Corée du Sud : les seniors, persona non grata dans certains cafés

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Le sujet agite les réseaux sociaux depuis plusieurs jours, en Corée du Sud un café interdit l’accès de son établissement aux clients de plus de 60 ans. Quelques lieux ont décidé d’établir des « no senior zone ». Cette pratique déjà répandue pour les enfants pourraient l’être pour les seniors. Une situation de discrimination et d’âgisme qui inquiète une partie de la population.

No Senior Zone : Agisme made in Korea !

C’est sur Internet que la polémique a émergé. Un café a installé une pancarte où l’on pouvait y lire « no senior zone ». La direction y refuse l’accès de toute personne âgée de plus de 60 ans. Malgré les réactions sur la toile, de nombreux clients de ce bar ont avoué être en accord avec la mesure. Cette décision semble justifiée pour les habitués qui affirment que les clients seniors sont trop bruyants, désagréables et qu’ils monopolisent les tables pendant des heures, en consommant très peu. L’annonce a d’autant plus offusqué les internautes en voyant un écriteau, à côté de l’interdiction d’accès aux seniors, qui autorisait les chiens guides à entrer dans le commerce

Cette mesure concerne uniquement quelques établissements du pays, mais elle pourrait se voir populariser comme c’est le cas pour les enfants. De nombreux restaurants, cafés, musées, mais aussi de nombreux bâtiments publics ont pris la décision d’interdire l’accès aux enfants. La population se montre plutôt en accord avec ce dispositif. 73% des Coréens sondés par Hankook Research ont affirmé être favorables à ces zones. Si des lois n’officialisent pas ces exclusions, l’Etat, en validant l’interdiction d’accès à des bâtiments publics cautionne que du fait de son âge on peut être légitiment exclu de la société ! La porte est ouverte à tous les excès…

Corée du Sud : les seniors oubliés

La Corée du Sud fait face actuellement au choc démographique, une situation mal anticipée dont les principales victimes sont les seniors. À la fin de l’année 2022, 66% des retraités coréens continuaient de travailler pour subvenir à leurs besoins. Ces chiffres sont la conséquence directe d’une politique retraite défaillante. Le minimum vieillesse, de 218€, ne permet pas de faire face à la plus forte inflation qu’ait connu le pays depuis 1998 et à la crise financière asiatique. Il faut ajouter à cela, une forte pauvreté et précarité des seniors. Dans un rapport datant de 2022, l’Organisation de coopération et de développement économique estimait que 52% des Sud-Coréens de 66 ans et plus y vivent sous le seuil de pauvreté. Ce taux est trois fois supérieur à celui des autres pays développés.

Senior coréen perception de classe

La situation économique actuelle ne devrait pas s’améliorer en Corée du Sud. Un décalage notable est souligné entre le système de retraite en place et la réalité économique du pays. Initialement mis en place en 1988, lorsque le pays connaissait une croissance économique florissante, le système sud-coréen n’a pas anticipé les changements démographiques et la baisse de la population. En 2022, la Corée du Sud a enregistré son plus faible taux de natalité, avec seulement 0,82 enfant par femme. Selon l’OCDE, d’ici à 2050, elle pourrait compter 5 millions d’habitants en moins, avec une augmentation significative de la population âgée.

Face à cette situation, les économistes s’accordent sur la nécessité de repousser l’âge de départ à la retraite. Cette réforme viserait à garantir le financement des retraites et à pourvoir les postes vacants qui se multiplieront. Le gouvernement sud-coréen explore des solutions pour relancer la natalité, mais envisage également d’adopter une politique d’immigration.


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Cet article a été publié par la Rédaction le


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