Face à la crise du système des retraites en Allemagne, le chancelier Friedrich Merz propose une solution : encourager les retraités à reprendre une activité professionnelle, moyennant une exonération d’impôts allant jusqu’à 2000 euros par mois. Une “solution” qui fait débat, dans un pays où l’âge de départ à la retraite est déjà fixé à 66 ans, bientôt 67.

- Allemagne : le chancelier Friedrich Merz propose d’exonérer d’impôt jusqu’à 2000 €/mois pour inciter les retraités à reprendre une activité.
- Le système des retraites allemand coûte 408 milliards d’euros en 2024, en hausse de 60 % depuis 2010, et n’est plus financé par les seules cotisations.
- L’âge légal de départ à la retraite passera à 67 ans d’ici 2031, avec des débats autour d’un possible report à 70 ans.
- Plus d’1,1 million de seniors travaillent déjà au-delà de 67 ans, souvent pour garder un rôle social autant que financier.
- Le succès de cette réforme dépendra de l’adaptation des postes et de la lutte contre la discrimination liée à l’âge sur le marché du travail.
Système des retraites allemand : la “fin de l’État providence”
Le coût des retraites en Allemagne a atteint 408 milliards d’euros en 2024, soit une hausse de 60% par rapport à 2010. Les cotisations sociales ne suffisent plus à couvrir les pensions et les retraités représentent un quart de la population allemande. Cette situation met en tension le modèle des retraites allemand, longtemps soutenu par la prospérité et compétitivité industrielle du pays.
« L’Etat providence tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est plus finançable », a annoncé Friedrich Merz fin août. Le chancelier ouvre la voie à un “automne des réformes”, pour faire face à la crise économique que subit le pays, et a bien décidé que les retraites seraient une des priorités de son gouvernement.

Entre exonération fiscale et prolongation de l’âge de départ à la retraite
Pour encourager le retour au travail des seniors, le gouvernement allemand envisage d’exonérer d’impôt jusqu’à 2000 euros par mois pour les revenus des retraités travaillant jusqu’à l’âge légal de départ à la retraite, qui sera d’ailleurs porté à 67 ans d’ici 2031, contre 66 ans actuellement.
En 2024, ils étaient plus d’1,1 million de seniors à travailler au-delà de 67 ans sur une population de 46 millions de personnes. Les motivations pour reprendre une activité dépassent souvent la simple dimension financière, avec une recherche de sens et de participation sociale.
Une commission indépendante doit proposer d’ici 2027 des réformes structurelles pour stabiliser le système des retraites. La ministre de l’Économie Katherina Reiche a également évoqué la possibilité de repousser l’âge légal de départ à la retraite à 70 ans, une option qui suscite de vives discussions entre syndicats, partis politiques et experts.
Emploi des seniors : Des postes à adapter
Le retour des seniors sur le marché du travail dépend aussi de l’adaptation des postes aux capacités des travailleurs âgés. De nombreux seniors occupent des emplois qualifiés et démontrent ponctualité, assiduité et faible absentéisme. Le défi reste pour les entreprises, dont certaines continuent de discriminer cette tranche d’âge malgré son expérience reconnue et sa productivité.

Allemagne : Un système des retraites en mutation
L’incitation fiscale aux retraités constitue une mesure pragmatique pour réduire la pression sur le système des retraites, tout en maintenant l’activité économique. Son succès dépendra toutefois de la volonté des seniors de continuer à travailler et de la capacité des entreprises à faire des efforts en matière d’inclusion et d’aménagement des lieux de travail.
Avec le vieillissement de la population et l’augmentation des dépenses de retraite, l’Allemagne mise sur l’expérience et la motivation de ses aînés pour garantir la viabilité de son modèle social.
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