Après plus d’un siècle de hausse continue, l’espérance de vie pourrait entrer dans une phase de décélération. C’est la conclusion d’une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) par une équipe internationale de chercheurs venus d’Allemagne, de France et des États Unis.

- Une étude internationale publiée dans PNAS révèle un ralentissement de la progression de l’espérance de vie dans 23 pays riches.
- Depuis 1900, chaque génération gagnait 0,46 an en moyenne, mais ce rythme devrait baisser de 37 à 52 %, soit 0,22-0,29 an par cohorte.
- Aucune cohorte née entre 1939 et 2000 ne devrait atteindre les 100 ans d’espérance de vie, contrairement aux scénarios optimistes.
- Le ralentissement est surtout dû à la fin du recul rapide de la mortalité infantile et juvénile, moteur des gains du XXe siècle.
- Ces résultats posent des défis majeurs pour les retraites, la santé et la prévention, même si les progrès médicaux pourraient changer la donne.
Les auteurs de l’étude, José Andrade, Carlo Giovanni Camarda et Héctor Pifarré i Arolas, ont analysé les trajectoires de mortalité de 23 pays à hauts revenus pour les générations nées entre 1939 et 2000. Leur approche s’appuie sur plusieurs méthodes de projection démographique.
Espérance de vie : une baisse du rythme des gains
Alors que, depuis 1900, chaque nouvelle cohorte gagnait en moyenne 0,46 année d’espérance de vie, les projections montrent que ce rythme devrait ralentir de 37% à 52% selon les méthodes appliquées. Autrement dit, les gains futurs pourraient se limiter à 0,22 / 0,29 année par cohorte, bien loin de la dynamique observée au XXe siècle.
Contrairement aux scénarios optimistes avancés dans certaines publications (certains prévoyant l’atteinte de l’espérance de vie à 100 ans dès les générations nées dans les années 1980), aucune des cohortes étudiées ne devrait franchir ce seuil, d’après les projections.

Le rôle déterminant de la mortalité infantile
L’étude révèle que plus de la moitié de ce ralentissement est imputable à la diminution du rythme de recul de la mortalité chez les moins de 5 ans, et près des deux tiers à l’ensemble des décès avant 20 ans. Ces progrès précoces, qui avaient largement porté les hausses du siècle passé, semblent aujourd’hui avoir atteint un palier.
« Même si nos projections étaient excessivement pessimistes, il est peu probable que cette décélération s’inverse à court terme« , soulignent les auteurs de l’étude.
Des résultats robustes, aux implications sociales
Pour s’assurer que ce ralentissement ne résulte pas uniquement d’un biais méthodologique, les chercheurs ont testé la validité de leurs modèles sur des cohortes passées. Leurs conclusions restent solides : le ralentissement ne peut être expliqué par une simple sous-estimation statistique.
Ces résultats posent des enjeux majeurs en matière de santé publique et de politiques sociales. Si les améliorations de l’espérance de vie se poursuivent, elles le feront à un rythme nettement moins soutenu, ce qui interroge l’organisation des systèmes de retraite, de soin et de prévention.

Espérance de vie : Pas d’évolution sans progrès médicaux
Si l’espérance de vie de ces cohortes semble vouée à stagner, la médecine et la science ont le pouvoir de tout changer. La découverte de traitements capables de guérir des maladies encore incurables, comme certains cancers, pourrait faire grimper l’espérance de vie jusqu’à 150 ans.
L’étude ne conclut cependant pas à une limite biologique stricte de la vie humaine. Elle met plutôt en avant la combinaison de facteurs sociaux, économiques et médicaux dans cette évolution. Les auteurs rappellent que des événements imprévus (crises sanitaires, changements sociaux…) pourraient infléchir la tendance, mais estiment que le socle actuel de progrès rapides liés à la survie des jeunes générations est désormais largement épuisé.
Cet article a été publié par la Rédaction le



