Aujourd’hui en France, une très large majorité des personnes âgées vivent à domicile. Quand cela devient trop difficile, la seule alternative perçue reste souvent l’entrée en EHPAD. Pourtant, une troisième voie existe et mérite toute notre attention : l’habitat intermédiaire
> L’hebdo du Vieillissement du Pr Bertrand Fougère : « Développer l’habitat intermédiaire, un enjeu de liberté et d’équité

Un constat partagé : un modèle d’habitat encore trop binaire
- 91 % des plus de 75 ans vivent à domicile, mais 61 % d’entre eux souhaiteraient une autre forme de logement si leur autonomie diminuait
- Le recours à l’EHPAD n’est pas toujours adapté aux besoins ni aux attentes des seniors qui ne relèvent pas d’un accompagnement médicalisé
- La diversité des formes alternatives (résidences autonomie, béguinages, habitats partagés, inclusifs, intergénérationnels…) reste encore trop peu connue, peu lisible et inégalement répartie sur le territoire
Pourquoi l’habitat intermédiaire est une réponse d’avenir ?
- Il permet de préserver l’autonomie dans un cadre sécurisé et accompagné
- Il favorise le lien social, facteur majeur de bien-vieillir
- Il répond à une demande croissante des personnes âgées et de leurs familles
- Il est plus flexible et plus accessible financièrement que d’autres options, s’il est bien conçu et soutenu

Des avancées politiques notables
Le gouvernement a réaffirmé le 17 juin 2025, via la ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du Handicap Charlotte Parmentier-Lecocq, l’habitat intermédiaire comme priorité stratégique pour les années à venir
La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie s’y engage fortement, à travers un soutien au développement d’offres innovantes et territorialisées.
Des études comme Consortium HILAUSENIORS ou les projets ANAP apportent des repères pour mieux comprendre les besoins et leviers à activer.
Et le financement ?
- Modèle hybride à repenser : participation des résidents, soutien public, implication du secteur privé et de l’économie sociale
- Les élus locaux, bailleurs sociaux et investisseurs doivent être accompagnés et sécurisés dans leurs projets
- L’impact social de ces habitats (prévention de la perte d’autonomie, réduction de l’isolement, .. ) constitue un argument fort pour mobiliser les financements
Habitat intermédiaire : Des pistes d’action concrètes
- Rendre l’offre lisible et visible : cartographie, plateformes locales d’information
- Simplifier l’accès aux aides et aux projets : guichet unique, ingénierie territoriale, accompagnement des porteurs
- Encourager des formes souples, inclusives et ancrées dans les territoires
- Former les acteurs (urbanisme, médico-social, élus, promoteurs) à ces nouvelles formes de logement pour anticiper les besoins
Vieillir, c’est aussi pouvoir choisir une forme de logement qui respecte nos envies, nos rythmes, nos liens et notre dignité
Et vous, quels projets inspirants connaissez-vous en matière d’habitat ?
L’hebdo du Vieillissement est une tribune régulière du Pr Bertrand Fougère

Bertrand FOUGÈRE
Professeur de Gériatrie
Pôle Vieillissement – Université / CHU ToursBertrand Fougère est Professeur de Gériatrie, depuis 2018 spécialiste reconnu dans le domaine du vieillissement et de la prise en charge des personnes âgées. Fort de son expertise, il collabore régulièrement avec les ministères de la Santé et des Solidarités pour développer des politiques de prévention et d’accompagnement innovantes. Son parcours est marqué par une participation à des initiatives structurantes visant à renforcer l’autonomie et la qualité de vie des personnes âgées, ainsi qu’à soutenir les aidants.
Cet article a été publié par la Rédaction le