L’assistance à l’autonomie : entretien entre Philippe Verger, Diego Portafax, Olivier Vallée et Jérôme Pigniez

AUTRES ACTUS ET INFORMATIONS SUR : AUTONOMIE & DEPENDANCE

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Constatant que la situation et les besoins des résidents en EHPAD changent à travers les années, le CHU de Limoges s’est associé au Groupe Legrand pour mettre en place des solutions permettant de favoriser l’autonomie des personnes âgées et l’accompagnement de leur prise en charge. Voici les conclusions de l’entretien entre :

  • Philippe Verger, Directeur de la Politique Gérontologique du CHU de Limoges, Professeur associé des Universités
  • Diego Portafax, Chef des ventes Régional Investisseurs et Bureaux d’Etudes ; Legrand
  • Olivier Vallée, Direction d’Intervox, filiale du Groupe Legrand spécialisée dans le maintien à domicile
  • Jérôme Pigniez, Fondateur du portail national de la Silver économie ; SilverEco.fr

Le constat du CHU de Limoges en termes de politique gérontologique

Jérôme Pigniez

Jérôme Pigniez : Que constate le CHU en termes de politique gérontologique et de Silver économie ? Quelle est votre vision des choses ?

Philippe Verger : Aujourd’hui, on recense près de 4,3 millions d’aidants dont plus de 3 millions auprès des personnes âgées. Les perspectives mettent en évidence un déficit concernant la mobilisation autour des personnes âgées, en partie dû à des évolutions sociétales ainsi qu’un recul de l’âge de la retraite avec des jeunes seniors moins disponibles du fait de leur activité professionnelle.

Des facteurs positifs viennent cependant pondérer cette tendance comme l’amélioration de l’habitat et l’arrivée des technologies ménagères qui permettent de meilleures conditions d’hygiène et de confort de vie. Par ailleurs, le développement des gérontechnologies va participer de plus en plus au maintien de l’autonomie d’une part et à l’accompagnement de la prise en charge de la dépendance.

De plus, les politiques publiques favorisent, depuis la fin des années 70, l’intervention des services d’aide à domicile et la prise en soin des seniors effectuée à domicile à hauteur de 85% pour les plus de 80 ans.

Et en EHPAD ?

CHU de limoges

La situation est la suivante en EHPAD : les personnes sont poly pathologiques (en moyenne, elles font face à 7/8 pathologies neurologiques, cardiologiques…). En établissement, les personnes âgées sont également dans près des 2/3 des cas atteints de démences (pathologies cognitives de type Alzheimer ou autres). Cela impose aux EHPAD de s’adapter pour pouvoir apporter le meilleur accompagnement possible à ces résidents – patients.

Les EHPAD font également face à un récent glissement de la moyenne d’âge à l’entrée en institution, qui se situe aujourd’hui autour de 85 ans. Les personnes sont donc plus âgées, plus dépendantes, plus vulnérables qu’il y a 10 ou 15 ans.

Le profil type de l’entrant en EHPAD, c’est une femme très âgée, vivant seule, qui bénéficiait chez elle d’aidants familiaux périphériques et d’aidants professionnels, qui a effectué de nombreux allers-retours entre son domicile et l’Hôpital (effet « essuie-glace ») (domicile-urgence-hôpital-médecine-chirurgie), polypathologiques et en situation de perte d’autonomie.

Jérôme Pigniez : Constatez-vous de nouveaux leviers à prendre en compte, notamment via les nouvelles technologies et la croissance de la Silver économie ?

Philippe Verger

Philippe Verger : Avec ce recul sur une quinzaine d’années, nous avons réfléchi, travaillé, imaginé comment améliorer l’accompagnement des grands âgés en EHPAD.

Avant les années 80, il n’y avait peu ou pas de personnel soignant dans les maisons de retraite. Aujourd’hui, les EHPAD disposent d’équipes gériatriques pluridisciplinaires de mieux en mieux formées mais avec trop souvent un effectif insuffisant. Les gérontechnologies participent à l’optimisation de ces prises en charge.

La prévention des chutes est un bon exemple. Au niveau national, les chutes occasionnent 15 000 morts tous âges confondus. Il s’agit là d’un véritable enjeu de santé publique. Il est donc tout à fait pertinent d’étudier quand est-ce que ces chutes ont lieu ? A quel endroit ? A quel moment ? Pourquoi ? Comment les éviter ? Et quelles en sont les conséquences ?

A ce titre, nous travaillons avec Legrand sur des dispositifs qui nous permettent de diminuer le nombre de chutes en période nocturne entre le lit et les toilettes. Il va s’agir de sécuriser le parcours et d’alerter le personnel soignant. L’idée est bien évidemment d’accompagner les prises en charge et les pratiques. Non pas pour remplacer le personnel mais pour l’aider.

Lire aussi : 46% des chutes ont lieu dans la salle de bain

Le temps d’acceptation des nouvelles technologies par les établissements spécialisés

Jérôme Pigniez : Selon vous, y-a-t-il eu un temps d’acceptation relativement lent de ces nouvelles technologies pour des structures telles que les vôtres (EHPAD) ?

