Le Fraternibus est une initiative du Secours Catholique visant à lutter contre la fracture numérique dans les zones rurales, concernant particulièrement les seniors. En quelques années, l’initiative s’est déjà implantée dans plusieurs villes françaises et a accompagné un grand nombre de personnes âgées dans leurs démarches numériques.
Lutter contre l’isolement des personnes âgées et l’exclusion numérique
Fraternibus est un camping-car solidaire qui sillonne les villes de France afin de lutter contre l’isolement des seniors d’aller à la rencontre des plus isolés et de recréer du lien quand celui-ci est rompu. Face à une société de plus en plus numérisée, l’isolement géographique rime souvent avec un isolement numérique. Les seniors sont les premiers touchés par cette fracture numérique, se retrouvant seuls à devoir gérer les démarches du quotidien.
Selon une étude des Petits Frères des Pauvres réalisée en 2018, 4 millions de personnes âgées de 60 ans et plus ne se connectent jamais à Internet, soit 27 % de cette tranche d’âge. Ainsi, pour lutter contre cet isolement numérique, les bénévoles du Secours Catholique proposent via le Fraternibus un accompagnement informatique, grâce à deux ordinateurs, un accès à Internet stable, une tablette et une imprimante. Mais pas que ! Le Fraternibus permet aux plus isolés d’avoir quelqu’un avec qui discuter, de se réunir autour d’un café, de trouver des solutions à leurs problèmes.
Un bus au service des seniors déjà présent dans plusieurs villes de France
Le Fraternibus a déjà montré l’importance de l’accompagnement numérique pour les plus isolés. À Vannes, des habitants partagent un café et des discussions, tout en obtenant de l’aide sur des sujets pratiques comme la création d’un compte en ligne ou la gestion de documents numériques. À Arles et ses alentours, le programme “Souris Cath” a été lancé afin d’accompagner les personnes dans l’apprentissage des démarches numériques quotidiennes. À Aix, des séances de “Questions pour un champion du numérique” sont organisées, afin de rendre ludique un apprentissage parfois compliqué passé un certain âge. En Bourgogne, les habitants des communes rurales comme Saint-Martin-sur-Armançon ou Vézinnes participent à des ateliers pratiques ou viennent simplement discuter.
Ces moments sont aussi l’occasion pour les bénévoles de détecter d’autres formes de besoins, qu’ils soient administratifs, sociaux ou personnels. Loin d’être une simple opération logistique, le Fraternibus devient un acteur local de proximité, en lien avec les mairies et les réseaux associatifs.
Vieillissement de la population : une fracture numérique aux multiples facettes
La fracture numérique chez les seniors se traduit par une inaccessibilité croissante à des services essentiels, allant de la santé à la gestion des droits sociaux. L’illectronisme touche 61,9 % des 75 ans et plus contre seulement 2 % des 15-24 ans, montrant qu’un âge avancé favorise cette fracture numérique. Ce chiffre s’explique de plusieurs façons :
- La peur de l’inconnu : seulement 50 % des plus de 70 ans trouvent un intérêt à Internet selon une étude du CREDOC en 2019. L’inconnu peut mener à refuser d’utiliser Internet, ce qui freine l’apprentissage du numérique.
- Un éloignement géographique : ces zones rurales peu voire pas équipées sont le plus souvent habitées par les seniors, renforçant la fracture numérique
- Les handicaps et maladies liés à la vieillesse : des problèmes de vue, d’ouïe, d’articulations rendent l’accès au web plus pénible pour ces personnes.
- Un écart générationnel trop important pour certains : ayant vécu une grande partie de leur vie sans numérique, ces personnes se sentent dépassées par les nouvelles technologies et leurs avancées incessantes.
Et même parmi les personnes équipées, beaucoup peinent encore à utiliser les outils numériques pour des tâches courantes comme la rédaction de documents, la navigation sur des sites administratifs ou la détection des cyber-escroqueries. En période de crise, comme lors de la pandémie de Covid-19, ces lacunes deviennent encore plus handicapantes, mettant en lumière la nécessité d’un accompagnement adapté.
Ainsi, des initiatives comme le Fraternibus montrent qu’il est possible de réduire la fracture numérique tout en recréant du lien social. Pourtant, les défis restent immenses. La fracture numérique ne se limite pas aux seniors : elle touche également d’autres populations vulnérables, amplifiant les inégalités dans une société toujours plus digitalisée.
Cet article a été publié par la Rédaction le