[Dossier] Tout savoir sur la sarcopénie

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La sarcopénie, du grec sarx (“chair”) et penia (“pauvreté”) est une affection directement liée au vieillissement. Elle se définit par une diminution progressive et généralisée de la masse musculaire, de la force et des performances physiques. Si ce processus débute insidieusement dès la trentaine, il devient particulièrement marqué après 50. Dès cet âge, la perte musculaire s’accélère et peut atteindre 1% par an, conduisant à 70 ans à une fonte de près de la moitié du capital musculaire initial. En France, la sarcopénie touche 15% des personnes de plus de 45 ans et 50% pour les plus de 80 ans.

une sarcopénie

Quelques mots sur la sarcopénie

Longtemps considérée comme une conséquence inévitable du vieillissement, la sarcopénie est aujourd’hui reconnue comme une véritable maladie. L’Organisation Mondiale de la Santé l’a inscrite en 2016 dans la classification internationale des maladies. Elle touche déjà un Européen sur cinq de plus de 55 ans et pourrait concerner plus de 30 millions de personnes en Europe d’ici 2045. Dans un contexte de vieillissement démographique, elle constitue donc un enjeu de santé publique majeur.

Les symptômes de la sarcopénie 

La sarcopénie ne s’installe pas brutalement. Elle progresse de manière lente et sournoise, sans symptômes spectaculaires au départ. Les premiers signes sont souvent banalisés par les personnes âgées qui, au départ, n’y voient qu’une conséquence normale de leur vieillissement : 

  • Difficultés à se lever d’une chaise 
  • Essoufflements inhabituels lors de la montée des escaliers
  • Vitesse de marche ralentie
  • Fatigue musculaire exacerbée
  • Difficultés à porter des charges lourdes
  • Perte d’équilibre
  • Augmentation des chutes … 

Peu à peu, ces limitations deviennent gênantes, puis handicapantes, avec un impact direct sur l’autonomie et la qualité de vie.

Évolution et dépistage de la maladie

Le groupe de travail européen sur la sarcopénie chez la personne âgée (EWGSOP) a défini trois stades de l’évolution de la maladie

  • 1er stade : la présarcopénie, qui se caractérise par une diminution de la masse musculaire sans altération significative de la force ni de la performance.
  • 2e stade : la perte de masse associée à une perte de force ou de performance, avec un risque accru de conséquences fonctionnelles à long terme.
  • 3e stade : la sarcopénie sévère qui associe une diminution des trois paramètres (masse, force et performance), marquant une aggravation majeure du risque de dépendance, de chute, de fractures et de mortalité.
handicap douleurs aidants fauteuil roulant

Dépistage de la sarcopénie 

Pour dépister la maladie, les médecins s’appuient sur divers tests afin d’évaluer les fonctions musculaires et les performances physiques.

1. Le questionnaire SARC-F

Le premier outil utilisé en pratique est souvent le questionnaire SARC-F. Il comprend cinq questions évaluant :

  • la force musculaire (Strength), 
  • la capacité de marche avec ou sans aide (Assistance), 
  • la capacité à se lever d’une chaise (Rising), 
  • à monter des escaliers (Climbing) 
  • l’historique de chutes (Falls).

Chaque critère est noté de 0 (aucune difficulté) à 2 (difficulté importante ou impossibilité). Un score totale supérieur ou égal à 4 indique une suspicion de sarcopénie et justifie des examens complémentaires. Des études montrent que ce questionnaire présente une bonne spécificité (85%) et une valeur prédictive négative élevée (96%), ce qui permet d’écarter avec fiabilité la maladie lorsqu’il est négatif. 

Cependant, sa sensibilité reste modérée (75%) et sa valeur prédictive positive plus faible (42%), ce qui nécessite une confirmation diagnostique par d’autres tests.

2. Tests d’évaluation de la force

Le médecin peut ensuite mesurer la force musculaire à l’aide de : 

  • Un test de préhension : on serre un appareil dans la main pour évaluer la force
  • Un test de lever de chaise : il consiste à se lever et à s’asseoir cinq fois sans utiliser les bras, dans un temps limité.

3. Tests de mesure de la performance physique

Ces tests permettent de vérifier la capacité à effectuer des gestes simples : 

  • Marcher 4 mètres et mesurer le temps mis
  • Test Timed up and Go (TUG) : consiste à se lever d’une chaise, marcher 3 mètres, revenir et se rasseoir
  • Réaliser une petite série d’exercices combinant équilibre, marche et force

4. Examens plus spécialisés 

Dans certains cas, le médecin peut proposer des examens plus poussés, comme : 

  • Une analyse de la composition corporelle pour mesurer la masse musculaire
  • Un scanner, une IRM ou un DEXA (examen utilisé aussi pour la densité osseuse)
  • Une bio-indépendance qui analyse la proportion de muscle et de graisse dans le corps

Grâce à ces méthodes, il est donc possible de repérer rapidement une sarcopénie et de mettre en place des solutions, comme l’activité physique ou des ajustements alimentaires, pour préserver la force et l’autonomie.

irm examen sarcopénie

Mécanismes et facteurs de risque de la sarcopénie

La fonte musculaire liée à l’âge résulte d’un ensemble de mécanismes complexes. Elle provient d’abord d’un déséquilibre entre la synthèse et la dégradation des protéines musculaires, qui se renforce au fil du temps. Mais d’autres facteurs entrent en jeu : 

