Dans les périodes d’incertitude, la tentation est grande d’opposer les âges : « boomers » contre « Gen Z », « actifs » contre « retraités », « héritiers » contre « précaires ». Mais la « guerre des générations » (Serge Guérin, Pierre-Henri Tavoillot) n’est pas une fatalité : c’est un récit commode… mais souvent inexact. Les données montrent surtout un lien intergénérationnel puissant mais fragilisé, qu’il faut protéger et réinventer.
> L’hebdo du Vieillissement du Pr Bertrand Fougère : « Conflit ou alliance des générations ? »

Trois faits à garder en tête
- Choc démographique : en France, la part des 65+ augmente rapidement, ce qui compresse le ratio actifs/inactifs et met sous tension nos équilibres sociaux si on ne change rien.
- Perception de fracture : une majorité de Français dit ressentir un affaiblissement des relations entre générations, mais 96 % déclarent garder malgré tout des liens intergénérationnels réguliers (surtout en famille). Autrement dit : le lien existe, il s’use. À nous de l’entretenir.
- Débat public polarisé, réalité plus nuancée : depuis des années, chercheurs et éditorialistes rappellent que la « guerre » est peu probable si l’on travaille les médiations (famille, territoires, entreprises).
Conflits rentre générations : Les risques si l’on laisse faire
- Polarisation symbolique (discours « jeunes vs vieux« ) qui masque les vraies lignes de fracture : sociales, territoriales, éducatives.
- Effets économiques : moindre confiance, consommation bridée, tensions sur retraites/santé si l’on oppose plutôt que d’organiser la coopération des âges.
- Entreprises sous pression : malentendus au travail entre générations, perte de performance si l’on gère par stéréotypes plutôt que par mixité d’âges et transmission.
Ce que rapporte une société de générations « main dans la main »
- Transmission & innovation : la diversité d’âges accroît créativité, productivité et cohésion quand elle est pilotée.
- Résilience sociale : les liens intergénérationnels réduisent l’isolement, soutiennent les parcours de vie et renforcent la confiance collective.
- Capitaux familiaux et de proximité : la famille et le quartier restent des amortisseurs puissants… s’ils sont animés et ouverts.
Choisir l’alliance des âges plutôt que l’opposition des générations, c’est transformer l’inquiétude en confiance et l’addition des âges en force collective
L’hebdo du Vieillissement est une tribune régulière du Pr Bertrand Fougère

Bertrand FOUGÈRE
Professeur de Gériatrie
Pôle Vieillissement – Université / CHU ToursBertrand Fougère est Professeur de Gériatrie, depuis 2018 spécialiste reconnu dans le domaine du vieillissement et de la prise en charge des personnes âgées. Fort de son expertise, il collabore régulièrement avec les ministères de la Santé et des Solidarités pour développer des politiques de prévention et d’accompagnement innovantes. Son parcours est marqué par une participation à des initiatives structurantes visant à renforcer l’autonomie et la qualité de vie des personnes âgées, ainsi qu’à soutenir les aidants.
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