Ce que les Français pensent du financement de la perte d’autonomie

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Dans un contexte de vieillissement accéléré de la population, les enjeux liés à la perte d’autonomie deviennent de plus en plus pressants. D’ici 2050, les plus de 80 ans représenteront près de 10% de la population française. Pourtant, selon une enquête menée par BVA People Consulting pour le Cercle des Vulnérabilités et Société, « Financement de la perte d’autonomie : quand les Français se prononcent« , la majorité des Français reconnaît l’ampleur du défi… mais peine à s’y préparer.

  • 70 % des Français reconnaissent le risque lié à la perte d’autonomie, mais 72 % n’ont pris aucune mesure concrète pour l’anticiper.
  • Le manque d’information freine l’action : 7 Français sur 10 se sentent mal informés sur les solutions de financement.
  • La hausse des impôts est massivement rejetée ; les priorités vont à la réaffectation budgétaire et à une responsabilisation individuelle.
  • Trois mesures largement soutenues : 1% du budget ministériel dédié, prélèvement ciblé sur hauts revenus, et panier moyen garanti.
  • L’étude recommande pédagogie, dialogue citoyen et expérimentations locales pour enclencher une véritable mobilisation.

Une conscience du risque, mais peu d’engagement

L’étude révèle que 70% des répondants perçoivent le financement de la perte d’autonomie comme un “enjeu à haut risque”. Trois grands profils se dégagent : 

  • Les résilients (41%), convaincus de la nécessité d’une réponse collective forte
  • Les shifters (32%) qui placent leur confiance dans les choix politiques à venir
  • Les cornucopiens (16%), plus optimistes, misant sur les progrès technologiques et médicaux futurs

Pourtant, cette prise de conscience ne se traduit que très rarement en actions concrètes. 72% des personnes interrogées déclarent n’avoir pris aucune mesure personnelle pour anticiper leur perte d’autonomie ou celle de leurs proches, un chiffre qui grimpe à 80% chez les plus de 50 ans. L’épargne, l’assurance ou la recherche de solution de logements adaptés restent des démarches très minoritaires : seuls 28% déclarent avoir pris au moins une décision concernant leur potentielle perte d’autonomie.

Financement de la perte d’autonomie : Entre ignorance et rejet 

Un facteur-clé de cette inertie ? Le manque d’information : 7 Français sur 10 se sentent mal ou pas du tout informés sur les solutions de financement existantes, qu’elles relèvent de l’initiative individuelle ou de celle de l’État. Une situation qui freine la mise en œuvre de stratégie d’anticipation et entretient un sentiment d’impuissance voire de fatalisme.

Face à l’éventail de solutions testées dans l’étude, une constante émerge : les Français rejettent massivement toute stratégie impliquant une hausse généralisée des impôts ou des cotisations sociales. Seuls 15% placent cette option en premier choix. Ce rejet est contrebalancé par une nette préférence pour deux approches : la réaffectation des budgets publics existants (34% en premier choix) et une responsabilisation accrue des individus (30% en premier choix).

Trois mesures en tête du consensus

Parmi les quinze mesures proposées lors de cette étude, trois ont obtenu un large soutien : 

  • L’affectation de 1% du budget de chaque ministère au vieillissement (+20 points de score net) : une option perçue comme solidaire, sans pour autant alourdir la fiscalité.
  • Le prélèvement ciblé sur certaines catégories (+17 points), notamment les hauts revenus et les entreprises polluantes.
  • La mise en place d’un panier moyen garanti (+7 points) de prise en charge complété par des options facultatives, alliant socle universel et libertés individuelles.

À l’inverse, les propositions comme l’assurance prévoyance obligatoire (-15 points), l’exclusion des publics à risque (-12 points) ou la taxation des gros consommateurs de soins (-11 points) suscitent un rejet profond.

Des clivages générationnels, politiques et genrés

Les résultats de l’étude mettent en évidence des différences d’attitudes selon le profil des répondants. Les femmes et les seniors préfèrent des solutions solidaires et publiques tandis que les hommes et les 35-59 ans valorisent davantage la responsabilité individuelle. Les plus jeunes (25-34 ans) se montrent technophiles, mais peu enclins à accepter des sacrifices.

Politiquement, si les sympathisants de gauche plébiscitent le renforcement des moyens publics, ceux de droite préfèrent éviter l’impôt, et les centristes soutiennent les mesures de compromis.

Financement de la perte d’autonomie : 4 grands profils d’attitude

L’étude établit quatre archétypes d’opinion

  • Les Conservateurs solidaires (30%), favorables à la fiscalité et réticents aux coupes budgétaires.
  • Les Responsables autonomies (25%), pour un partage des efforts fondé sur les capacités contributives. 
  • Les Innovateurs résignés (15%), ouverts à l’adaptation technologique et budgétaire.
  • Les Pragmatiques du centre (10%), attentifs à l’équilibre entre justice sociale et efficacité.

Cinq recommandations pour l’action

L’étude se conclut sur cinq recommandations clés : favoriser les mesures consensuelles, adapter les messages aux différents profils, renforcer la pédagogie et l’accès à l’information, lancer des expérimentations locales et organiser une convention citoyenneC’est ce dernier point qui pourrait être central : créer un dialogue régulier entre citoyens, experts et décideurs politiques, pour accompagner les transitions à venir et garantir un financement durable de l’autonomie

Si les Français semblent lucides sur l’ampleur du défi, leur mobilisation reste insuffisante. L’État devra conjuguer entre pédagogie, justice sociale et innovation pour transformer cette conscience en action collective, car le vieillissement, lui, n’attendra pas.

Télécharger le rapport d’étude « Opinion des Français sur le financement de la perte d’autonomie »

Une enquête réalisée avec le soutien de :


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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