L’association Je t’Aide dévoile son plaidoyer 2019 : « Pour qu’aider ne rime plus avec précarité »

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En raison de leur statut, les aidants sont confrontés à de nombreuses contraintes telles que la baisse de salaire ou la perte de leur emploi, les ruptures du lien social et des droits et une reconnaissance insuffisants… Et ces contraintes les mènent souvent à une situation de précarité. Après un premier plaidoyer sur la condition des aidants publié en 2018, l’association Je t’Aide continue son action en dévoilant un second rapport « Pour qu’aider ne rime plus avec précarité » ayant pour objectif de porter la parole des aidants qui ont souhaité que la lutte contre leur précarisation soit un enjeu majeur dans l’action de l’association en 2019. En parallèle, le collectif a aussi lancé une pétition pour la reconnaissance du statut d’aidant et plus de droits.

Une précarité plus que financière

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Au-delà de la précarité économique qui peut toucher les aidants, ils sont frappé par une précarité bien plus générale. Plus globalement, les aidants dénoncent un processus de « précarisation » qui débute effectivement par la précarité financière mais s’intensifie progressivement et impacte alors leur vie professionnelle et sociale, leurs projets, leur logement, leur santé et par-dessus tout, leur propre estime d’eux même. En raison de la solidarité dont ils font preuve, ils s’enlisent à leur dépends dans une certaine précarité.

De ce fait, l’association Je t’Aide lutte de façon à ce que les aidants cessent de vivre dans la précarité. Cette action consiste principalement à militer pour une égalité de droits et de chance pour les aidants.

Quatre axes majeurs

Pour réaliser ce plaidoyer, l’association à recueilli de nombreux témoignages et expertises centrés autour de quatre axes.

L’aidance : un travail gratuit et invisible

D’après les témoignages recueillis, les aidants considèrent leur aide comme un véritable travail puisqu’ils doivent coordonner les interventions à domicile, accompagner aux rendez-vous médicaux, parfois pallier au manque de professionnels de soin, assurer l’intendance de la maison, le soutien moral, les tâches administratives, la surveillance nuit et jour… Ces aidants sont nécessaire au système de solidarité français mais ne sont que peu reconnus. Pour l’association, il est nécessaire de changer de regard sur les aidants pour établir une meilleure reconnaissance de leur travail, plus de droits et une rémunération légitime qui pourrait éviter la précarisation.

Une précarité ayant des conséquences économiques et professionnelles

Le statut d’aidant peut s’avérer coûteux. D’après le baromètre CARAC, 66% des aidants dépensent en moyenne 2 049 € par an.

En dehors de cette contrainte financière, ce statut peut aussi impacter la vie professionnelle de ces personnes. Les aidants sont plus stressés, fatigués et manquent de temps. Ils sont parfois même contraints de s’absenter en dehors de leurs congés.

D’autre part, cette situation joue aussi sur la vie personnelle des aidants qui ne peuvent, encore une fois, y accorder que peu de temps. Entre le temps accordé à l’aide et à la vie professionnelle, il arrive souvent que les aidants souffrent d’une importante charge physique et mentale et plus ils consacrent de temps à l’aide plus il est difficile pour eux de conserver un rythme équilibré. Par conséquent, en retour de leur solidarité, les aidants n’obtiennent qu’une charge de travail plus importante. Parfois contraints de cesser leur activité professionnelle en dépit de leur employabilité, ils tombent alors dans l’engrenage de la précarisation, en particulier pour leur retraite.

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Un impact disproportionné de la précarité sur les femmes aidantes

Face à une situation de dépendance d’un proche, il arrive souvent que ce soit les femmes qui se dévouent pour endosser le rôle d’aidant. Ce rôle est majoritairement assimilé à un rôle féminin et peut avoir des conséquences sur l’emploi des femmes. On dénombre 58% d’aidants femmes et d’après une enquête d’Eurostat de 2005, la part des femmes salariées aidant un proche de plus de 15 ans représente le double de celle des hommes. Ceci s’explique en partie par l’écart salariale homme/femme puisque face à la perte d’autonomie d’un proche, le choix de l’aidant au sein du foyer se fait fréquemment en fonction du salaire le plus faible, qui est souvent celui de la femme. En conséquence, les femmes aidantes s’avèrent être plus touchées par la précarité.

Le témoignage d’une vie “en deçà”

L’aidance est donc une activité difficile à gérer car il faut tenter tant bien que mal de maintenir une vie stable en conciliant vie professionnelle, vie privée et rôle d’aidant. Cela peut aussi impacter, de manière plus ou moins importante, la santé de l’aidant. Ils souffrent parfois d’isolement, ce qui influe sur leur santé psychologique et physique. Ce phénomène est amplifié par la société qui, plutôt que de valoriser cette activité, la laisse dans l’ombre causant quelquefois un sentiment de honte chez l’aidant.

Des études démontrent que cette situation peut aussi avoir d’importantes répercussions sur la vie de famille des aidants. Ils doivent alors faire face à des relations perturbées, moins de disponibilité pour les enfants, des fins de journées et week-ends sacrifiés ou encore des conflits conjugaux.


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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