La 3ème édition des Trophées du Grand Age s’est ouverte sur un chiffre, celui des dernières projections récemment publiées pour 2060. Dans 50 ans il y aura en France 200 000 centenaires, 2,3 Millions de personnes dépendantes et 31,2 Millions d’actifs. Nous serons donc dans un rapport d’environ 1 personne dépendante pour 15 actifs.
Plus de 800 professionnels ont répondu présents pour témoigner de leur implication dans ce secteur. Cette soirée de gala a été l’occasion non seulement de récompenser les meilleures initiatives et innovations de ces 12 derniers mois, mais aussi d’évoquer les principales thématiques du bien-vieillir : maintien à domicile, avenir des ehpad, gérontechnologies, aide aux aidants, avancées de la recherche Alzheimer, cinquième risque dépendance…
C’est quoi la dépendance ?
Ces chiffres illustrent tout l’enjeu de la prise en charge de la dépendance en France. Mais finalement c’est quoi la dépendance ?
Un micro trottoir réalisé par la société Filassistance a parfaitement montré que la dépendance est un concept flou dans l’esprit des français : dépendance à quoi ? À la cigarette ? Au travail ? Aux autres ?
Le message de Madame Roselyne BACHELOT-NARQUIN, Ministre des Solidarités et de la Cohésion Sociale, représentée ce 2 Mai au Casino de Paris par Monsieur Mohammed MALKI, Conseiller technique chargé de la politique en faveur des personnes âgées, a permis de préciser les contours du débat national sur la Dépendance :
« Face aux défis du grand âge, il est de notre responsabilité collective de construire une société ouverte et accessible à tous, une société solidaire, soucieuse de ces aînés qui lui ont tant donné.
Pour la 3e année consécutive, ces Trophées du grand âge offrent ainsi l’occasion de saluer des solutions innovantes, destinées à améliorer, à domicile comme en établissement, le bien-être, le confort, la sécurité et l’autonomie des personnes âgées, ainsi que la qualité des prises en charge.
Ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas, loin de là , de primer l’innovation pour l’innovation. Ce qui compte avant tout, ce sont les avancées que représentent, pour le quotidien des personnes âgées, ces technologies et services.(…)
Envisager le grand âge sous l’angle de la prévention des situations de dépendance, de l’innovation et du dynamisme : c’est là tout le mérite de cette soirée exceptionnelle, qui permet aussi, ne l’oublions pas, d’identifier et de partager les savoir-faire et les bonnes pratiques.
C’est précisément dans ces deux optiques que le débat national sur la dépendance a été lancé par le Président de la République : adopter une vision positive du vieillissement et promouvoir des solutions innovantes au service des personnes âgées. »
Grand Age n’est pas synonyme de dépendance
Les personnalités, les professionnels du secteur présents à l’occasion de cette 3ème édition des Trophées du Grand Age ont souhaité revenir sur l’utilisation du mot « dépendance ».
Ainsi pour le Pr François PIETTE (APHP Charles-Foix – Pdt de la SFTAG) « le mot dépendance est un mot qu’une majorité des acteurs n’aiment pas, le terme diminution de l’autonomie est par exemple préférable. »
Dans la même logique le Dr Christophe BOUTINEAU (CNP – Filassistance) critique l’utilisation d’un vocabulaire négatif,
« maintien à domicile est également un mauvais terme trop carcéral. »
Pour Geneviève LAROQUE (Présidente de la FNG) « fêter le grand âge c’est bien, c’est intéressant, mais il ne faut pas confondre grand âge et dépendance ! La plupart des gens qui ont atteint le grand âge ne sont pas dépendants. »
Il faut donc aller au delà de la dépendance, c’est de la question du vieillissement de la population dont il est question. Luc BROUSSY (EHPA Presse) précise à ce sujet « aller au delà de la question de la dépendance, c’est se poser la question de comment on va organiser notre société (le transport, l’habitat…) pour l’adapter au vieillissement. »
Gérontechnologies : des Technologies d’accompagnement
Les Trophées du Grand Age 2011 ont également été l’occasion de faire le point sur l’avancée des technologies pour l’autonomie. Mais faut-il avoir peur des Gérontechnologies ?
« Il faut arrêter de répandre la terreur, précise Geneviève LAROQUE, les technologies sont faites pour nous rendre service, et il s’agit d’apprendre à s’en servir. L’humanisation de la technique cela dépendra de ce que nous en feront. »
Et Bernard DESCARGUES (CNSA) d’ajouter au sujet des technologies qui remplaceraient l’humain : « Dans certains cas je trouve cela très bien que les technologies remplacent l’intervention des personnes, les technologies et notamment les robots peuvent pour l’aide individuelle se substituer à des taches qui pour les personnes qui les font sont lourdes et difficiles. Par ce type de substitution les technologies aident les aidants, et leur permettent de consacrer plus de temps à la relation humaine et au lien social. »
Pour Jérôme Arnaud (PDG de Doro), à propos du vivre chez soi, « le meilleur moyen de rester chez soi c’est d’en sortir
régulièrement ! C’est pour cette raison que les téléphones Doro, en plus d’être pratiques, faciles à utiliser, compatibles avec des appareillage auditifs (…) de manière à répondre aux « multi-mini handicaps » qui apparaissent avec le vieillissement (…), répondent également à un besoin sécurisant via les touches SOS au dos de chacun des appareils . »
Comment faire le tri dans toutes ces technologies ?
