À l’approche de l’avant-première de l’expérience immersive « Dans la peau de Laëtitia, salariée aidante », nous avons rencontré Élodie Marchat, directrice de l’Institut 4.10. Cette formation inédite en réalité virtuelle, en collaboration avec le Lab OCIRP Autonomie et produit par Reverto, ambitionne de sensibiliser les entreprises et leurs collaborateurs à la réalité souvent invisible des salariés aidants. Un enjeu humain, organisationnel et sociétal majeur, qui appelle à de nouvelles pratiques.

> Une initiative immersive inédite, coproduite avec Reverto et avec le soutien du Lab OCIRP Autonomie, pour sensibiliser à la réalité des salariés aidants.

Pouvez-vous nous présenter l’Institut 4.10 et ses missions ?

L’Institut 4.10 tire son nom du 4 octobre 1945, date de création de la Sécurité sociale par les ordonnances du Général de Gaulle. C’est un organisme de formation né en 2016 dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale qui a pour vocation de regrouper les dispositifs de formation existants en une structure unique, nationale, avec des antennes régionales.
Nous formons les 130 000 collaborateurs de la Sécurité sociale. Nos formations sont diversifiées : accueil physique et téléphonique, gestion des droits, contrôle, recouvrement des créances, management qui regroupent toutes les branches (maladie, famille, retraite, autonomie et recouvrement). Nos formations sont dispensées en présentiel, en distanciel – elles peuvent être directement organisées aussi dans les caisses.
Organisme privé à mission de service public, l’Institut 4.10 ne poursuit pas de but lucratif : il vit des recettes apportées par ses clients locaux ou nationaux. Avec 250 salariés répartis sur 15 sites régionaux, sa mission principale est claire : former les professionnels de la protection sociale, au-delà de la seule Sécurité Sociale, en incluant aussi des structures comme l’OCIRP.
Justement, comment s’est développée la collaboration avec l’OCIRP ?
Nous avons signé une convention avec l’OCIRP pour concevoir une formation sur mesure autour des salariés aidants. L’OCIRP, qui œuvre dans le champ de la prévoyance et des retraites complémentaires, nous a sollicités pour former ses adhérents. C’est un partenariat stratégique pour nous, car il nous permet de diversifier notre public au-delà des caisses traditionnelles.
Deux formateurs, l’un expert en droit du travail, l’autre en qualité de vie et conditions de travail, ont conçu une formation d’une journée avec le soutien du Lab OCIRP Autonomie. Nous y abordons la notion d’aidant, les droits existants, les dispositifs de soutien et les leviers d’action dans les négociations de branche ou d’entreprise.
Un chatbot IA a même été développé pour compiler l’ensemble des ressources juridiques et accords collectifs disponibles sur le sujet.
Comment est née l’idée du court-métrage en réalité virtuelle « Dans la peau de Laëtitia » ?
L’expérience immersive est une modalité pédagogique que nous intégrons de plus en plus. Nous l’avons déjà utilisée sur d’autres thématiques sensibles, comme la gestion des incivilités, avec des modules produits par Reverto, une société spécialisée dans les courts-métrages en réalité virtuelle à visée professionnelle.
Forts de cette première expérience, nous avons décidé de coécrire avec Reverto un scénario original, centré sur le quotidien d’une salariée aidante. Le scénario a été conçu par nos formateurs, en collaboration avec deux experts de l’aidance : Olivier Calon, président du CORERPA Île-de-France, ainsi que Marina Al Rubaee, autrice et journaliste spécialisée dans le secteur social et médico-social. Le tournage a été réalisé dans des environnements professionnels, comme une Carsat, pour ancrer l’histoire dans le réel.
Quel est le contenu et le message de cette formation immersive ?
Le court-métrage raconte l’histoire de Laëtitia, salariée dont le père vient d’avoir un AVC. Elle doit jongler entre ses responsabilités professionnelles et son rôle d’aidante. Le spectateur est plongé dans son quotidien grâce à la réalité virtuelle, puis participe à un quiz pédagogique interactif, pour mieux comprendre les ressources mobilisables et les droits existants.
L’objectif est double : faire émerger de l’empathie et déclencher une prise de conscience. De nombreux salariés ignorent qu’ils sont aidants. Trop souvent, les situations de surcharge se traduisent par des arrêts de travail. Il est essentiel de briser ce tabou, d’oser en parler à son employeur, et de mieux accompagner les collaborateurs concernés.
À qui s’adresse cette formation ?
Elle est conçue pour tous : les salariés aidants, ceux qui ne se reconnaissent pas encore comme tels, les managers, les RH, les négociateurs de branche… Chacun peut y trouver un éclairage sur les enjeux humains, organisationnels et juridiques liés à l’aidance. Le format s’adapte en fonction des publics.
Quels sont les objectifs pour le lancement du 8 juillet ?
Nous dévoilerons le film en avant-première, accessible avec ou sans casque de réalité virtuelle (sans casque, les sensations d’immersion et d’empathie en sont atténuées). L’idée est aussi de montrer que l’Institut 4.10 est capable de coproduire des formats innovants, ancrés dans le réel. Ce projet marque une nouvelle étape pour nous, et témoigne de notre capacité à innover au service de la formation professionnelle.
Et les prochaines étapes ?
Le module sera intégré à notre catalogue dès la mi-juillet. Il pourra être proposé, en fonction des différents retours clients, à d’autres partenaires.
Un dernier mot ?
« Dans la peau de Laëtitia » propose une immersion à 360° dans le quotidien d’un aidant salarié. Ce n’est pas une simple formation descendante, mais une expérience qui touche, interroge et responsabilise. Elle vise à faire évoluer les pratiques, tant chez les salariés que chez les employeurs. C’est une proposition humaine, concrète et innovante.
Cet article a été publié par la Rédaction le



