« Bien vieillir, c’est aussi… bien dormir. » Et pourtant, près de 50 % des plus de 65 ans se plaignent de troubles du sommeil. Le sommeil se fragilise avec l’âge… mais ce n’est ni anodin, ni une fatalité.
> L’hebdo du Vieillissement du Pr Bertrand Fougère : « Et si on parlait du sommeil ? »

Ce que l’on sait aujourd’hui sur le sommeil
Moins profond, plus fragmenté, plus court : le sommeil vieillit lui aussi. Dès 50 ans, le sommeil lent profond diminue (–40 % à 80 ans) et les éveils nocturnes se multiplient.
Le délai d’endormissement s’allonge (jusqu’à 45 minutes après 75 ans), le coucher devient plus précoce (avance de phase), les réveils matinaux plus fréquents.
En EHPAD, ces troubles sont souvent majorés par des facteurs environnementaux : bruit, lumière, rythme institutionnel ou inactivité en journée.
Le recours excessif aux somnifères est fréquent : or ils augmentent le risque de chutes, de confusion, et de dépendance.
Pourquoi c’est grave de mal dormir ?
Un mauvais sommeil est associé à :
- Un risque accru de chutes et d’accidents domestiques
- Un lien démontré avec la dépression, l’anxiété, et les troubles cognitifs
- Une aggravation des maladies cardiovasculaires, métaboliques (diabète, HTA) et même certains #cancers (sein, côlon, foie)
- Une diminution de la qualité de vie, de la motivation, et de l’autonomie

En EHPAD aussi, il faut repenser le sommeil
Trop de résidents vivent leur nuit comme une contrainte logistique. Pourtant, des leviers simples existent :
- Respecter les rythmes individuels
- Favoriser la lumière naturelle en journée
- Proposer des activités physiques régulières
- Revoir les horaires et la composition des repas
- Former les équipes à une approche non médicamenteuse du sommeil (charte du sommeil, environnement calme)
Quelques gestes simples, à tous les âges
- Respecter des horaires réguliers
- Bouger dans la journée, s’exposer à la lumière naturelle
- Éviter écrans et excitants le soir
- Faire des siestes courtes (20 min max)
- Évaluer les douleurs, les troubles urinaires ou les traitements inadaptés
Et si on prenait enfin le sommeil au sérieux ?
- Des consultations spécialisées devraient être proposées chez les personnes âgées qui se plaignent de leur sommeil
- Les soignants en EHPAD devraient être formés à repérer les troubles et les accompagner
Et vous, quelles sont vos bonnes pratiques, vos observations, vos propositions pour un meilleur sommeil ?
L’hebdo du Vieillissement est une tribune régulière du Pr Bertrand Fougère

Bertrand FOUGÈRE
Professeur de Gériatrie
Pôle Vieillissement – Université / CHU ToursBertrand Fougère est Professeur de Gériatrie, depuis 2018 spécialiste reconnu dans le domaine du vieillissement et de la prise en charge des personnes âgées. Fort de son expertise, il collabore régulièrement avec les ministères de la Santé et des Solidarités pour développer des politiques de prévention et d’accompagnement innovantes. Son parcours est marqué par une participation à des initiatives structurantes visant à renforcer l’autonomie et la qualité de vie des personnes âgées, ainsi qu’à soutenir les aidants.
Cet article a été publié par la Rédaction le



