Une simple IRM du cerveau permet désormais d’estimer le rythme du vieillissement biologique

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Des chercheurs ont mis au point un outil capable de mesurer le rythme du vieillissement biologique à partir d’une seule image cérébrale. Une avancée prometteuse pour anticiper les maladies liées à l’âge.

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  • Des chercheurs ont mis au point un outil, DunedinPACNI, qui estime la vitesse du vieillissement biologique à partir d’une simple IRM du cerveau.
  • Ce biomarqueur repose sur l’analyse de 99 caractéristiques cérébrales et prédit le risque de démence, de maladies chroniques et de décès prématuré.
  • Il met aussi en évidence les inégalités sociales de santé, avec un vieillissement accéléré chez les personnes les plus défavorisées.
  • Plus précis que d’autres outils, il est compatible avec de nombreuses bases de données IRM existantes.
  • Accessible en open source sur GitHub, il pourrait devenir un outil clé dans la prévention et l’évaluation des traitements anti-âge.

Un biomarqueur cérébral pour suivre le rythme du vieillissement

Vieillir ne se fait pas au même rythme pour tout le monde. Certaines personnes déclinent plus vite que d’autres, même si elles ont le même âge. Un consortium international de chercheurs, dirigé par des équipes de l’université Duke (États-Unis) et du Dunedin Study en Nouvelle-Zélande, a mis au point un biomarqueur de nouvelle génération permettant de quantifier la vitesse du vieillissement biologique d’un individu à partir d’une seule IRM cérébrale. Nommée DunedinPACNI (Dunedin Pace of Aging Calculated From NeuroImaging), cette mesure repose sur l’analyse de 99 caractéristiques structurelles du cerveau issues d’images IRM.

Contrairement aux méthodes traditionnelles d’évaluation du vieillissement, comme les “horloges épigénétiques” ou les mesures de l’âge cérébral prédictif, le DunedinPACNI permet d’estimer la trajectoire de déclin biologique longitudinal, à savoir la vitesse à laquelle une personne vieillit, et non son âge biologique à un instant donné. Il s’agit donc d’un indicateur dynamique, formé à partir de l’évolution sur deux décennies de 19 biomarqueurs de santé mesurés sur 1 037 individus nés entre avril 1972 et mars 1973 et suivis depuis la naissance dans l’étude Dunedin.

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Un indicateur fiable et validé à grande échelle

Pour développer cet outil, les chercheurs ont entraîné un modèle informatique à reconnaître des signes de vieillissement dans le cerveau à partir d’IRM. Ce modèle analyse diverses caractéristiques du cerveau, comme l’épaisseur du cortex ou encore le volume de certaines zones. Il suffit d’une seule image pour obtenir un score indiquant si une personne vieillit plus vite que les autres.

Le DunedinPACNI a été testé dans plusieurs grandes bases de données, dont UK Biobank, ADNI et une cohorte latino-américaine. Dans tous les cas, un score élevé était lié à un vieillissement plus rapide. Par exemple, dans l’ADNI, les personnes ayant un score DunedinPACNI élevé étaient 49% plus susceptibles de développer une démence sur une période de suivi allant jusqu’à 16 ans.

Ce que dit le cerveau sur la santé du corps

Les chercheurs ont découvert que les personnes ayant un score élevé au test

  • Ont plus de troubles de la mémoire et de l’attention
  • Présentent un risque plus élevé de démence
  • Perdent plus rapidement du volume dans certaines parties du cerveau, comme l’hippocampe,
  • Se sentent en moins bonne santé
  • Souffrent plus souvent de maladie chroniques
  • Ont un risque de décès prématuré plus élevé
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Le DunedinPACNI permet également de mettre en lumière les inégalités sociales face au vieillissement. L’étude montre que les personnes ayant un niveau d’éducation ou de revenu plus faible présentent un vieillissement accéléré, tel que mesuré par l’IRM cérébrale, confirmant le lien entre désavantages socio-économiques et santé.

DunedinPACNI : Un outil complémentaire aux tests existants

Il existe déjà d’autres méthodes pour estimer le vieillissement, comme les tests ADN ou les prédictions d’âge cérébral. Mais le DunedinPACNI se montre souvent plus précis, tout en étant complémentaire. Utilisés ensemble, ces outils peuvent mieux prédire l’état de santé futur.

Autre avantage : cette méthode est directement applicable à un grand nombre de bases de données d’imagerie existantes, car elle repose uniquement sur des IRM, sans nécessité de données génétiques ou épigénétiques. Elle a également démontré sa robustesse sur des populations variées, y compris en Amérique latine, une région souvent sous-représentée dans les recherches biomédicales.

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Une piste pour agir plus tôt contre le vieillissement

Même si le DunedinPACNI n’est pour l’instant qu’un outil de recherche, ses auteurs estiment qu’il pourrait devenir un indicateur précieux dans l’évaluation de l’efficacité des traitements anti-âge ou pour identifier, dès la quarantaine, les individus à risque de développer des pathologies liées au vieillissement

Il ne remplace pas les marqueurs spécifiques de maladies, mais pourrait les compléter en fournissant une vision plus globale du processus de vieillissement.

Et maintenant ?

Le DunedinPACNI n’est pas encore utilisé en clinique, mais le code source de son algorithme est disponible en accès libre pour la communauté scientifique sur GitHub. Une diffusion qui pourrait accélérer son adoption dans les études cliniques à travers le monde et donc permettre de mieux comprendre le vieillissement, l’anticiper et pourquoi pas, le ralentir.


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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