En France, près de 2,5 millions de personnes sont touchées par la maladie d’Alzheimer, un chiffre appelé à croître dans les années à venir avec le vieillissement démographique. Pourtant, selon la Fondation Vaincre Alzheimer, jusqu’à 45% des cas pourraient être évités ou retardés en agissant sur des facteurs de risques modifiables, au premier rang desquels figure l’alimentation.

- 45 % des cas d’Alzheimer évitables ou retardés grâce à des facteurs modifiables, dont l’alimentation.
- Ce que dit la science : oméga-3 (via l’alimentation), vitamine D et réduction du sel sont bénéfiques ; huile de coco, ginkgo biloba et vin rouge n’ont pas d’effet prouvé.
- Régimes protecteurs : le régime méditerranéen et le régime MIND réduisent le risque de déclin cognitif jusqu’à 30 %.
- Le microbiote, nouvelle piste : un intestin sain, nourri par fibres et prébiotiques, pourrait protéger le cerveau.
- Un levier accessible à tous : privilégier une alimentation équilibrée, limiter les produits transformés et sensibiliser dès le plus jeune âge.

Face à la profusion de conseils nutritionnels, souvent contradictoires, la Fondation Vaincre Alzheimer publie un état des lieux scientifique, à l’occasion de la sortie de son rapport annuel sur la recherche médicale, afin d’éclairer le public et de lutter contre les idées reçues et la désinformation.
Vitamine D, oméga-3, sel… Ce que dit la science
Le rapport de la Fondation Vaincre Alzheimer analyse plusieurs nutriments souvent cités dans la prévention de la maladie d’Alzheimer, afin de démêler le vrai du faux :
- La vitamine D : Vrai
Indispensable à la santé osseuse, un taux correct de vitamine D pourrait aussi contribuer à réduire le risque de troubles cognitifs. Cependant, la supplémentation systématique reste controversée, notamment lorsque les troubles cognitifs sont déjà installés.
- Huile de coco : Faux
Malgré quelques études exploratoires, aucun effet prouvé sur le déclin cognitif n’a encore été démontré. Des essais cliniques complémentaires seront nécessaires afin de confirmer ou d’infirmer les effets de l’huile de coco sur la santé cognitive.
- Ginkgo biloba : Faux
Les essais cliniques n’ont montré aucun bénéfice protecteur de l’extrait d’arbre Ginkgo biloba contre la maladie d’Alzheimer.
- Le vin rouge
Les recherches restent contradictoires et l’alcool demeure un facteur de risque pour d’autres pathologies, notamment les cancers et les maladies hépatiques. Ainsi, l’alcool n’est pas une solution ou un traitement miracle contre la maladie d’Alzheimer, bien au contraire, puisque sa consommation régulière entraîne même une perte de connexion entre les neurones.
- Oméga-3 : Vrai… mais
Consommer des aliments riches en oméga-3, comme les poissons gras, les noix ou encore certaines huiles, réduit le risque de développer Alzheimer de 33%. En revanche, aucune étude n’a prouvé que la prise de compléments alimentaires était efficace.
- Trop de sel : Vrai
Une trop grande consommation de sel, bien connu pour ses effets sur le cœur, augmente aussi le risque de déclin cognitif, en favorisant l’hypertension et des altérations cérébrales liées à la maladie.

Alimentation et Alzheimer : des régimes protecteurs
Le régime méditerrannéen, bien connu pour ses effets protecteurs sur le cerveau, n’est pas le seul à avoir des effets positifs sur la santé cognitive. Le régime MIND aussi, gagne à se faire connaître.
Le régime méditerrannéen
Reposant sur une alimentation riche en fruits et légumes de saison, en légumineuses, céréales complètes et huile d’olive, avec peu de viande rouge et pas de produits transformés, ce régime est largement associé à une réduction du risque de déclin cognitif. Les études montrent que c’est la combinaison d’aliments protecteurs, plus que les suppléments isolés, qui agissent sur le cerveau.
Le régime MIND
Décrit pour la première fois en 2015, le régime MIND (Mediterranean-Dash Intervention for Neurodegenerative Delay) combine les bienfaits du régime méditerrannéen et celui du régime DASH (pauvre en sel et en graisses saturées). Il recommande notamment les légumes verts à feuilles, les fruits rouges, noix, thé et chocolat noir, tout en limitant les viandes rouges, les fromages gras, pâtisseries et plats ultratransformés.

Une étude française sur 16 ans a montré qu’une bonne adhésion au régime MIND était associée à 30% de risques en moins de troubles cognitifs. Toutefois, certaines études cliniques restent prudentes, appelant à des recherches supplémentaires.

Le régime MIND apparaît comme une approche prometteuse pour préserver la santé du cerveau et prévenir le déclin cognitif. Mais il faudra encore des études cliniques de grande ampleur et sur le long terme pour confirmer son efficacité et comprendre précisément ses mécanismes.
Dr Marion Lévy PdH, directrice scientifique de la Fondation Vaincre Alzheimer
Le microbiote intestinal : une piste d’avenir pour la recherche
Le microbiote intestinal, ensemble des micro-organismes vivant dans le tube digestif, interroge les scientifiques, tant l’impact de l’alimentation sur le cerveau s’avère important d’études en études. En effet, ce “deuxième cerveau” influence potentiellement les fonctions cognitives, inflammations et l’immunité.

Toute cette piste métabolique est vraiment prometteuse. Le régime méditerranéen, la prévention du diabète… tout cela contribue aussi à maintenir un microbiote en bonne santé. Ce régime apporte des fibres, des prébiotiques bénéfiques, qui nourrissent des bactéries capables de produire des acides biliaires secondaires aux effets plutôt protecteurs. Finalement, on commence à relier tous ces éléments entre eux.
Sylvie Claeysen, chercheure spécialiste du microbiote à l’Institut de Génomique Fonctionnelle à Montpellier
Les chercheurs explorent des interventions ciblées, à base de probiotiques et de prébiotiques, tout en plaidant pour des études longitudinales et des bases de données partagées, comme le projet participatif The French Gut, visant à cartographier le microbiote “sain” des Français.
Alimentation et Alzheimer : la prévention est au menu
Si l’alimentation seule ne guérit pas la maladie d’Alzheimer, elle contribue néanmoins à sa prévention, constituant un levier accessible à tous. La sensibilisation dès le plus jeune âge à l’importance d’une alimentation riche et équilibrée, limitée en sucres raffinés et produits transformés, et aussi à la vigilance face aux pesticides qui inondent nos assiettes, sont autant de leviers qui pourraient permettre de lutter durablement contre la maladie d’Alzheimer et les troubles cognitifs.
Cet article a été publié par la Rédaction le



