L’artiste Tony Luciani et sa mère, une série de photos qui se dresse contre les clichés du vieillissement

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A travers ses photos, Tony Luciani remet en question les clichés du vieillissement. Grâce à des images en noir et blanc, où humour et profondeur se rejoignent, lui et son modèle (sa mère, atteinte de démence) nous éclairent sur le vieillissement et la vie avec la maladie.

L’histoire d’une mère et de son fils

Photo by Tony Luciani

A l’âge de 94 ans, Elia Luciani est une femme respectable et forte, tant par son âge que par sa condition. Originaire du petit village de Carrufo en Italie, elle s’est mariée « par procuration » à 13 ans.

Elle a par la suite immigré au Canada où elle a d’ailleurs vécu et vieilli.
Après avoir perdu tous ses amis, elle s’est brisé la hanche à 91 ans et s’est vu confronter à des signes de démence. Elle a peu à peu oublié son anglais pour revenir à son italien natal.

Malgré cela, elle n’est jamais allée en maison de retraite, que ce soit pour ses problèmes physiques ou sa maladie. En effet, elle a vécu seule jusqu’à ce que son fils, Tony Luciani, emménage avec elle.

Ce dernier, artiste de 57 ans à l’époque, n’était pas de l’avis du reste de la famille qui, voyant l’état de la nonagénaire s’aggraver, souhaitait l’envoyer en établissement. Pour lui, « la placer en maison de retraite n’était pas une option ».

Tony, peintre confirmé, a toujours énormément utilisé son appareil photo, mais seulement comme accessoire de soutien à ses peintures. Seulement, un jour, un cliché anodin et hasardeux a tout changé.

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Le hasard fait bien les choses

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Photo by Elia Luciani
« C’est comme un auto portrait.  Elle a perdu la plupart de ses amis et de sa famille, elle se sent seule. Autrefois parmi toutes les fleurs du champ, elle est aujourd’hui seule comme cette mauvaise herbe. »

En achetant son nouvel appareil photo, Tony Luciani était loin de se douter qu’il était aux balbutiements d’un projet extraordinaire.

Mis en position sur son trépied, l’appareil photo était censé prendre la porte. Elia est alors arrivée et souhaitait passer. S’en est suivie une scène loufoque où les deux individus rigolent, et où Tony voit bien plus qu’un simple cliché hasardeux. C’est le début d’une nouvelle carrière pour ce duo mère/fils, où la mère devient modèle et le fils photographe.

Cette série de photos, « Mamma in the Meantime », met en scène Elia (parfois avec Tony) dans des situations toutes plus originales et amusantes les unes que les autres.

Amusante donc, mais également lourde de sens. En effet, cette série d’images illustre parfaitement des sujets et problèmes plus profonds : le vieillissement et la maladie.

Ces caractéristiques personnelles de la modèle et le format des photos (souvent en noir et blanc, ou avec très peu de couleurs vives) rendent cette œuvre encore plus poignante.

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Aider un senior : tout le monde peut le faire à sa manière

Photo by Tony Luciani

En emménageant avec elle, Tony prend soin de sa mère au quotidien en l’aidant dans sa vie de tous les jours. En collaborant avec elle sur ce projet artistique, il l’aide à accepter sa situation de nonagénaire atteinte de démence. « La faire participer à mon art nous a été bénéfique à tous les deux. L’utiliser comme modèle lui donne un sentiment de confiance en elle-même et d’accomplissement, » considère l’artiste.

« Après des années à avoir joué le rôle stéréotypé de la mère traditionnelle typique, je l’ai encouragé à s’exprimer elle-même, avec un esprit joueur et l’humour. Elle aime le processus. Elle aime participer, elle aime s’impliquer, elle aime jouer, » déclare Tony.

Il n’est pas le seul décideur pour le cliché, il propose différents scénarios à Elia et la consulte avant de développer la photo. Cela donne à sa mère confiance en elle-même, car elle a de nouveau des responsabilités et sort du cliché de la mère « traditionnelle ».

C’est une muse, elle est le centre du projet de son fils photographe et est aujourd’hui mondialement connue. « J’essaye de faire d’elle un symbole pour les autres mères et grands-mères dans sa situation. C’est autant à propos d’elles qu’à propos d’Elia et de sa maladie, » affirme le photographe.

Une belle preuve que chacun peut être, à sa manière, d’une grande aide pour un senior, tant physiquement que moralement.

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Cet article a été publié par la Rédaction le

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