OMS : La solitude des personnes âgées, un enjeu de santé publique mondial

La solitude chez les personnes âgées n’est plus un simple malaise discret : c’est un problème de santé publique majeur, selon le dernier rapport de la Commission de l’OMS sur la connexion sociale. Publié en 2025, ce document met en lumière l’ampleur, les causes et les conséquences de l’isolement social et de la solitude, en particulier chez les seniors, et appelle à des mesures urgentes.

• L’OMS alerte sur la solitude des seniors, touchant jusqu’à un tiers d’entre eux dans le monde.
• Isolement et solitude augmentent les risques de maladies, perte d’autonomie et mortalité précoce.
• Facteurs aggravants : veuvage, problèmes de santé, environnement peu adapté, stigmatisation.
• Solutions : politiques nationales, infrastructures sociales, programmes de proximité et soutien individuel.
• En France, initiatives comme le Service Civique Solidarité Seniors ou les vacances solidaires recréent du lien.

La solitude : Un phénomène mondial, souvent invisible

Entre 1990 et 2022, on estime que 25 à 34 % des personnes âgées étaient socialement isolées. Cette donnée, distincte de la solitude ressentie, reflète un manque objectif d’interactions, de rôles ou de relations sociales. Or, l’isolement n’implique pas toujours la solitude, et inversement. Mais les deux peuvent fragiliser la santé.

La solitude, elle, touche environ 16 % de la population mondiale, toutes générations confondues, mais son poids est particulièrement lourd pour les aînés. En vieillissant, les cercles sociaux se réduisent : départ des enfants, perte du conjoint, problèmes de mobilité, retraite… autant de facteurs qui réduisent les occasions de contacts significatifs.

Des conséquences graves sur la santé

Le rapport établit un lien clair entre l’isolement, la solitude et une dégradation de la santé physique et mentale. Les personnes âgées isolées présentent un risque accru de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2, de dépression, et même de mortalité précoce. Entre 2014 et 2019, la solitude a contribué à environ 871 000 décès par an dans le monde.

Les répercussions dépassent le champ médical : perte d’autonomie, baisse de la qualité de vie, diminution de la participation sociale, sans oublier le coût économique pour les systèmes de santé et les familles.

Les facteurs aggravants de la solitude

Chez les seniors, plusieurs éléments augmentent le risque de déconnexion sociale :

• Problèmes de santé physique ou mentale limitant la mobilité et la communication.
• Vie en solitaire, veuvage ou absence de partenaire.
• Environnements urbains peu adaptés (manque de transports accessibles, espaces publics insuffisants).
• Stigmatisation et absence de reconnaissance du problème, qui freinent la recherche d’aide.

Lutte contre la solitude : Les préconisations de l’OMS

L’OMS insiste : il ne s’agit pas d’une fatalité. Des stratégies efficaces existent pour recréer du lien, à condition d’être mises à l’échelle. Le rapport préconise :

• Des politiques nationales ciblant la connexion sociale, comme celles déjà adoptées par certains pays (Royaume-Uni, Japon, Finlande…).
• Un renforcement des infrastructures sociales : bibliothèques, parcs, transports, centres communautaires, qui favorisent les rencontres.
• Des programmes de proximité pour repérer les personnes isolées et les orienter vers des activités collectives.
• Des approches individuelles incluant soutien psychologique et technologies adaptées, tout en restant attentif aux risques liés au numérique.

Des initiatives française pour recréer du lien

Face à cette urgence, de nombreuses actions se déploient, notamment en période estivale :

• Service Civique Solidarité Seniors : ce programme mobilise des jeunes volontaires auprès d’aînés isolés, à domicile ou en établissement, avec pour objectif d’ici fin 2025 d’impliquer 7 500 jeunes auprès de 130 000 personnes âgées.
• « Voilà l’été, si on bougeait ? » : lancé par l’Agirc-Arrco, ce projet propose sur huit semaines des séances hebdomadaires d’activité physique douce et de marche encadrée dans une vingtaine de villes, afin de rompre l’isolement tout en favorisant la santé.
• « 1 Lettre 1 Sourire » : cette opération envoie gratuitement des lettres ou cartes postales personnalisées aux résidents d’EHPAD, pour maintenir un lien affectif même à distance.
• Vacances solidaires : des associations comme Les Petits Frères des Pauvres ou le Secours populaire organisent des séjours à la mer ou à la campagne, offrant à des milliers de seniors isolés l’occasion de changer d’air et de retrouver le contact humain.

Lutte contre l’isolement : L’urgence d’agir

Face au vieillissement démographique mondial, l’OMS avertit que l’inaction coûtera cher, en vies comme en ressources. La Commission propose un plan en cinq axes, politiques, recherche, interventions, données et mobilisation, pour inscrire la connexion sociale comme priorité sanitaire.

Comme le résume le rapport, sans lien social, nous ne pourrons pas bâtir de sociétés fortes et résilientes. Pour les personnes âgées, retrouver un réseau, un regard, une voix attentive peut changer la trajectoire d’une fin de vie. Il en va autant de leur santé que de leur dignité.

Consulter le rapport complet de l’OMS