Alors que le projet de loi de financement de la sécurité sociale est toujours en cours de discussion, le Collectif Je t’Aide regrette la faible considération des 11 millions d’aidants qui accompagnent un proche en perte d’autonomie, en situation de handicap ou atteint de maladie chronique. Au regard de leur contribution essentielle, le Collectif Je t’Aide alerte sur la nécessité de dédier de véritables moyens financiers à la prévention, au soutien et à l’accompagnement des aidants.
« Un système de protection sociale qui précarise les aidants »
Pour le Collectif Je t’aide, le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) n’est pas à la hauteur des enjeux actuels : le vieillissement de la population, le développement des maladies chroniques, le virage ambulatoire et le souhait de la population de vieillir à son domicile.
Il traduit aujourd’hui une « politique court-termiste » qui pense des solutions en termes d’actions curatives et non préventives. De plus, le collectif souhaite alerter sur le contexte et l’état du système de soin témoignent de problèmes systémiques : autant du côté des professionnels, qui n’ont plus les moyens de faire leur travail dans de bonnes conditions, que du côté des patients et de leurs aidants et aidantes qui n’ont pas tous accès aux soins dont ils ont besoin.
En 2030, la France comptera 30% de personnes de plus de 65 ans et un actif sur quatre sera aidant. La perte d’autonomie, pour ne citer que cet exemple, engendre des frais très élevés pour les personnes dépendantes, mais aussi pour leurs proches. Selon la DRESS, ils s’élèvent à 2 200 € par mois pour les personnes à domicile et à 2 500 € en établissement spécialisé. Aide-ménagère, garde de jour ou de nuit, livraison des repas, équipement, adaptation du logement, … Malgré les aides, le reste à charge demeure conséquent, et repose souvent sur les aidants, leur aidé n’étant pas en mesure de les régler, augmentant ainsi leur précarité.
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« L’urgence de placer la prévention au cœur du système de santé »
Le PLFSS annonce sa volonté « d’accélérer le virage de la prévention à tous les étages du système de santé ». Le Collectif Je t’Aide salue cette intention mais « qui reste un vœu pieu non accompagné de faits concrets ». Les aidants sont en plus mauvaise santé que la population globale, il est donc nécessaire qu’une attention particulière soit portée à leur santé. En effet les aidants négligent leur santé, faute de temps pour les consultations et les examens de dépistage et de moyens financiers, ce qui les conduit souvent à des situations d’épuisement, déclare le Collectif.
Au-delà de la prévention, le collectif Je t’Aide demande des moyens qui permettent de dégager du temps aux aidants, notamment pour s’occuper de leur propre santé. A ce titre, le PLFSS propose que les personnes âgées bénéficiaires de l’APA puissent avoir jusqu’à deux heures de soutien supplémentaire à domicile par des professionnels : « 2 heures c’est peu au regard des 20h consacrées chaque semaine pour 1 aidant sur 5 !«
Des mesures concernant le répit sont ainsi attendues dans le cadre du PLFSS. Par exemple, le Baluchonnage, une forme de répit à domicile longue durée par un professionnel unique, était en sursis jusqu’au 31 Décembre 2023, et le PLFSS prévoit le prolongement de l’expérimentation du baluchonnage, mais d’une année seulement. Pourtant, le baluchonnage a fait ses preuves depuis le début de son expérimentation, autant pour les aidés, que pour les aidants et les professionnels. Il est un format de relayage nécessaire et préventif à l’épuisement des aidants et dont sa pérennisation à long terme devient urgente, affirme le Collectif.
« La nécessité d’allouer des moyens spécifiquement dédiés aux aidants »
La volonté du gouvernement de “tenir compte de la préférence des Français pour le maintien à domicile” avec pour objectif de passer le « taux d’institutionnalisation » (en EHPAD) parmi les personnes en perte d’autonomie de 41 à 37 % entre 2021 et 2030 et par la création de 25 000 places de Services de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD) va nécessiter une présence accrue des aidants. De plus, bien que le gouvernement semble vouloir allouer davantage de moyens financiers à ce secteur, « quand est-il de la formation des professionnels de ce secteur à l’accompagnement des aidants ? »
Prendre soin des aidant.es devrait devenir un enjeu majeur de santé publique. Car non seulement ils pallient les dysfonctionnements du système de santé, mais ils n’ont pas les moyens adaptés pour s’occuper de leur propre santé. Les aidant.es d’aujourd’hui deviendront potentiellement les aidé.es de demain : comment réellement aider ceux qui aident ?
Corinne Benzekri, Présidente du Collectif Je t’Aide
Au-delà des mesures annoncées, le Collectif Je t’Aide réclame :
- L’augmentation des moyens dédiés aux structures et professionnels de santé, du social et du médico-social et la revalorisation de ces métiers.
- La formation des professionnels de santé, du social et du médico-social au repérage et à l’orientation des aidants quel que soit leur âge.
- La coordination des professionnels à domicile (ex : care management) doit également être soutenue financièrement pour un reste à charge nul pour les aidants.
- La création d’un bilan de santé annuel pour tous les aidants et des consultations psychologiques gratuites, dès l’annonce du diagnostic de l’aidé et tout au long du parcours
- De renforcer les plans d’aides des personnes aidées, pour permettre une réponse exhaustive et accessible financièrement à leurs besoins.
- La pérennisation du baluchonnage.
- Rendre effectif le droit au répit par le développement et la diversification des solutions de répit adaptées et de qualité et la création et le soutien aux plateformes de répit et d’accompagnement, en augmentant leurs moyens financiers et leurs ressources humaines pour qu’elles accompagnent tous les aidants et par le développement de moyens financiers pour limiter le reste à charge des aidants et des aidés
Cet article a été publié par la Rédaction le