Pourquoi le temps semble passer plus vite en vieillissant ?

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Enfant, l’attente d’un anniversaire ou des vacances d’été pouvait sembler interminable. Aujourd’hui, les années défilent à toute allure, au point que l’on se surprend parfois à se demander où est passé le temps. Ce sentiment largement partagé n’est pas qu’une simple impression nostalgique : la science y voit des raisons concrètes, liées au fonctionnement du cerveau, à notre physiologie et même à de simples lois mathématiques.

temps qui passe

  • Avec l’âge, le cerveau traite moins d’informations, ce qui donne l’impression que le temps passe plus vite.
  • Le ralentissement du métabolisme agit comme un métronome interne moins rapide.
  • La routine adulte, avec moins de nouveautés, compresse les souvenirs et raccourcit la perception du temps.
  • Mathématiquement, une année pèse moins dans la vie d’un adulte que dans celle d’un enfant.
  • Pour « ralentir » le temps ressenti : chercher la nouveauté, voyager, apprendre et pratiquer la pleine conscience.

Le rôle du cerveau dans la perception du temps

La perception du temps ne dépend pas uniquement des horloges ou des calendriers, mais aussi de la manière dont notre cerveau traite les informations. Avec l’âge, les réseaux neuronaux se complexifient puis se dégradent, ralentissant la transmission des signaux. Résultat : nous recevons et enregistrons moins « d’images mentales » au fil d’une journée qu’à nos jeunes années.

Cette baisse de flux sensoriel modifie notre ressenti : plus le cerveau perçoit de changements, plus le temps semble s’étirer; à l’inverse, un flux plus faible donne l’impression qu’il s’écoule plus vite. C’est l’une des conclusions avancées par Adrian Bejan, professeur à l’Université Duke, qui compare ce phénomène à un film : plus le nombre d’images par seconde est élevé, plus l’action paraît détaillée et longue.

Adrian Bejan, Professeur à l'université de Duke

Les gens sont souvent étonnés de voir combien ils se souviennent de jours qui semblaient durer éternellement dans leur jeunesse. Ce n’est pas que leurs expériences étaient plus profondes ou plus significatives, c’est juste qu’elles étaient traitées en rafale

Adrian Bejan, Professeur à l’université de Duke

Quand le corps ralentit, le temps s’accélère

Au-delà du cerveau, notre corps tout entier ralentit avec l’âge. La respiration et le rythme cardiaque, plus rapides chez les enfants, s’apaisent progressivement à l’âge adulte. Or, cette intensité biologique élevée pendant l’enfance contribuerait à donner une impression de temps « dilaté« .

Ce ralentissement physiologique, combiné à la baisse de production de dopamine, neurotransmetteur associé à la nouveauté et au plaisir, réduit la stimulation sensorielle et cognitive, ce qui participe à la sensation d’accélération du temps.

Le biologiste mathématicien Christian Yates, de l’Université de Bath, souligne également que ce ralentissement naturel du métabolisme agit comme un métronome interne moins vif, ce qui accentue l’impression que le temps file.

Routine et perte de nouveauté

Si l’enfance paraît si longue dans nos souvenirs, c’est aussi parce qu’elle est jalonnée de découvertes : première rentrée, première amitié, apprentissage d’un sport, vacances dans un lieu inconnu… Autant d’événements marquants qui se gravent dans la mémoire.

À l’âge adulte, la vie s’organise souvent autour de routines. Les journées se ressemblent, le cerveau enregistre moins d’expériences nouvelles, et notre mémoire compresse ces périodes. Lorsque nous repensons à une année écoulée, elle nous paraît alors plus courte qu’une année d’enfance, riche en premières fois.

Perception du temps : Une question de proportions

Les mathématiques offrent aussi un éclairage intéressant. Une année représente 20 % de la vie d’un enfant de cinq ans, mais seulement 2 % de celle d’une personne de cinquante ans. Ainsi, plus la part qu’occupe une année dans notre vie est faible, moins elle pèse psychologiquement.

Christian Yates, mathématicien à l'Université de Bath

 La période de cinq ans que vous avez vécue entre cinq et dix ans peut sembler aussi longue que celle entre 40 et 80 ans. (…) Le temps passe vite, que vous vous amusiez ou non. Et il passe de plus en plus vite chaque jour.

Christian Yates, mathématicien à l’Université de Bath

Peut-on inverser la tendance ?

Si le temps objectif est immuable, il est possible de ralentir la perception subjective de son passage. Les neuroscientifiques et psychologues s’accordent sur un point : la nouveauté est essentielle. Voyager, apprendre un instrument, pratiquer un nouveau sport ou simplement découvrir un quartier inconnu permet de créer davantage de souvenirs marquants, ce qui « étire » le temps ressenti.

La pleine conscience, en se concentrant sur l’instant présent, est un autre outil pour redonner de l’épaisseur aux journées. Prendre le temps de savourer un repas, d’écouter de la musique ou d’observer un paysage peut, à petite échelle, ralentir le rythme intérieur.

Si les années semblent s’accélérer à mesure que nous vieillissons, ce n’est pas une illusion mais le résultat combiné de notre physiologie, de notre mémoire et de nos habitudes de vie. En renouant avec la curiosité et en introduisant plus de variété dans notre quotidien, il est possible de redonner au temps sa richesse… et de faire en sorte que les années paraissent, sinon plus longues, du moins plus pleines.

En résumé

Le sentiment que le temps file avec l’âge repose sur un faisceau de causes :

  • Neurologiques : ralentissement du traitement des informations visuelles (Adrian Bejan).
  • Physiologiques : ralentissement du métabolisme (Christian Yates).
  • Psychologiques : routine et familiarité avec le monde (Cindy Lustig).
  • Mathématiques : proportion décroissante d’une année par rapport au temps déjà vécu.

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Cet article a été publié par la Rédaction le

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