  • Une altération progressive de la commande nerveuse de la contraction musculaire
  • Une baisse des hormones anabolisantes comme la testostérone ou l’hormone de croissance
  • Le sexe, les femmes étant plus à risque avec la ménopause
  • Des apports nutritionnels insuffisants, notamment en protéines, et des carences en vitamines D, magnésium ou oméga 3
  • Des pathologies chroniques qui aggravent la perte musculaire 
  • Une neurodégénérescence liée à l’âge
  • Un manque d’activité physique

La sédentarité joue un rôle majeur dans ce processus. Plus que l’âge en lui-même, c’est le manque de sollicitation musculaire qui accélère l’atrophie. Avec l’avancée en âge, les périodes d’inactivité deviennent de plus en plus fréquentes : hospitalisations, immobilisations, convalescences… Même de courtes périodes d’alitement peuvent avoir des effets délétères durables, parfois difficiles à rattraper. 

Ainsi, la sarcopénie se nourrit de l’inactivité, créant un cercle vicieux entre perte musculaire, baisse de mobilité et aggravation de la fragilité.

Des conséquences sur la santé et l’autonomie

La sarcopénie n’est pas qu’une “simple” faiblesse musculaire : elle a des répercussions multiples sur la santé et le quotidien : 

  • Chutes et fractures : le risque multiplié par 2 si la personne souffre de sarcopénie, notamment pour les fractures du poignet et du col du fémur.
  • Perte d’autonomie : la sarcopénie est l’un des principaux facteurs de dépendance chez les personnes âgées (jusqu’à 40% des résidents en EHPAD en souffrent).
  • Complications médicales : récupération plus lente après une chirurgie ou une hospitalisation, augmentation de la mortalité chez les patients atteints de cancer (une perte de 5% de la masse musculaire augmente le risque de mortalité de 30%) ou d’insuffisance cardiaque (double le risque de mortalité).
  • Impact psychologique : Isolement, risque dépressif, perte de confiance. 
chute sarcopénie

Prévenir et traiter la sarcopénie

Si la sarcopénie est un phénomène physiologique lié à l’âge, elle n’est pas pour autant une fatalité. Des stratégies simples permettent de la prévenir et de la traiter

1. L’activité physique 

L’activité physique constitue la pierre angulaire de la lutte contre la fonte musculaire. Selon le professeur Patrick Dehail du CHU de Bordeaux, ce sont les exercices contre résistance, comme la musculation légère, l’utilisation de bandes élastiques ou encore certains mouvements de renforcement au poids du corps qui apportent les meilleurs résultats. Contrairement aux exercices d’endurance seuls (marche, natation, vélo), insuffisants pour freiner le déclin musculaire, les exercices de résistance stimulent directement les fibres et favorisent leur maintien.

Il n’est jamais trop tard pour s’y mettre : même après 70 ans, les bénéfices sont visibles dès quelques semaines d’entraînement régulier. En moyenne, après 12 à 18 semaines, la force et la puissance musculaire s’améliorent de 25 à 30%. Les gestes de la vie quotidienne peuvent aussi servir d’exercice (monter des escaliers, se lever plusieurs fois d’une chaise…)

Pour les personnes les plus fragiles, il est essentiel d’être accompagné par un kinésithérapeute ou un professionnel formé en activité adaptée afin de conformer les efforts aux capacités individuelles.

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2. Une alimentation riche en protéine

Le régime alimentaire joue un rôle tout aussi crucial. En effet, les besoins en protéines augmentent avec l’âge. Alors que les jeunes adultes ont besoin d’environ 0,8 g de protéines par kilo et par jour, les personnes âgées doivent viser entre 1 et 1,2 g/kg/jour en prévention, et jusqu’à 1,5 g en cas de fragilité ou de maladie.

Les protéines doivent être réparties sur la journée et idéalement concentrées sur le repas du midi, moment où la synthèse musculaire est la plus efficace. Viandes maigres, poissons, œufs, produits laitiers, légumineuses et protéines végétales doivent être intégrées quotidiennement.

3. Une supplémentation ciblée

En complément, certains nutriments comme la vitamine D (santé osseuse et musculaire), les oméga-3 (effet anti-inflammatoire), la créatine (amélioration force et récupération), ou encore certains acides aminés tels que la leucine ou la citrulline peuvent renforcer l’effet protecteur de l’alimentation, toujours sous avis médical. Les recherches en cours explorent également la place des protéines végétales, la chrononutrition ou encore l’influence de nouvelles hormones dans la régulation musculaire.

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Une priorité de santé publique dans une société vieillissante

La France, comme la plupart des pays développés, connaît un vieillissement rapide de sa population. En 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans. La question n’est donc plus seulement de vivre longtemps, mais de vieillir en bonne santé, avec une autonomie préservée. La sarcopénie illustre parfaitement ce défi.

La prévention doit commencer tôt, dès 50 ans, voire avant, par le maintien d’une activité physique régulière et d’une alimentation équilibrée. Prévenir la sarcopénie, c’est préserver la force, l’autonomie et la qualité de vie des seniors.

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Cet article a été publié par la Rédaction le

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