Le rôle des ergothérapeutes dans le choix de telle ou telle technologie est essentiel précise Hélène HERNANDEZ, vice-présidente de l’ANFE. Ceci dit les « ergothérapeutes ne sont pas là pour prescrire, mais plutôt préconiser. »
Il sera difficile de mettre en place une logique de prescription de technologies, il sera néanmoins nécessaire dans le futur de les labelliser selon le Pr François PIETTE.
C’est dans cet esprit que l’ASIPAG représentée par son Président Richard SACCONE a entrepris la rédaction d’un « label des usages et des usagers » qui devrait être prochainement présenté.
Le marché se structure donc.
Pour Luc BROUSSY ce qui est intéressant « c’est l’alliance de petites entreprises qui innovent avec des grosses entreprises qui ont la capacité d’investissement. »
L’acquisition d’INTERVOX SYSTEMES par LEGRAND en est l’exemple, et l’offre de produit domotique-téléassistance née de ce regroupement a d’ailleurs été saluée par Patrick MALLEA (CNR Santé à Domicile & Autonomie) et Michaël CARRE (Médialis).
Quel futur pour les EHPAD ?
Des différentes interventions sur cette thématique ce 2 Mai au Casino de Paris, il ressort notamment qu’il y a eu une évolution majeure dans l’esprit de la population à propos des maisons de retraites.
Ce point est évoqué par Geneviève LAROQUE pour qui il y a peu de temps encore la réaction était « je veux rester chez moi ! », alors qu’aujourd’hui il s’agit de « rester chez moi tant que je peux mais si j’en ai besoin je peux aller en institution car c’est l’endroit où je peux être mieux aider, mieux soigner que seul chez moi ».
C’est là un changement majeur de point de vue à propos des maisons de retraites. Et ceci est lié au fait que les EHPAD évoluent, de taille plus humaine elle s’ouvrent vers l’extérieur, diversifient leurs services.
A titre d’exemple de cette évolution du secteur, le SYNERPA, dans la suite de la « fête des voisins », lancera l’opération « maisons de retraites en fête » le 27 mai 2011. L’objectif est de « faire rentrer des manifestations citoyennes dans les EHPAD » précise Florence ARNAIZ-MAUME.
Alzheimer et Aide aux Aidants :
Comme chaque année, les Trophées du Grand Age ont été l’occasion de faire le point sur l’avancée de la recherche sur la maladie d’Alzheimer. Les progrès sont là , « notamment dans le domaine des bio-marqueurs permettant d’identifier très précisément la maladie d’Alzheimer Précise le Pr Bruno DUBOIS (APHP Pitié – Salpêtrière), via un examen biologique on peut aujourd’hui avoir la certitude du diagnostic. »
Concernant les traitements médicamenteux une 2ème génération de médicaments arrive, les résultats devraient être connus en 2013.
Dans l’attente d’un traitement il s’agit donc d’accompagner la maladie, l’importance des approches non médicamenteuses a notamment été soulignée par Dominique BEAUCHAMP de France Alzheimer.
Accompagner la maladie d’Alzheimer, c’est aussi accompagner les aidants au chevet des malades. Une aide aux aidants devenue aujourd’hui indispensable comme le souligne Marie-Pierre JANVRIN-POUCHAIN de la MACIF qui a mis en place le programme « Aidants & Aidés », ou encore Fréderique CINTRA-BARGAIN de Filassistance, structure de téléassistance dans laquelle a été instauré un programme d’évaluation de la situation de l’aidant afin de pouvoir leur apporter des solutions concrètes.
Et le 5ème risque ?
La thématique du 5ème risque a en fait été au coeur des discussions et interventions de chacun des intervenants de cette 3ème édition des Trophées du Grand Age. Nous retiendrons qu’à propos du financement, pour Geneviève LAROQUE, il est évident « qu’aligner d’un seul coup la situation des personnes âgées sur la situation des personnes handicapées est insupportable pour l’organisation financière du pays« .
« On a une difficulté en France, c’est le cloisonnement, ajoutera Christophe BOUTINEAU, une des difficulté de la prise en charge future de la perte d’autonomie c’est d’essayer de faire en sorte que les gens puissent se parler, puissent se coordonner les uns avec les autres. Le médical ne parle pas avec le social, le local ne parle pas avec le national. Il faut absolument désenclaver. Il faut peut être aussi laisser des structures privées s’impliquer sur ce secteur dans un partenariat public/privé. C’est ça le moteur de ce projet de loi : associer l’ensemble des acteurs et essayer de coordonner l’ensemble des bonnes volontés. »
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Cet article a été publié par la Rédaction le