans l’amélioration de la vie quotidienne des seniors vulnérables.
Cet article a été publié par la Rédaction le