Journée nationale des aidants : retrouvez le discours de Pascale Boistard

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A l’occasion de la 7ème édition de la Journée nationale des aidants, ce jeudi 6 octobre 2016, Pascale Boistard, Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des Affaires sociales et de la Santé, se penche sur la thématique :  « Les salariés aidants : quels enjeux pour l’entreprise ? » Retrouvez son discours.

Pascale-Boistard

« Les salariés aidants : quels enjeux pour l’entreprise ? »

« Madame Laurence BRETON-KUENY (Directrice des Ressources humaines et membre du Comex du groupe Afnor),
Monsieur le Président de la Journée Nationale des Aidants (Olivier MORICE),
Mesdames et Messieurs en vos qualités respectives,

Je vous remercie de m’accueillir en cette journée nationale des aidants.

Et je tiens à vous féliciter, car depuis maintenant 7 ans, vous vous battez pour qu’enfin, on prenne conscience de leur rôle, au sein de notre société.

Cette année, vous avez choisi de mettre en avant une question primordiale : celle des aidants salariés et des nécessaires évolutions qui doivent se mettre en place, au sein des entreprises.

Car, si s’occuper d’un proche en perte d’autonomie est, pour la plupart d’entre nous, une évidence humaine, les aidants sont encore nombreux à ne pas oser en parler, au sein de leur entreprise. Pourtant, les répercussions sur leur vie quotidienne sont immenses. Et il est temps que nous en ayons, toutes et tous, conscience. Aussi bien les pouvoirs publics que les entreprises.

Ce sont près de 8 millions de personnes qui sont concernées. Au-delà des chiffres, il y a des conjoints, des parents, dont la vie bascule du jour au lendemain. Et encore une fois, ce sont les femmes les plus impactées. Elles représentent 57% des aidants. Les répercussions existent à tous les niveaux. Elles sont professionnelles, sociales, mais aussi physiques et psychologiques.

Cette journée nationale, qui rassemble l’ensemble des acteurs mobilisés, (associations, pouvoirs publics, collectivités, mutuelles, entreprises), est donc primordiale. Tant en termes de reconnaissance et de visibilité, qu’en termes d’accès à l’information et aux droits qui existent.

Les situations des aidants sont bien évidemment différentes, en fonction des âges, des degrés de perte d’autonomie et des soutiens mis en place. Pourtant, il y a aussi de nombreux points communs : manque de temps pour soi, manque de repos, risque d’épuisement, érosion des liens sociaux… Les aidants nous rappellent que jongler entre vie professionnelle et vie personnelle devient souvent un casse-tête.

C’est une véritable question de société, qui est posée à travers eux. Car demain, eu égard au vieillissement de la population, ils et elles seront encore plus nombreux à devoir s’occuper d’un proche. C’est pourquoi inventer des solutions qui soient à la fois humaines, réalistes et pragmatiques est de notre responsabilité. Pour aujourd’hui, et pour demain. Car, en dehors des cadres législatifs, ce sont les mentalités qui doivent évoluer. Aussi bien dans les entreprises que dans la société.

L’enjeu aujourd’hui, est de faire connaître leurs droits à ces nombreux aidants en activité professionnelle

Déjà, depuis l’adoption de la loi d’adaptation de la société au vieillissement, des mesures fortes ont été mises en place.

Cette loi, attendue et accueillie très favorablement par l’ensemble des acteurs a d’ores et déjà apporté des réponses juridiques et statutaires. Je rappellerai les principales mesures en direction des aidants :

La reconnaissance du statut de proche aidant, tout d’abord

Pour la première fois, une définition de l’aidant est donnée et inscrite dans la loi. Sont ainsi reconnus tous les membres de la famille exerçant ce rôle. Mais aussi les personnes ayant des liens étroits et stables, tout en n’appartenant pas à la famille.

L’aide, régulière et fréquente, peut prendre différentes formes, du ménage à la préparation des repas. De la toilette à la présence physique, en passant par l’aide financière ou morale.

Il était important de reconnaître le rôle de ces aidants, sans qui les personnes en perte d’autonomie ne pourraient vivre à domicile, qui mettent souvent leur santé, leur travail, et leur équilibre personnel en péril.

En parallèle de cette reconnaissance, la loi apporte enfin un nouveau droit social pour les aidants

D’une part, leurs besoins sont ainsi pris en compte dans le cadre de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), à travers :

Le droit au répit. Dorénavant, lorsque l’équipe médico-sociale du conseil départemental définit le plan d’aide APA de la personne âgée, elle évalue également vos besoins et peut alors mettre en place des dispositifs répondant à vos besoins de répit.

