Dépendance : Impacts sociétaux et opportunités pour les industriels

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La dépendance concernera près de 1,5 millions de personnes en 2020 et 2,3 millions en 2060 en France. Liée à l’arrivée progressive à un âge avancé des générations du baby-boom, cette augmentation sera régulière et inéluctable. La problématique de la dépendance est double : d’une part, les ressources disponibles sont insuffisantes pour supporter l’augmentation à venir du coût lié à la dépendance ; d’autre part, l’organisation de la prise en charge des personnes dépendantes n’est pas adaptée à l’augmentation prochaine des besoins. Alcimed, société de conseil et d’aide à la décision revient sur les enjeux de la dépendance qui représentent une opportunité pour les entreprises et devraient favoriser le développement d’une filière industrielle dynamique.

En 2012, environ 24 milliards d’euros ont été dépensés par la collectivité pour prendre en charge la dépendance et l’INSEE a estimé à 10 milliards d’euros le manque de ressources pour financer les dépenses liées à la dépendance à horizon 2020.

Les personnes dépendantes ne pourront assumer seules le coût de leur perte d’autonomie. Le revenu moyen d’un retraité est en effet de 1200 euros et le montant moyen de l’Aide Personnalisée à l’Autonomie (APA) de 489 euros, tandis que le coût moyen mensuel de la dépendance s’élève à 2000€ et même à 3000€ pour les cas de dépendance les plus lourds (perte totale d’autonomie : prise en charge en institutions spécialisées nécessitant l’intervention d’aidants pour tous les gestes de la vie courante).

Quelles pistes de réflexion pour pérenniser les besoins de financement liés à la dépendance ?

Face à la crise de la dépense publique que traverse l’État et à l’austérité dictée par les marchés, la solidarité nationale ne permettra pas non plus de couvrir l’ensemble des besoins de financement liés à la dépendance. Pérenniser des sources de financement alternatives est donc une nécessité. Parmi les pistes mises en avant, les plus sérieuses visent notamment à mettre à contribution les acteurs du secteur assurantiel.

Les assurances, les mutuelles et les organismes de prévoyance vont ainsi prendre le relais de la puissance publique et participer pour une part grandissante au financement de la perte d’autonomie.

Cette participation pourrait prendre deux formes :

  • des contrats d’assurance dépendance collectifs, négociés dans le cadre d’accords de branche et qui permettraient un prélèvement à la source sur le salaire.
  • des contrats souscrits sur une base individuelle (1,7 millions de contrats souscrits en 2011, +6% par rapport à 2010 pour un total de 5,5 millions de personnes couvertes et une rente moyenne de 584 euros). Ces contrats pourraient devenir obligatoires à partir de 50 ans et garantiraient une rente aux personnes dépendantes. L’assurance privée pourrait également couvrir les individus contre la perte d’autonomie d’un parent et donner accès à un certain nombre de services aux aidants (services médico-techniques, séjours en structure de répit, formation…).

Au-delà du financement, l’organisation de la prise en charge doit également être repensée et évoluer vers plus d’intégration pour améliorer la lisibilité du parcours des personnes dépendantes dans le système de santé et s’adapter à l’émergence de nouveaux environnements de prise en charge.

L’augmentation des besoins liés à la dépendance et à la prise en charge à domicile rend nécessaire la création d’un dispositif administratif intégré, qui passe notamment par la mise en place d’un véritable « guichet unique » au niveau local, chargé de superviser la gestion de la dépendance. Ce rôle pourrait être tenu par des Maison de l’Autonomie (MDA) – l’équivalent des Maisons Départementales des Personnes Handicapées – qu’elles pourraient remplacer. Ces MDA seraient placées sous tutelle des ARS et se verraient notamment confier la gestion de l’APA, aujourd’hui gérée par les conseils généraux.

Par ailleurs, face à la volonté de plus de 80% des français de vieillir chez eux, le centre de gravité de la prise en charge de la dépendance va se déplacer vers le domicile. La notion même de domicile devrait évoluer avec l’apparition de nouveaux lieux de prise en charge (foyers, résidences séniors, béguinages…) respectant de nouvelles normes garantissant l’ergonomie de l’espace de vie et favorisant l’autonomie. Ces évolutions vont profiter du développement des « gérontechnologies » (domotiques, télémédecine, téléassistance…) qui permettent l’amélioration de l’autonomie des personnes dépendantes sur leur lieu de vie.

L’entrée en établissement se fera donc de plus en plus tard et concernera la fin de vie et les cas de dépendance les plus graves. Mais, même dans ce cas, de nouvelles structures apparaissent pour répondre aux besoins spécifiques des personnes dépendantes. C’est notamment le cas des Maisons pour l’Autonomie et l’Intégration des malades d’Alzheimer (MAIA), au nombre de 150 et dont le développement est piloté par la CNSA qui vise un objectif de 500 structures ouvertes en 2014.

Cette évolution, aggravée par une démographie médicale déclinante (50 000 médecins généralistes aujourd’hui, 35 000 en 2020) va engendrer une nécessaire redistribution des rôles entre les professionnels de santé, pour une meilleure intégration de la prise en charge des patients dépendants. Les infirmiers sont particulièrement concernés mais ce glissement de compétences devrait également concerner les professionnels du monde médico-social (Assistantes sociales, aidants médico-psychologiques…).

Face à ces évolutions et à la croissance mécanique de la demande, un véritable marché se développe. Cette dynamique est encouragée par le pouvoir politique qui montre des signes de volontarisme pour favoriser la création d’une filière industrielle génératrice de croissance et d’emplois. Les acteurs du maintien à domicile (fabricants de dispositifs d’aide technique, prestataires de soins et de services…) vont bénéficier de cette dynamique et devraient tirer avantage d’une meilleure intégration de leur offre de produits et services avec les solutions offertes par les « gérontechnologies », pour maximiser la valeur qu’ils apportent aux personnes dépendantes.

Le principal obstacle à la structuration d’une telle filière réside néanmoins dans la formation professionnelle. Il est urgent que l’État se penche sur cette question centrale et valorise ces nouveaux métiers qui peinent à recruter, faute de qualification et d’attractivité. Car plus largement, c’est un véritable changement des mentalités et des représentations que l’État doit accompagner pour que le grand âge et la perte d’autonomie ne soient plus des tabous sociaux et deviennent des moments de vie dignes d’être vécus et dignes d’être pris en charge.


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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