Retraite : entre souhaits persistants de départ précoce et réalités repoussées

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Alors que les réformes sur les retraites continuent d’alimenter le débat public, le Baromètre d’opinion de la DREES met en lumière un décalage de plus en plus net entre les aspirations des Français et leurs anticipations concrètes. En 2024, pour la première fois depuis le début de l’enquête en 2 000, moins de la moitié des non-retraités souhaitent partir à la retraite à 60 ans ou avant. Ils ne sont désormais plus que 46% contre 94% en 2000.

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  • En 2024, seuls 46 % des non-retraités souhaitent partir à la retraite à 60 ans ou avant, contre 94 % en 2000.
  • L’âge idéal de départ a grimpé à 61 ans et 5 mois, mais l’âge estimé réel est de 65 ans et 2 mois.
  • 54 % des actifs pensent que leur niveau de vie à la retraite sera inférieur à celui de la population.
  • Près de la moitié anticipent une dégradation de leur qualité de vie une fois retraités.
  • 53 % des Français jugent qu’il faut encore réformer, mais les pistes proposées divisent fortement.
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L’évolution de l’âge idéal de départ à la retraite

Depuis le début des années 2000, les préférences en matière d’âge de départ à la retraite ont sensiblement évolué. L’âge idéal a progressivement augmenté, passant en moyenne de 54 ans et 4 mois en 2000 à 61 ans et 5 mois en 2024. Cette hausse reflète en partie l’influence des réformes législatives de 2010 à 2023, qui ont respectivement relevé l’âge minimum de départ légal à la retraite à 62 puis 64 ans.

La proportion de personnes souhaitant partir avant 60 ans s’est effondrée, passant de 69% en 2000 à seulement 10% en 2024. Dans le même temps, les souhaits de départ entre 61 et 64 ans ont fortement augmenté, atteignant 39% en 2024, contre seulement 2% en 2009. Le souhait de partir à 65 ans ou plus reste quant à lui minoritaire mais stable depuis 2018 (autour de 13% et 15%).

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Un écart croissant entre souhaits et réalités anticipées

Malgré ces ajustements dans les souhaits, le fossé entre l’âge idéal et l’âge estimé de départ continue de se creuser. En 2024, les non-retraités pensent en moyenne qu’ils partiront à la retraite à 65 ans et 2 mois, soit près de quatre ans après l’âge moyen souhaité (61 ans et 5 mois). Seuls 5% des non-retraités estiment qu’ils pourront effectivement partir à 60 ans ou avant.

À noter que l’âge au-delà duquel il n’est plus jugé acceptable de faire travailler les gens s’établit à 63 ans et 6 mois en 2024, une hausse de 8 mois par rapport à l’année précédente.

Niveau de vie à la retraite : Des perspectives toujours préoccupantes

En 2025, 54% des non-retraités estiment que leur niveau de vie à la retraite sera inférieur à celui de la population générale. Cette proportion, bien qu’en baisse de 16 points depuis 2015, reste majoritaire. Par ailleurs, seuls 14% pensent qu’ils bénéficieront d’un niveau de vie supérieur, un record historique dans la série, bien que toujours minoritaire.

La part de ceux qui estiment que leur niveau de vie sera “à peu près identique” à la moyenne s’établit à 32%, en progression continue depuis 2015 (20%).

Une projection de qualité de vie à la retraite en baisse

Les anticipations sur la qualité de vie à la retraite sont globalement pessimistes. En 2024, 46% des non-retraités pensent que leur vie sera moins bonne une fois retraités. Seuls 20% s’attendent à une amélioration. Ce pessimisme est d’autant plus marqué chez les personnes aux revenus modestes : 53% des non-retraités appartenant au premier quintile de niveau de vie anticipent une dégradation de leur situation à la retraite, contre 34% dans le quintile supérieur.

Fait notable, les retraités actuels portent un regard plus positif sur leur situation que les actifs n’anticipent la leur : 25% des retraités estiment que leur vie est meilleure qu’avant leur départ à la retraite, contre 20% d’anticipation positive parmi les non-retraités.

Une opinion divisée sur la nécessité de nouvelles réformes

Pour préserver le système de retraite par répartition, 36% des Français jugent que les réformes déjà effectuées sont suffisantes, un record depuis 2016. Néanmoins, 53% estiment qu’il faut aller plus loin.

Parmi les pistes de réformes proposées, la plus populaire est l’augmentation des cotisations patronales, soutenue par 44% des répondants. À l’inverse, seulement 9% sont favorables à  une contribution accrue des retraités, et 8% à une hausse des cotisations salariales.

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Depuis 2023, les libellés des propositions ont été modifiés afin de mieux refléter les enjeux : on parle désormais d’ “augmentation de l’âge minimal de départ” au lieu de “diminution des pensions”. Ces changements semblent avoir influencé les opinions exprimées.

Les données de 2024 témoignent d’une société en transition face à la retraite : les Français ajustent leurs attentes, parfois à contrecœur, à un contexte économique et législatif mouvant et surtout toujours plus incertain. Si l’aspiration à un départ précoce s’amenuise, les inquiétudes sur le niveau de vie et la qualité de vie persistent, notamment chez les plus modestes. Le consensus sur les solutions à apporter, lui, reste fragile.

Télécharger le Baromètre d’opinion de la Drees : « Les opinions et les souhaits en matière de retraite »


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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