Et si vos souvenirs pouvaient être transmis à vos proches avec vos mots, votre voix, votre personnalité, même après votre disparition ? C’est le pari audacieux de HER, une start-up française qui développe une technologie de clonage vocal et mémoriel. Son dispositif HER-Memories promet de créer un double numérique de vous-même, fidèle, interactif et éternel. Une avancée technologique aussi fascinante qu’inquiétante, qui interroge notre rapport à la mémoire, à la mort, et à l’identité.

- HER crée un clone vocal post-mortem : la start-up française propose un double numérique vocal pour transmettre souvenirs et émotions après la mort.
- Deux offres HER-Memories pour préserver la mémoire : un forfait interactif et un forfait basique consultatif.
- HER-After redonne une voix aux défunts : à partir d’archives numériques, la voix d’un proche disparu peut être recréée pour interagir.
- Une innovation IA entre mémoire et éthique : la technologie soulève des questions sur le deuil, l’identité et la simulation de présence.
- Un legs vocal éternel… ou une illusion d’éternité ? HER interroge notre rapport à la mort à l’ère des intelligences artificielles.

HER : Une mémoire numérique, intime… et simulée
HER-Memories ne se contente pas d’enregistrer votre voix : le boîtier capte vos récits, vos émotions, votre ton, et les transforme en un avatar vocal capable de vous imiter. Grâce à l’intelligence artificielle, ce double numérique apprend à interagir de manière fluide, personnalisée, et presque troublante de réalisme.
Une promesse de transmission émotionnelle inédite… mais qui s’apparente aussi à une reproduction simulée de votre présence, flirtant avec les limites du réel.

Deux forfaits pour deux visions du souvenir
- Forfait Avancé : Pour une mémoire incarnée
Vous enregistrez vos souvenirs dans un dialogue quotidien avec le boîtier. Vos proches, ensuite, peuvent interagir avec une version numérique de vous-même, votre voix, vos intonations, vos réponses simulées.
- Forfait Basic : Pour un partage essentiel
Un enregistrement plus classique, sans interaction, où vos proches peuvent consulter vos souvenirs via une plateforme.
À première vue, ces services paraissent respectueux et bienveillants. Mais que se passe-t-il lorsque l’on commence à « dialoguer » avec un être cher disparu, dont les réponses ne sont que des projections algorithmiques ? HER ouvre la voie à une nouvelle forme de présence post-mortem… qui peut émouvoir, rassurer, ou déranger.

HER-After : redonner une voix aux morts
La fonction AFTER est sans doute la plus troublante. À partir d’archives numériques, messages vocaux, vidéos, écrits, HER reconstitue la voix d’une personne décédée et lui donne la capacité d’interagir, comme si elle était encore là. Le résultat est un double vocal émouvant, capable d’évoquer des souvenirs et de répondre à certaines questions.
HER présente cette fonctionnalité comme un hommage, un moyen de « faire son deuil autrement« . Mais ne risque-t-elle pas de brouiller les étapes naturelles de la perte et de maintenir une illusion de présence qui, au lieu d’apaiser, pourrait prolonger le chagrin ?
Une innovation à la croisée de l’éthique et du deuil
Si HER propose une nouvelle manière de préserver la mémoire et de créer un héritage émotionnel, la frontière entre accompagnement et manipulation est mince. Qui contrôlera ces données ? Que se passe-t-il si le double numérique est utilisé à d’autres fins que celles prévues initialement ? Et surtout : jusqu’où doit-on laisser la technologie simuler les vivants ?
Créer un clone vocal, aussi précis soit-il, ne signifie pas prolonger la personne elle-même. Cela reste une projection partielle, guidée par une IA dont la logique n’est ni humaine ni affective, même si elle en donne l’illusion.

Une technologie de pointe, un miroir de nos angoisses
HER repose sur les dernières avancées de l’IA vocale : apprentissage continu, reproduction fidèle des émotions, temps de réponse ultra-rapide… Tout est fait pour rendre l’interaction naturelle, presque « vivante ». Derrière cette prouesse technique se cache un besoin très humain : celui de ne pas disparaître, de rester auprès des siens, de laisser une trace. HER répond à cette angoisse existentielle avec brio, mais en la renforçant peut-être autant qu’en l’apaisant.
HER : Entre legs numérique et illusion d’éternité
Avec HER, transmettre sa mémoire devient un geste accessible, intime, et infiniment humain. Mais c’est aussi un acte chargé d’ambiguïtés. À l’heure où la frontière entre réalité et simulation devient de plus en plus floue, HER nous invite à repenser ce que signifie « être présent ». S’agit-il de revivre des souvenirs… ou de créer une nouvelle forme d’existence artificielle pour éviter les étapes trop douloureuses du deuil ?
Transmettre une voix, c’est transmettre un écho. Encore faut-il se demander si cet écho est fidèle, ou s’il finit par parler à notre place.
Cet article a été publié par la Rédaction le