Portait de Diego Portafax Intervox
Diego Portafax

Philippe Verger : Quelques précautions à prendre :

  • Il faut d’abord s’approprier les nouvelles technologies : il y a une certaine pédagogie à mener au niveau du personnel, il faut les rassurer sur le fait que ces nouveaux outils ne viendront pas se substituer à eux et que ceci participeront à l’optimisation de leurs bonnes pratiques.
  • Autre chose, les EHPAD s’intéressent de plus en plus à ce type de technologies mais peuvent rencontrer des freins financiers et éthiques, d’où l’importance d’une gestion de projets, d’une anticipation stratégique et d’une communication adaptée.
  • Les personnes présentant une démence sont très nombreuses en institution (2/3 de la population en EHPAD). La technologie doit donc prendre en compte cette difficulté.

L’EHPAD de demain

Jérôme Pigniez : Lors de votre intervention à Bordeaux, vous évoquiez « l’EHPAD de demain », qu’entendez-vous par ce terme ?

Philippe Verger : L’EHPAD de demain doit répondre à la mise en œuvre d’une troisième voie d’amont et d’aval située entre le domicile et l’hôpital. Si l’on poursuit nos pratiques en matière d’hospitalisation des personnes âgées, d’ici 2040, nous serons face à l’obligation de multiplier par 2 le nombre de lits hospitaliers, ce qui n’est ni envisageable, ni souhaitable.

L’assistance à l’autonomie : un axe prioritaire pour Legrand

Olivier Vallée

Jérôme Pigniez : Pourquoi l’assistance à l’autonomie est devenue un axe prioritaire de développement chez Legrand ?

Olivier Vallée : C’est devenu un axe prioritaire car c’est une problématique mondiale, comme peut l’être la problématique de l’énergie : aujourd’hui, tous les pays sont face à des défis démographiques.

Diego Portafax : Il s’agit d’un domaine stratégique car les solutions portées ne sont pas uniquement faites sur un unique segment de marché, mais sur une offre globale : du domicile à la Résidence Services Seniors, en passant par les hôpitaux. Il y a une vraie prise en compte du groupe en termes de besoins, d’offres et de solutions.

Les solutions proposées par Legrand pour favoriser la prise en charge de la dépendance

Jérôme Pigniez : Quelles sont concrètement les solutions proposées par Legrand pour favoriser la prise en charge de la dépendance ?

Olivier Vallée : On est parti du constat qu’il y a une présence nocturne limitée en EHPAD alors que le personnel a l’obligation légale d’un passage toutes les 2 heures. On assiste à un constat frappant : personne ne sait très précisément ce qui se passe la nuit. Il était donc nécessaire de compléter ces connaissances par divers dispositifs.

Diego Portafax : Pour n’en citer que quelque uns, nous proposons :

  • Le parcours lumineux, qui aide la personne à se déplacer la nuit, en toute sécurité en assurant un éclairage automatisé. Et non agressif. Pour exemple, dès que la personne descend du lit, les détecteurs de mouvement déclenchent les lumières de façon temporisée pour qu’elles s’éteignent lorsque la personne regagne son lit.
  • L’appareillage : Legrand propose en effet, une large collection d’appareillages (Mosaic, living light, Celiane…) adaptée à tous styles architecturaux qu’il soit classique, contemporain… et répondant aux enjeux les plus élevés en terme de sécurité, bien être et confort des usagers, pour exemple la gamme Antimicrobienne dédié aux secteurs sanitaire.
  • La domotique sans fil MyHOME® Play : une solution idéale en petite rénovation, lorsqu’il n’est pas possible de tirer de câbles, ni de faire de travaux importants, pour augmenter et améliorer le confort et la sécurité des seniors à domicile.
  • La domotique MyHOME® BUS : avec cette solution, le groupe Legrand apporte des solutions pragmatiques pour rendre une maison plus confortable, plus sûre, plus respectueuse de l’environnement, accessible à tous, et en interaction avec le monde extérieur.
  • Le contrôle d’accès & détection technique : pour sécuriser l’accès dans l’habitat et assurer la sécurité des personnes et des biens à l’intérieur de leur logement en protégeant celui-ci des risques domestiques.
  • La téléassistance , Appel d’urgence : La solution incontournable pour assurer la sécurité et favoriser la qualité de vie des personnes fragilisées, âgées ou dépendantes, et ce, à domicile en permettant à une personne de pouvoir déclencher un appel d’urgence vers un plateau de téléassistance ou encore d’assurer la surveillance technique du logement (détection de fumée, de gaz, de monoxyde de carbone, surveillance de la température).
  • L’Appel Infirmier et son manipulateur magnétique : sont conformes à la norme standard VDE834-1. Ils garantissent une traçabilité sécurisée des évènements ; couplé au manipulateur magnétique), la sécurité des résidents s’en retrouve renforcée.
  • L’applique à éclairage dynamique : Dans un soucis d’apporter un nouveau confort de vie dans la chambre, Legrand propose une appliques à LED qui recrée le cycle de la lumière naturelle. Cet éclairage dynamique tend à limiter l’apparition du déphasage horaire du résident tout en contribuant à la performance énergétique au bâtiment.
  • L’actimétrie et l’errance : plusieurs systèmes de télé vigilance (monitoring de chambre, actimétrie corporelle et anti-errance)

Partant du constat que le marché de la téléassistance stagne depuis quelque temps, nous avons décidé de lancer une application smartphone dédiée aux aidants qui permet de pallier leur anxiété en apportant des informations comme l’heure du lever, l’état de la porte d’entrée (ouverte/fermée), la température du logement ,etc…


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Cet article a été publié par la Rédaction le


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