Alors que plus de 22 % des Français ont aujourd’hui 60 ans ou plus, une proportion qui dépassera les 30 % d’ici 2050, la perception du vieillissement demeure ambivalente. C’est ce que révèle la 2e édition du Baromètre des “Idées Reçues sur les personnes Âgées”, menée par la Fondation Mutac et l’Institut BVA. Si certaines perceptions évoluent, d’autres stéréotypes continuent de marquer les esprits, et ce, dès le plus jeune âge.
- Le vieillissement reste perçu négativement par 68 % des Français, principalement à travers la maladie, la perte d’autonomie et la solitude.
- Les stéréotypes persistent, notamment chez les jeunes : un tiers des 18-29 ans pensent que les aînés coûtent trop cher à l’État.
- Le rôle social des seniors est reconnu : 95 % des sondés estiment qu’ils ont beaucoup à transmettre, mais leurs compétences restent sous-exploitées.
- Le regard de la société évolue doucement : respect en hausse, mais sentiment d’indifférence toujours présent chez les aînés, notamment au travail.
- Pour bien vieillir, les Français plébiscitent la santé, la vie sociale, l’autonomie et le cadre de vie, loin devant les aspects financiers.
Une perception encore très négative du vieillissement
Interrogés spontanément sur ce que leur évoque le vieillissement, 68% des Français mentionnent des éléments négatifs : maladie, perte de mobilité, fatigue, solitude… L’altération des capacités est l’idée la plus fréquente (56%) devant les signes physiques (13%) comme les rides, idée qui recule toutefois dans l’imaginaire collectif par rapport à 2022.
La perception varie fortement selon l’âge : les plus de 60 ans acceptent davantage l’idée du vieillissement comme un processus naturel, là où les générations intermédiaires (40-59 ans) y associent plus fortement déclin et inquiétudes.
Pourtant, lorsqu’ils doivent répartir des points entre différents adjectifs associés à la vieillesse, les Français montrent une vision plus équilibrée. Sagesse et liberté (adjectifs liés le plus souvent à l’idée du passage à la retraite) arrivent en tête des aspects positifs, tandis que fragilité et solitude dominent parmi les éléments négatifs.
Le regard de la société : entre respect et indifférence
La majorité des sondés jugent que la société porte un regard plutôt respectueux (68%) et attentif (59%) sur les personnes âgées. Un chiffre en légère hausse depuis deux ans.
Néanmoins, ce respect semble parfois teinté d’indifférence : les plus jeunes estiment davantages que les aînés sont traités avec considération, ce que ces derniers nuancent. Le sentiment d’être perçu comme “trop vieux” reste une expérience vécue par près d’une personne sur quatre, en particulier dans le monde professionnel.
Des idées reçues persistantes
Le baromètre pointe aussi la persistance de stéréotypes tenaces. Près d’un tiers des jeunes adultes (18-29 ans) pensent que les personnes âgées coûtent trop cher à l’État, un chiffre en hausse (dans un contexte économique plus qu’incertain). Le vieillissement est encore perçu comme un frein à la vie sociale ou un facteur d’isolement accru même si les données contredisent souvent ces représentations.
Par exemple, la part de personnes âgées dépendantes est largement surestimée par le grand public : elle est estimée en moyenne à 37% alors qu’elle ne dépasse pas 15% selon l’INSEE.
Le rôle social des personnes âgées reconnu bien qu’encore sous exploité
Malgré ces représentations, les Français reconnaissent massivement que les personnes âgées ont beaucoup à transmettre. 95% pensent qu’elles ont “beaucoup de choses à nous enseigner” et 89% pensent qu’elles sont “utiles et nécessaires à la société”.
Toutefois, ces affirmations ne suffisent pas toujours à briser les préjugés. Ainsi, 28% des répondants affirment s’autocensurer dans certaines activités à cause de leur âge, en particulier dans le domaine sportif, affectif ou professionnel.
Ce qui compte pour bien vieillir
Lorsque l’on interroge les Français sur les conditions d’un vieillissement épanoui, la santé arrive largement en tête, suivie de la vie sociale, de l’autonomie et du cadre de vie. Les seniors eux-mêmes insistent particulièrement sur la nécessité d’être entourés, d’avoir des occupations et de conserver un bon niveau de vitalité.
À l’inverse, les aspects financiers, bien que souvent implicites, sont moins évoqués directement.
Vers une évolution des mentalités au sujet du vieillissement ?
Malgré la persistance de certains clichés, l’étude suggère une évolution progressive des mentalités. La peur de vieillir tend à diminuer chez les plus âgés, et le regard porté sur les personnes âgées s’améliore lentement mais sûrement.
La Fondation Mutac, en publiant ces résultats, entend poursuivre son travail de sensibilisation pour mieux faire comprendre la réalité du vieillissement et favoriser une société plus inclusive et intergénérationnelle.
Cet article a été publié par la Rédaction le