Le SNOF réagit au rapport de la Cour des Comptes sur la réorganisation des soins visuels

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Le SNOF réagit au rapport de la Cour des Comptes sur la réorganisation des soins visuels et déplore les mesures préconisées, car elles ne permettront pas de réduire les délais d’attente rapidement.

Pour Thierry Bour, Président du SNOF : « Nous sommes en phase avec la Cour des Comptes sur l’objectif de réduire les délais d’attente pour un rendez-vous chez l’ophtalmologiste. Mais les mesures qu’elle propose sont en total décalage avec la réalité du terrain. Elles ne sont pas à la hauteur des enjeux en matière de santé visuelle, car elles ne tiennent pas compte de la complexité du diagnostic médical et risquent de conduire à des retards de diagnostic. Les mesures prises ces dernières années en étroite concertation entre les pouvoirs publics, le SNOF et les organisations syndicales des opticiens et des orthoptistes sont en train de porter leurs fruits. Il serait très préjudiciable de casser cette dynamique. »

Des mesures incomplètes

Le SNOF pointe des mesures incomplètes et inadaptées, pour le syndicat, la Cour des Comptes rate la cible. Le SNOF déplore des mesures qui ne pourraient porter leurs fruits, dans le meilleur des cas, que dans 5 à 10 ans et qui dessineraient un parcours de soins illisible pour le patient avec 3 professions prescriptrices (ophtalmologistes, orthoptistes et opticiens-lunetiers à bac +5). Il estime que le rapport oublie plusieurs dimensions indispensables pour réduire les délais de manière efficace et durable :

  • Le rapport ne fait aucune préconisation sur l’augmentation nécessaire d’ophtalmologistes à former, alors que le nombre actuel d’internes autorisés à passer leur diplôme en ophtalmologie est largement insuffisant. C’est d’ailleurs la raison principale des délais d’attente. Or l’addition de l’attractivité exceptionnelle de la spécialité pour les étudiants en médecine, la réforme du 3e cycle de 2017 permettant le déploiement de stages en ville, la prochaine réforme de l’E.C.N. et la remise en cause du numerus clausus, permettront certainement d’éviter la chute de 20% de la densité des ophtalmologistes projetée par la Cour des Comptes, sauf si les pouvoirs publics décidaient sciemment d’aggraver la pénurie actuelle.
  • De plus, les mesures proposées par la CDC s’inscrivent dans un temps long – avec effet à prévoir à partir de 2030, alors que la diminution importante, à partir de 2025, du nombre d’ophtalmologistes partant en retraite devrait mécaniquement améliorer la situation. Ce délai est également en décalage avec les mesures mises en place par le SNOF, notamment le déploiement à grande échelle du travail aidé qui vise à atteindre le « Zéro Délai en 2022 »
  • Le schéma proposé limite considérablement l’accès au médecin et ne tient pas compte de la complexité du diagnostic médical. Par exemple, il faut revoir plusieurs fois le patient avec divers examens avant de pouvoir diagnostiquer un glaucome. Et dans un parcours où trois professionnels interviendraient en autonomie, le patient risque de s’y perdre, avec aussi une inflation probable des coûts pour les organismes sociaux.
  • Enfin, ce rapport ignore les évolutions technologiques à venir, et l’intégration de l’intelligence artificielle dans la pratique médicale, qui permettra au médecin de gagner du temps et d’être plus polyvalent.

Pour Thierry Bour : « Notre objectif prioritaire est de favoriser l’accès aux soins, tout en tenant compte des enjeux de santé publique. Nous sommes des médecins et notre rôle est de protéger les patients. Ce rapport propose une médecine où le patient n’a plus accès directement au médecin. C’est très problématique car l’ophtalmologie est complexe et la prescription des lunettes n’en constitue qu’un des éléments : 36% des patients venus consulter pour une ordonnance de lunettes repartent avec une ordonnance pour une autre pathologie. »

Capitaliser sur les mesures qui fonctionnent

Le SNOF rappelle que plusieurs solutions sont à l’œuvre et commencent déjà à porter leurs fruits :

  • Avec la mise en place de protocoles organisationnels simples à installer.
  • La croissance rapide du travail aidé : 60% des ophtalmologistes y ont recours. L’équipe autour de l’ophtalmologiste (orthoptistes, infirmiers…) pourrait encore s’étoffer avec l’incorporation d’opticiens, sans lien avec le circuit de vente, dans un cadre qui pourrait être défini prochainement.
  • L’ouverture des stages en libéral permettant de mieux former et de répartir les futurs médecins sur le territoire.
  • Le recours à des logiciels de rendez-vous en ligne : ces outils permettent de mieux organiser les plannings, la prise en charge des urgences médicales et les demandes justifiant des délais courts.

A cela s’ajoute des dispositifs comme celui du renouvellement des lunettes chez l’opticien, élargi depuis octobre 2016, qui doit être promu auprès du grand public pour être utilisé plus largement.

Le Dr Bour explique : « Le plan actuel est en plein développement et tout changement de stratégie pourrait compromettre sa réussite. Le protocole RNO, par exemple, est entré dans le régime commun en 2018 et permettra aux ophtalmologistes de traiter plus de 100 000 patients par an, soit trois fois plus qu’actuellement… Certaines mesures ont été mises en place il y a à peine un an et les effets ne se verront que sur la 3e et 4e année. Aujourd’hui tous les signaux sont au vert pour atteindre le « Zéro délai en 2022 », soit huit ans avant le plan proposé par la Cour des Comptes ! A condition d’y mettre les moyens nécessaires. »

Thierry Bour conclut : « Contrairement à l’engagement pris par les rapporteurs de la Cour des Comptes, nous n’avons pu répondre aux arguments de la Cour dans le rapport, comme ont pu le faire la Fédération française d’assurance (FFA) et la Fédération nationale de la mutualité française (FNMF). Nous sommes prêts à faire entendre nos arguments au service de la santé publique des Français. »


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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