Détecter la maladie d’Alzheimer avant les premiers symptômes visibles demeure l’un des plus grands défis de la recherche médicale. Longtemps silencieuse, cette pathologie neurodégénérative comme à altérer le cerveau des années, voire des décennies avant que les troubles de la mémoire ne deviennent perceptibles au quotidien. Dans ce contexte, une avancée scientifique venue du Royaume-Uni suscite un vif intérêt : un test cérébral de trois minutes, simple et non-invasif, pourrait permettre d’identifier très tôt les premiers signes de déclin cognitif associés à la maladie.

- Des chercheurs britanniques ont développé un test cérébral de trois minutes, non invasif, pour détecter précocement les premiers signes de la maladie d’Alzheimer.
- Baptisé Fastball EEG, ce test repose sur un électroencéphalogramme passif mesurant la mémoire de familiarité, altérée très tôt dans la maladie.
- Les résultats montrent des réponses cérébrales diminuées chez les personnes présentant des troubles cognitifs légers à risque d’évolution vers Alzheimer.
- Simple, portable et peu coûteux, le dispositif peut être utilisé hors milieu hospitalier, y compris au domicile des patients.
- Ce test pourrait améliorer le dépistage précoce et orienter plus rapidement les patients vers un suivi et des traitements adaptés.
Alzheimer : Un diagnostic précoce qui pourrait tout changer
La maladie d’Alzheimer ne se guérit pas à ce jour, mais une prise en charge précoce peut en ralentir l’évolution et ainsi améliorer la qualité de vie des patients. Or, le diagnostic intervient encore trop souvent à un stade avancé, lorsque les lésions cérébrales sont déjà importantes. Les outils actuels, essentiellement fondés sur des tests cognitifs, l’imagerie cérébrale ou l’analyse du liquide céphalo-rachidien, présentent des limitent : ils sont chronophages, parfois invasifs, coûteux et sensibles à des facteurs comme le niveau d’études ou l’anxiété du patient.
C’est pour répondre à ces difficultés que des chercheurs britanniques ont développé une approche radicalement différente, misant sur une mesure directe et passive de l’activité cérébrale.
Le “Fastball EEG” : un test passif et rapide
Les travaux, menés par des équipes des universités de University of Bath et de University of Bristol, ont été publiés dans la revue scientifique Brain Communications. Les chercheurs y présentent un test baptisé “Fastball EEG”, fondé sur un électroencéphalogramme (EEG).
Concrètement, le participant porte un casque muni d’électrodes qui enregistrent l’activité électrique du cerveau pendant qu’il observe un flux rapide d’images. Aucune consigne complexe n’est donnée : il n’est ni demandé de mémoriser, ni de répondre à des questions. Le cerveau réagit de manière automatique à certaines images déjà vues quelques minutes auparavant, et ces réponses inconscientes constituent le cœur de l’analyse.
Selon le Dr George Stothart, neuroscientifique et principal auteur de l’étude, cette approche permet de mesurer objectivement la mémoire dite “de familiarité”, l’une des fonctions cérébrales parmi les premières touchées dans la maladie d’Alzheimer.

Avec les outils diagnostiques actuels, nous passons à côté des 10 à 20 premières années de déclin cognitif dans la maladie d’Alzheimer. Cette recherche [Fastball] offre un moyen de changer cela.
Dr George Stothart
Des résultats prometteurs chez les patients à risque
L’étude s’est appuyée sur un groupe de volontaires comprenant des adultes en bonne santé et des personnes atteintes de troubles cognitifs légers, une condition intermédiaire pouvant précéder Alzheimer. Les chercheurs ont observé que les participants présentant des troubles de la mémoire de type amnésique affichaient des réponses cérébrales nettement diminuées lors du test, comparativement aux sujets sains ou à ceux dont les difficultés cognitives n’étaient pas liées à la mémoire.
Ces résultats suggèrent que Fastball EEG est capable d’identifier précisément les profils les plus à risque d’évoluer vers la maladie d’Alzheimer, bien avant un diagnostic clinique classique.
Alzheimer : vers un dépistage plus large, même à domicile
L’un des aspects les plus marquants de cette innovation réside dans sa simplicité logistique. Le matériel utilisé est portable, relativement peu coûteux et peut fonctionner en conditions réelles, hors des centres hospitaliers spécialisés. Les tests réalisés dans le cadre de l’étude ont d’ailleurs été effectués directement au domicile des participants, un choix qui réduit le stress et favorise l’acceptabilité du dispositif.
À terme, les chercheurs envisagent une utilisation en cabinet de médecine générale, voire à domicile, ouvrant la voie à un dépistage plus large et plus précoce des troubles cognitifs. Une perspective d’autant plus importante que de nouveaux traitements à l’étranger, comme le donanemab ou le lecanemab, ont montré une efficacité surtout aux premiers stades de la maladie d’Alzheimer.

Des étapes encore nécessaires avant une application clinique
Si les résultats sont jugés encourageants, les scientifiques restent prudents. Fastball EEG ne permet pas, à lui seul, de prédire avec certitude qui développera Alzheimer. Il s’agit d’un outil de repérage précoce, destiné à orienter plus rapidement les patients vers des examens complémentaires et un suivi adapté.
La prochaine étape consistera à tester ce dispositif dans des cabinets de médecins généralistes afin d’évaluer son utilité en pratique courante et sur des populations plus larges et diversifiées. Des études de suivi à long terme seront également nécessaires pour confirmer la capacité du test à anticiper l’évolution des troubles cognitifs.
Une avancée qui pourrait transformer la prévention
En misant sur une mesure directe de l’activité cérébrale, rapide et accessible, Fastball EEG illustre une nouvelle génération d’outils de dépistage, centrés sur la détection précoce plutôt que sur le constat tardif des symptômes. Sans constituer encore un diagnostic définitif, ce test pourrait contribuer à changer la stratégie de lutte contre la maladie d’Alzheimer : intervenir plus tôt, mieux cibler les patients à risque et maximiser l’impact des traitements disponibles.
Cet article a été publié par la Rédaction le



