Le vieillissement n’est pas un processus linéaire, contrairement aux idées reçues. Une étude américaine publiée dans la revue Nature Aging révèle que l’on passe par deux vagues de vieillissement, à 44 ans et 60 ans. Cette recherche s’appuie sur l’analyse de 4000 échantillons sanguins et offre une cartographie inédite de l’évolution du vieillissement humain au fil de la vie. On vous explique.

- Le vieillissement s’accélère à 44 et 60 ans, selon une étude sur 4 000 profils sanguins publiée dans Nature Aging, identifiant deux pics métaboliques majeurs.
- Ces âges marquent des transitions physiologiques clés, affectant la tolérance à la caféine, aux graisses, puis au sucre, et augmentant les risques de diabète ou de troubles digestifs.
- Le microbiote intestinal joue un rôle central dans le vieillissement cognitif, via l’axe intestin-cerveau, soulignant l’importance d’une alimentation adaptée.
- Une “horloge protéomique” permet de mesurer l’âge biologique, ouvrant la voie à un dépistage précoce du vieillissement accéléré.
- Des différences notables entre hommes et femmes ont été observées dans les profils protéiques, influençant les risques liés à l’âge.

Deux pics d’accélération du vieillissement
Les chercheurs ont découvert que le vieillissement ne suit pas une progression linéaire. En analysant les profils protéomiques (c’est-à-dire les quantités relatives de diverses protéines sanguines) de 4263 personnes âgées de 18 à 95 ans, ils ont identifié trois moments clés où la composition protéique change de façon marquée : vers 34, 60 et 78 ans. Ces changements reflètent des accélérations dans le processus biologique associés au vieillissement.
Cependant, c’est autour de 44 ans et 60 ans que les changements semblent les plus significatifs sur le plan métabolique et physiologique. L’étude montre que ces âges coïncident avec des transitions majeures dans les systèmes corporels, en particulier ceux liés à la signalisation cellulaire, au processus immunitaire et au métabolisme lipidique.

À partir de 44 ans, notre organisme tolère de moins en moins la caféine, les graisses et l’alcool, quand à 60 ans c’est le sucre qui devient plus difficile à assimiler, augmentant donc les risques de diabète de type 2. Le vieillissement du système digestif à ces âges-là nous amène donc à repenser notre alimentation.
En effet, le tube digestif, souvent appelé « deuxième cerveau« , contient des centaines de millions de neurones constituant le système nerveux entérique. Ce réseau neuronal est en lien étroit avec le cerveau via l’axe intestin-cerveau, jouant un rôle dans la régulation de l’humeur, des fonctions cognitives, et même du développement de certaines maladies neurodégénératives comme Alzheimer.
Une signature biologique du vieillissement
L’étude a utilisé des techniques de profilage à grande échelle pour identifier une “horloge protéomique” du vieillissement. Ce modèle permet de prédire l’âge biologique des individus à partir de leur composition protéique. Les déviations entre l’âge biologique et l’âge chronologique révèlent un vieillissement accéléré ou ralenti.
Par exemple, un individu de 44 ans peut présenter un profil protéomique similaire à celui d’une personne significativement plus âgée, suggérant un vieillissement accéléré, un indicateur potentiel de futurs risques pour la santé. À l’inverse, certains individus plus âgés présentaient des profils plus jeunes biologiquement, ce qui ouvre des perspectives en matière de médecine préventive et de suivi du vieillissement. Le vieillissement est donc aussi et surtout une question de mode de vie

Des différences selon le sexe
Un autre aspect clé de l’étude est la différence entre hommes et femmes. Malgré un vieillissement relativement similaire entre les deux sexes, les signatures protéiques diffèrent notablement. Sur les plus de 1300 protéines analysées, près de 900 présentaiet des différences significative selon le sexe. Cela pourrait expliquer en partie pourquoi certaines maladies liées à l’âge affectent différemment les hommes et les femmes.
Vers un dépistage précoce du vieillissement accéléré
En révélant ces deux phases d’accélération du vieillissement, cette étude pourrait transformer la manière dont on évalue la santé à long terme. L’identification d’un vieillissement prématuré dès 44 ans, bien avant l’apparition de maladies chroniques, pourrait permettre d’initier des stratégies de prévention ciblées.

Ainsi, il pourrait y avoir un intérêt à développer des tests sanguins de routine, capables d’évaluer l’âge biologique. Cela pourrait servir à ajuster les traitements, à anticiper les risques et à personnaliser les conseils de santé publique.
Cette étude marque une avancée significative dans la compréhension du vieillissement humain. Ces découvertes pourraient donc permettre d’ouvrir la voie à une nouvelle ère de la médecine préventive.
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