[Dossier] : L’alcoolisme chez les personnes âgées

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D’après l’INPES, chez les personnes âgées de 65 à 75 ans, 65% des hommes et 33% des femmes consomment quotidiennement des boissons alcoolisées : 2,6 verres pour les hommes et 1,5 pour les femmes.

Focus sur ce fléau qui touche de plus en plus de seniors aujourd’hui.

Alcool et personnes âgées

L’addiction à l’alcool chez les seniors, un enjeu de santé publique

Ancré dans la société, l’alcool fait partie intégrante de la culture. Toutefois, la consommation d’alcool chez une personne âgée est un réel fléau qui peut encore passer inaperçu malgré ses conséquences dévastatrices.

En effet, une addiction à l’alcool est souvent peu reconnue, non traitée et sa découverte est en général tardive. D’autre part, le déni est souvent renforcé chez le sujet âgé. Il existe aussi une tendance à banaliser ces conduites d’alcoolisation, de la part de l’entourage.

Selon Senior Compagnie, « la dépendance à l’alcool peut être repérée par une association de plusieurs facteurs : problèmes psychologiques (troubles du sommeil, troubles du comportement, anxiété, asthénie…), problèmes physiques (chutes, malnutrition, démence, ostéoporose, hypertension…) et problèmes sociaux :(isolement, réduction des activités sociales, problèmes financiers…) ».

Facteurs d’alcoolisme chez les seniors

Les facteurs pouvant conduire à déclencher une addiction à l’alcool chez les personnes âgées sont nombreux et dépendent de leur histoire de vie. On considère globalement qu’il y a deux types d’alcoolisme chez les sujets âgés. Le premier concerne les personnes qui ont développé un alcoolisme plus tôt dans l’existence, et pour lesquelles le problème avec l’alcool se poursuit alors qu’elles ont pris de l’âge.

Le deuxième type concerne les personnes exemptes de problème marqué avec l’alcool jusqu’à un âge avancé, mais chez lesquelles le problème survient à l’occasion de pertes multiples (passage à la retraite, perte progressive des êtres chers), de la solitude, avec le sentiment d’inutilité, perte du sens de la vie, misère spirituelle…

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Personnes âgées souffrant d’alcoolisme : quelles prises en charge ?

Alcool et personnes âgéesD’une façon générale, il faut tenter de favoriser les contacts sociaux, évidemment dans des cercles qui ne valorisent pas la consommation d’alcool. De même, il faut encourager la personne à s’engager dans des activités qui pourront apporter du sens à son existence. En cas d’échec répété, des prises en charge « plus poussées » doivent être envisagée.

Dans ce cas, les personnes se rendent tout d’abord à une consultation en addictologie qui peut déboucher, soit sur une hospitalisation et une cure de sevrage, soit sur des traitements médicamenteux et un suivi avec un alcoologue ou un psychologue.

Pour la famille et les aidants, il ne s’agit pas non plus d’une situation facile, il est compliqué de savoir comment accompagner son parent, cela peut vite devenir lourd et pénible. Pour autant, il ne faut pas perdre de vue que la personne qui boit exprime un malaise à travers ce comportement, une détresse psychologique et il faut, dans la mesure du possible, faire intervenir rapidement des professionnels au risque de s’épuiser dans des attitudes contre-productives.

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Zoom sur l’alcool et la maladie d’Alzheimer

La prise en charge en alcoologie d’une personne âgée atteinte de troubles cognitifs est une situation particulièrement complexe dans la mesure où les troubles vont constituer un obstacle à la compréhension et à la participation de la personne.

Pour pouvoir arrêter de boire de l’alcool de façon déraisonnable, il faut avoir des capacités de raisonnement efficientes, la possibilité de s’empêcher de faire quelque chose que l’on a envie ou l’habitude de faire, comprendre quel est l’intérêt d’arrêter de boire et se projeter dans le futur afin de se rendre compte du gain que l’on va pouvoir en retirer…

Or, une personne âgée atteinte de troubles cognitifs ne peut prendre la mesure de cette addiction, ce qui remet en question la possibilité de sevrage. Dans ce type de situation, il faut s’adresser à des personnes spécialisées aussi bien des problématiques du grand âge que de l’addictologie.

Ne pas être dans le jugement

Alcool et personnes âgées

La consommation d’alcool chez les personnes âgées est peu visible et pourtant, avec l’âge, elle comprend davantage de risques et mérite toute notre attention. Les facteurs pouvant conduire à une consommation excessive d’alcool sont très variés : perte d’un proche, maladie, éloignement familial, dépression…

L’aidant ne doit en aucun cas juger le comportement ni faciliter la consommation. Si le dialogue n’est pas possible, il est important de trouver à l’extérieur des appuis (relais professionnels, centre de soin spécialisé…) pour réfléchir à la situation et éviter les idées reçues, à l’instar de « A son âge, cela ne vaut plus la peine » ; « Il a déjà tout perdu, on ne va pas lui retirer l’alcool encore en plus » ; « Si je lui en parle, il va se mettre en colère »…

Alcool et médicaments ne font pas bon ménage !

La consommation d’alcool est contre-indiquée avec la prise de médicaments délivrés sur ordonnance ou non. Les effets de l’alcool et ceux des médicaments entrent en interaction et s’en trouvent modifiés.

Alcool et personnes âgéesEn effet, l’alcool peut :

  • diminuer l’efficacité d’un médicament (antibiotique, anesthésiant, anticoagulant…),
  • potentialiser l’effet d’un médicament (somnifère, antihypertenseur…),
  • provoquer des troubles comme des nausées, des vomissements, des migraines (antibiotiques, antidiabétiques…),
  • retarder son élimination et contribuer au développement de lésions hépatiques,
  • augmenter son effet sédatif et provoquer une baisse de vigilance favorisant le risque de chutes (tranquillisant, somnifère, antidé-presseur, neuroleptique…).

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Cet article a été publié par la Rédaction le


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