Dénutrition des malades à domicile : comment y faire face ?

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Que ce soit pour les personnes âgées, les malades chroniques ou les personnes fragiles, la dénutrition peut avoir de lourdes répercutions. L’hiver étant la période où le système immunitaire est affaibli et où les virus se propagent le plus, il est important pour les personnes les plus faibles de bien s’alimenter, et pour les proches des patients de surveiller les différents signes et symptômes annonçant une dénutrition. Émilie Girard, diététicienne et experte en nutrition de l’entreprise de soin à domicile Homeperf, donne ses conseils.

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Si la malnutrition entend une alimentation déséquilibrée et le manque de vitamines, de minéraux et de certains nutriments essentiels, la dénutrition signifie qu’une personne ne mange pas suffisamment en quantité, voire ne mange pas du tout. Cela a un réel effet sur le maintien physiologique et mental ainsi que le maintien de la masse musculaire, et peut engendrer rapidement de nombreux problèmes de santé, surtout chez les patients les plus faibles ou âgés suivis à domicile.

Emilie Girard-Gielen, Directrice de Développement Régional Sud-Ouest chez Homeperf donne quelques conseils pour bien s’alimenter pendant l’hiver.

Les facteurs et symptômes de la dénutrition 

Il est difficile d’évaluer le nombre total de personnes dénutries en France ; certains patients étant diagnostiqués et d’autres non. Les personnes malades à domicile dénutries sont généralement des personnes atteintes de cancers (la chimiothérapie étant particulièrement épuisante et présentant des effets secondaires comme des nausées ou des vomissements), ayant subi une lourde opération, ou encore atteintes de troubles TCA (anorexie par exemple). La perte de goût est notable chez beaucoup de malades, qui semblent moins apprécier voire sont dégoûtés par les aliments protéinés.

Ce symptôme survient essentiellement chez les personnes âgées, qui avec l’âge, voient leurs papilles gustatives modifiées et se tournent plutôt vers les produits sucrés. Généralement, ces symptômes sont associés à un isolement (même temporaire), doublé d’une perte d’autonomie, rendant difficile l’achat des courses ou la préparation des repas. Des difficultés financières, des traitements médicamenteux coupant l’appétit ou un régime restrictif (sans fibre ou sans lactose notamment), peuvent également être à l’origine d’une sous-alimentation.

Les personnes âgées peuvent également rencontrer des difficultés de mastication (problèmes de dentition, appareil dentaire), limitant la prise d’aliments. La dénutrition peut provoquer, au-delà des maux physiques, une dépression et une charge mentale supplémentaire. Les proches des patients se doivent d’être présents et d’observer tout potentiel changement, comme une perte de poids notable, des chutes et manque d’équilibre plus réguliers, ou encore une grande fatigue. 

nutrition dénutrition

Comment et avec qui prévenir et guérir la dénutrition ?

Que faire lorsqu’un patient à domicile est dénutri ? A partir du moment où une perte de poids est visible, la première chose à faire est de se rendre chez son médecin généraliste qui pourra prescrire un bilan sanguin et des examens médicaux, il peut être envisagé de faire hospitaliser le patient s’il n’a pas mangé depuis plus de 5 jours (risque de syndrome de renutrition). Plusieurs acteurs peuvent intervenir et aider les personnes dénutries. Les médecins de villes sont les premières personnes vers qui se tourner.

En prenant les principales constantes (pesée, tension etc.), ils peuvent rapidement détecter les signes de sous nutrition. Les diététiciens exerçant à l’hôpital ou à domicile peuvent également donner rapidement des évaluations et prodiguer leurs conseils pour adapter la nourriture aux pathologies et aux goûts des personnes malades, et trouver un compromis entre ce qui est bon et ce qui est facile à manger ou à digérer pour eux.

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Certains diététiciens sont disponibles pour réaliser un premier diagnostic à distance, notamment pour les personnes vivant dans les déserts médicaux. Si cela permet d’éviter aux personnes âgées d’attendre d’être dans un état sévère et de devoir être hospitalisées, elles ne sont que peu à réaliser des rendez-vous à distance. Ceci, d’autant plus que ces consultations ne sont pour la plupart pas encore prises en charge par la sécurité sociale. Cette médecine à deux vitesses représente un véritable défi pour ceux qui n’ont pas les moyens d’aller voir des spécialistes faute d’une bonne complémentaire santé. 

Lors de la convalescence des patients à domicile, la nutrition était l’élément généralement surveillé en dernier. Très longtemps, les spécialistes ne priorisaient pas la prise en charge nutritionnelle dans leurs soins, étant considérée comme un soin de support. Une approche plus globale est désormais mise en place, veillant à ce que l’état nutritionnel d’un patient arrivant au bloc soit suffisant pour éviter les risques opératoires. Si les chirurgiens sont désormais sensibilisés, ils ne sont pas tous formés, et au sein de leurs équipes, ils n’ont pas nécessairement de diététiciens dédiés. 

Même si les infirmiers et aides-soignants effectuent déjà le suivi des constantes et vérifient la quantité ingérée par la personne hospitalisée, l’idéal serait, à long terme, de créer plus d’unités transversales de nutrition passant dans chaque service hospitalier et qui proposeraient un soutien et un suivi nutritionnel avant et après opération. Une collaboration plus régulière avec des diététiciens spécialisés dans la réhabilitation nutritionnelle et prodiguant des conseils d’alimentation adaptée permettraient une meilleure cicatrisation et convalescence des personnes qui viennent de subir une opération et qui rentrent au domicile. 

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Les aliments à favoriser pendant l’hiver lorsqu’on est dénutri ou malade 

Les aliments à privilégier en cas de dénutrition sont les aliments riches en protéines et en énergie (produits laitiers, matière grasse, le beurre, la crème fraîche, le lait concentré, le gruyère râpé, le jaune d’œuf, le tapioca, les pâtes, etc.). Des collations en dehors des repas, à 10h, à 16h ou encore, avant d’aller dormir, peuvent compléter ce régime. Il est souvent plus simple d’augmenter l’apport calorique nécessaire avec des compléments alimentaires. Pendant l’hiver, la thermorégulation est plus difficile.

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Pour maintenir sa température et sa masse musculaire, il est important de favoriser des protéines, glucides, lipides, mais également l’ensemble des aliments contenants des vitamines B, C et D (poisson, agrumes, choux, brocolis, champignons etc.). Les aliments comprenant du zync (viande rouge, crustacés, fruits à coques ou légumineuses) sont à favoriser pour la prévention des virus. Une personne sous traitement et souffrant de vomissement ou de troubles du transit est à surveiller de très près, car elle perd rapidement tous ses apports nutritifs.

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Pour éviter qu’elle ne se retrouve déshydratée et/ou dénutrie trop vite, il est possible d’associer des traitements antiémétiques. Le traitement peut également passer par la cuisine de produits frais, sans odeur. Les plats en sauce, abats ayant des odeurs fortes doivent être évités. La stimulation de l’appétit se joue autour de la convivialité du repas, des couleurs et du décor de l’assiette, mais aussi de la favorisation d’une activité physique, même faible. 

Les patients chroniques sont plus sujets à la dénutrition, c’est pourquoi il faut surveiller régulièrement leur état de santé, et ne pas hésiter à consulter un spécialiste dès lors qu’une perte de poids est notable. Pour les personnes à domicile ayant eu une opération, le suivi de la nutrition avant, pendant et après l’hospitalisation est essentiel à leur convalescence. Différents aliments sont à privilégier plus que d’autres lorsqu’on est malade, et la manière dont ils sont cuisinés et présentés est très important pour favoriser l’appétit.


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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