Le plan d’aide APA de la personne âgée peut ainsi être majoré jusqu’à près de 500 euros par an, au-delà des plafonds de l’APA, pour financer par exemple le recours à de l’accueil temporaire en établissement ou en accueil familial ou des heures d’aide à domicile supplémentaires. Cette mesure est entrée en vigueur le 1er mars 2016.

Le relais auprès de la personne aidée, en cas d’hospitalisation de son proche aidant. Il s’agit ici de décharger l’aidant hospitalisé, qui n’aura plus le souci de savoir qui pourrait le remplacer. C’est donc un « confort » pour celles et ceux d’entre vous qui ne comptent que sur eux-mêmes, étant seuls à prendre en charge un ou une aîné(e). Cette aide ponctuelle, dont le montant peut atteindre jusqu’à 992 euros au-delà des plafonds de l’APA, pourra ainsi servir à financer un hébergement temporaire de la personne aidée, ou un relais à domicile. Cette mesure est, elle aussi, entrée en vigueur le 1er mars 2016.

D’autre part, un assouplissement et élargissement du congé de soutien familial en congé au proche aidant est organisé par la loi ASV. Le congé est donc désormais ouvert aux aidants sans lien de parenté avec la personne qu’ils aident. Il faut néanmoins que l’aidant réside avec la personne âgée ou entretienne avec elle des liens étroits. Et qu’il vienne en aide de manière régulière et fréquente à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes et des activités de la vie quotidienne. Un décret d’application est en cours de concertation. Ce « congé de proche aidant » est une avancée majeure et une mesure de justice sociale qui était, je le sais, très attendue.

Cette mesure entrera en vigueur dès le 1er janvier 2017. A partir de cette date, les aidants salariés vont pouvoir bénéficier de ce congé, d’une période de 3 mois renouvelable.

Il était urgent que ce congé, soit mis en place, pour que les carrières de ces personnes à qui la société doit tant, ne soient pas impactées, en plus du reste

Notre époque nous pousse à inventer. Alors inventons ! De nouvelles règles au travail, de nouveaux rapports humains. Tout est permis, ayons le courage de libérer l’imagination, au service d’une société placée sous le signe du respect et du bien vieillir.

C’est dans cet état d’esprit qu’une mission sur le baluchonnage a été confiée à Madame Joëlle HUILLIER, députée de la 10ème circonscription de l’Isère.

En effet, des professionnels, des associations, des professionnels, et des établissements expérimentent depuis plusieurs années en France le dispositif de « baluchonnage » en faisant se succéder toutes les 8 à 12 heures plusieurs personnes à domicile pour respecter la législation du travail. Ce modèle, qui existe au Québec, intéresse autant qu’il effraie. C’est pourquoi la mission de Madame HUILLIER consistera, entre autres à :

  • recenser et analyser les initiatives territoriales,
  • identifier les modalités organisationnelles et de fonctionnement pertinentes, ou au contraire, celles à éviter, compte tenu des difficultés qu’elles génèrent,

Son rapport devrait m’être remis d’ici janvier 2017

La réflexion autour du bien vieillir, de la place et de la reconnaissance des aidants ainsi que de leur statut ne peuvent pas toutes être résolues uniquement par les pouvoirs publics.

Le gouvernement, vous le voyez a pris ses responsabilités. Les entreprises doivent aussi prendre leur part de cet effort et de cette adaptation.

D’abord pour des raisons humaines et d’évolution de la société. Mais aussi parce que, nous le savons : des salariés bien au travail et à qui on reconnaît l’opportunité de s’investir professionnellement tout en ayant une liberté d’organisation sont plus productifs. Plus enclins à donner le meilleur d’eux-mêmes. Et les entreprises qui l’auront compris auront une longueur d’avance sur les autres.

Voilà pourquoi cette 7ème édition de la journée nationale des aidants, placée sous la thématique des aidants en activité professionnelle est si importante. Elle permettra, je n’en doute pas, de faire prendre conscience aux salariés, aux entreprises, aux proches aidants que concilier vie professionnelle, aide et vie personnelle est possible. Et reconnu.

Je sais qu’ensemble, nous y arriverons. Nous n’avons pas le choix. Même mieux : nous avons cette formidable opportunité de repenser notre rapport au travail, notre rapport à nos aînés et au temps qui leur est consacré.

Je vous souhaite une bonne journée de réflexions et d’échanges.

Je vous remercie. »

Lire aussi : Loi ASV : retrouvez le discours de Pascale Boistard à l’occasion de la Semaine Bleue


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Cet article a été publié par la Rédaction le


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